Acte II - Scène 3

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« Le rouge est une couleur primaire »

La terreur lézardait mes trippes, m'enracinait au sol, et je restai avachie au pied de la porte, ultime rempart à ma liberté, comme si j'espérais qu'elle s'ouvre par miracle. Ma raison s'effaçait à mesure qu'un effroi glacial dévorait mon esprit.

Dans un moment de discernement, la panique reprit le contrôle, je tentai d'arracher férocement mon bracelet de fer, de le faire glisser de force le long de ma main. Je le claquai de toute ma force contre le sol rocheux. La douleur vibra de ma main jusqu'à mon épaule, m'arrachant un râle de rage emprunt de frustration. 

Le coulissement de la porte au fond du sombre couloir me fit sursauter. Aussitôt, je bondis et me réfugiai dans le coin opposé de ma cellule, me recroquevillai dos au mur comme un animal en proie à son instinct de survie, le souffle court mais l'œil attentif.  

Un inconnu se dressa derrière les barreaux de bois. Les cheveux aussi bruns que ses yeux, sa carrure impressionnante se dessinait sous un uniforme foncé de soldat de Zhyun. 

« N'ayez crainte, je vous apporte votre repas. »


Je me ressaisis et osai me redresser pour m'avancer vers la porte avec prudence. Mais mes jambes tremblèrent si fort que je fis aussitôt un volte-face pénible pour m'asseoir sur mon lit.

« Vous croyez vraiment que j'ai faim ?

– Allons... Jetez-y au moins un œil... »


Un plateau glissa par la fente prévue à cet effet. L'humiliation avait rejoint le torrent d'émotions qui déferlait sur mon âme et je n'osai affronter le regard de mon interlocuteur. 

« Je sais ce qui se trame pour vous... dit-il sur un ton défait.

– Ah super...

– Ils vous arracheront les membres un par un, à commencer par...

– Arrêtez !! hurlai-je en serrant mes poings sur mes oreilles. »


Je peinais à dissimuler de violents tremblements.

« Malheureusement, je ne peux pas grand chose pour vous. Je peux seulement vous dire que personne ne reviendra avant quelques heures. Sans votre bracelet, vous pourriez facilement sortir d'ici, n'est-ce pas ?

– Sans rire ?! Vous n'auriez pas un moyen de l'enlever par hasard ?! »


Je me pliai en deux sous l'effet d'un spasme qui me brisa les entrailles.

« Le repas n'est pas appétissant... les lentilles ne sont pas de la dernière fraîcheur... et je ne vous conseille pas de manger cette viande. Néanmoins, je vous ai laissé un couteau à viande, au cas où.

– Mais allez au diable avec votre repas !

– Allons, Hirose, calmez-vous et réfléchissez un peu... Je ne peux pas faire mieux pour vous. A votre place, je préférerais perdre un bras. »


Mais qu'est-ce qu'il racontait ?! Était-il fou ou était-ce mon esprit qui sombrait ? Je le dévisageai, sidérée par l'absurdité de la conversation. Il pencha la tête en souriant.

« Quoi qu'il en soit, je vous souhaite bon courage, je suis sûr que vous avez du cran. Et s'il vous arrivait de sortir d'ici... (il tourna la tête un instant, comme s'il vérifiait que personne de l'écoutait) Jetez-vous rapidement dans la gueule du loup...

– Mais bon sang... (la douleur me tordit l'estomac) Je ne comprends rien à ce que vous dites...

– Venez manger.

L'art mérite que l'on souffre [ Jhin • League Of Legends ] (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant