« Ta vie n'avait pas de valeur avant moi »
Le corps est une sculpture fragile qui se compose et se décompose : matière et création en osmose, d'os, de chair, de muscles, de tendons, d'organes, orchestrés par la Vie, liés par le sang. Le cœur donne la cadence, ses pulsions fébriles façonnent les racines, éveillent le bourgeon. Délicates, ses coroles se déploient et s'épanouissent pour dévoiler la fleur de Lotus. Elle éclot.
Les yeux clos, je visualisais la fleur s'ouvrir sur mon cœur. Puis une seconde, une troisième. La douleur était douce.
Bien trop douce.
J'ouvris les yeux : je n'étais pas morte. Jhin était toujours penché au-dessus de moi, comme figé. Il ôta sa main de mes lèvres et se redressa.
« Tu es sublime... dit-il. »
Il tira lentement sa dague de ma poitrine et je gémis doucement.
« Vas-tu cesser de geindre ? Ce n'est qu'une égratignure... Ne gâche pas ce magnifique tableau que tu viens de m'offrir... »
De quoi parle-il ?
Il soupira bruyamment avant de se lever et alla s'asseoir dans le fauteuil face au lit. Je me relevai sur mes coudes, étourdie et grisée par la scène que je venais de vivre. Lui m'observait sans un bruit, l'air impassible sous son masque cendré. Sa tête reposait dans sa main métallique. Son regard d'ambre luisait à la lueur de la bougie qu'il venait de rallumer.
Lorsque je voulu rehausser ma robe, je découvrais avec étonnement trois magnifiques fleurs de Lotus composées de sang couvrant ma poitrine. Était-ce moi qui, sous le coup de l'émotion, avait sculpté ces fleurs de mon propre sang ? Tout cela m'avait échappé.
« Tu ne m'as pas tué ? m'étonnai-je. »
Jhin haussa les épaules.
« Il ne semblerait pas...
— Mais... tu as dis... « l'art va surgir », je n'ai pas rêvé... ?
— C'est vrai. Mais il a surgit de manière très inattendue. Tu n'es pas une simple peintre, n'est-ce pas ? »
Mon cœur pulsa frénétiquement. Que me valait ce traitement de faveur ? Était-ce un rêve ? Il n'avait même pas profité de ma confusion pour fuir. Que devais-je en déduire ?
« J'étais prête à mourir... déclarai-je.
—Je sais. C'est peut-être ce qui a retenu ma main. A moins que ton art ne m'ait éblouit. Je n'avais rien à sublimer de plus.
— ... merci.
— C'est moi qui te remercie. Je n'ai pas pour habitude de m'interrompre lorsque je commence une œuvre mais finalement tu l'as rendue plus resplendissante encore. »
Je l'écoutais tout en déposant les fleurs de sang sur le lit, troublée. Je détournai les yeux tandis que les siens ne me lâchaient pas, et rattachai ma robe précipitamment.
« Tu savais que j'étais là, pendant tes représentations ? demandai-je pour changer de sujet.
— Je n'ai jamais pu te voir, mais j'ai perçu les palpitations de ton cœur, l'excitation d'un spectateur captivé. J'accorde beaucoup d'importance à mon public, mais de surcroît, toi tu sembles... différente. Tu sembles comprendre mon Art, tu savais exactement où et quand me trouver. Je suis touché. »
Je vibrais de tout mon corps à ses douces paroles.
« Tu ne vas pas me tuer ?
— Si ton personnage devait mourir, j'aimerais jouer une partie de ce mélodrame avec toi, ma chère Hirose. Qu'en dis-tu ? »
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L'art mérite que l'on souffre [ Jhin • League Of Legends ] (Terminée)
HororUne paix fragile règne sur la région ouest de Zhyun à Ionia. Dans ses contrées reculées, une jeune peintre que la vie a dévasté se confronte au vide abyssal de son inspiration. Sur sa toile, ses médiocres ébauches n'ont d'égal que la fadeur de son â...