CHAPITRE XIII : INSTINCT DE SURVIE

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Et en deux temps trois mouvements, mon bâton le frappe de plein fouet. Mais il se laisse faire, ne bougeant pas d'un pouce.

"Adriel est mort, lui dis-je agressivement, ayant passé de la quasi-joie à un renferment défensif total.

-Déjà, tu connais mon existence. Moi qui pensais t'impressioner !... et non, je suis bien en vie.

-Comment ça ?

-Eh bien vois-tu..."

Et c'est là qu'une sorte de signal d'alarme s'active, rappelant un bruit de camion en marche arrière.

"Cache toi." Je lui obéis donc au doigt et à l'œil, enfin j'essaie. De toute façon, me cacher où ? Mais avant d'avoir pu esquisser le moindre mouvement je retrouve mes quatre membres attachée au sol, par des fils coupants comme des lames de rasoir. Je le sais car je viens d'en faire les frais, en tentant de m'extirper de ce piège. Résultat : mes bras, mes jambes, ainsi que les fils d'alliage métallique se reflétant à la lumière blanche, quasi aveuglante du soleil maculés de sang.
Je ne vois plus Adriel, pas moins que mes mystérieux agresseurs.

Puis je vois trois silhouettes encapuchonnées se rapprocher de moi, vêtues de haillons verts et noirs. Ils ont un bandeau blanc devant leur bouche, sûrement un pan de chemise anciennement arraché. Ils sont tous dotés d'une lance au bout cranté, qui ne m'inspire en toute logique aucune confiance.

"Regardez ce qu'on a trouvé là, les gars.

-Ça fera une bonne surprise pour Supérieur.

-Tu m'étonnes ! On la découpe maintenant ?

-Zik, un peu de tenue. On va surtout la ramener en un seul morceau à Supérieur.

-On a pas dit qu'il serait pas fumé, ce morceau..."

Avant que le présumé chef de ce trio incongru puisse répliquer, un cylindre noir de la taille d'un stylo, ressemblant fortement à un objet d'intention agressive et immédiate tombe du haut d'un arbre de la Nuit et roule aux pieds de l'homme de droite, "Zik". Instantanément celui-ci est baigné dans un nuage de vapeur noire, et au moment de se dissiper son corps maculé d'une étrange poussière noire se réceptionne violemment sur le sol, laissant transparaître un pan de peau d'une pâleur mortelle.

Ne laissant pas à nos mystérieux agresseurs le temps de réagir, Adriel, avec la rapidité d'un renard et la subtilité d'un murmure, les démunis d'un mouvement circulaire de leurs armes. Dans un réflexe relevant de l'instinct de survie sûrement, je bondis et plaque un des deux charognards contre le sol de plein fouet, le temps qu'Adriel transperce comme du beurre la poitrine de sa victime, qui émet une giclée de sang qui m'arrive en pleine face. Profitant de ce moment d'inattention mon adversaire me procure un coup de genou dans le ventre, le genre qui coupe le souffle. Essayant de retrouver ma respiration péniblement je le vois s'approcher de moi, la vision floue et détraquée par la puissance du choc. Mais au moment où je m'apprête à accueillir la mort dans mon esprit, contre toute attente l'homme me tend la main. Ça n'aura duré qu'une fraction de seconde car presque aussitôt une ombre fond sur lui et quand Adriel se relève, je vois le cadavre de cet étrange agresseur gisant au sol dans une flaque noire et rouge : mieux vaut ne pas savoir l'origine de cette couleur noire.

Horrifiée par ce qu'Adriel vient d'accomplir je regarde mon corps, mes vêtements, je tâte mon visage et mes cheveux sales, tâchés d'un sang qui n'est pas en intégralité le mien. Qui est-il ?

"-Viens. Il faut qu'on bouge", me dit-il avec le plus grand calme.

Et sans plus attendre je le suis et nous sortons de la Nuit, les pensées emmêlées.

T H E   O T H E R   R E A L I T Y : Quand la Fin prend le dessus Où les histoires vivent. Découvrez maintenant