CHAPITRE IV : SIMULATION

14 1 0
                                    

Le lendemain, 6h00 du matin

Cette nuit, considérant que ce qui s'était passé la veille m'avait éreintée et fatiguée, Mike m'a permis de dormir dans son lit. Il a donc pendant toute la nuit dormi sur son bureau, le trouvant apparemment confortable. Je suis levée depuis une bonne demi-heure, et j'ai enfilé la tenue règlementaire : un treillis gris, des bottes noires, et un tee-shirt moulant, blanc et chaud. Il porte l'insigne de l'Initiative Sauvetage : un prisme gris, dont le milieu est rouge avec du noir tout autour. Aujourd'hui, Mike m'attribue mon unité de combat, c'est donc ce que j'appelle « le jour J ». Ce dernier est sorti faire je ne sais quoi, et il m'a dit de l'attendre à l'intérieur le temps qu'il revienne. Cela fait maintenant une demi-heure. L'ouverture servant de porte, jusque-là fermée, se dématérialise, et ce dernier apparaît, lui aussi vêtu de la tenue règlementaire. Quand on parle du loup... Il me dit :

« -Je vois que tu es prête... Bien. On va donc tout de suite pouvoir te montrer ton unité de combat, et ainsi te donner ton programme d'entraînement.

-Vous savez déjà dans quelle unité je vais être ? je lui demande, anxieuse.

-Tu crois que j'ai fait quoi pendant cette dernière demi-heure ? Bon, viens, suis-moi. »

Voilà qui met un terme à la conversation. Je le suis donc. Nous sortons de l'appartement, et nous allons dans la cour au sol métallique. Nous arrivons devant un soldat robuste, qui n'a pas du tout l'air amical. Et quand je dis pas du tout, je pèse mes mots. Mike se charge des présentations :

« -Sacha, voici le Caporal Rakk. Il sera ton chef d'unité et ton entraîneur au combat.

Je me tourne vers le Caporal Rakk. Je sens déjà que je ne pourrai pas le caser, celui-ci.

Semblant avoir lu dans mes pensées il tourne la tête vers moi :

-Nous avons jugé juste que ce soit moi qui t'entraîne. Même si je commence déjà à apercevoir que tu ne m'aime pas vu la tête que tu fais, garde tes sentiments pour toi. Sinon ça risque de mal se passer. Es-tu prête à accepter ça ?

Malgré son ton dur, froid et tranchant, j'acquiesce.

-Bien. Soldat Lander, bienvenue dans l'Unité Snake.

---

Squale, Fylker, Moner. Ce sont les noms de famille des autres apprentis soldats, dits novices. Je ne connais rien d'autre que ça d'eux. Rakk ne veut pas de relations entre deux novices, que ce soit de l'amitié ou plus. C'est pour ça qu'il veut que chacun en connaisse le moins possible sur les autres. À chaque seconde passée en sa présence, mon dégoût envers lui ne fait qu'accroître, même si cela ne fait qu'une heure que moi et les trois autres novices sommes en sa présence. Au programme : simulation. Rakk veut nous voir prouver nos compétences de combat en tous les domaines, que ce soit avec les mains, un canon à plasma, ou un couteau comme celui de Mike, qui était apparu sur la pièce d'armure de son avant-bras droit. Rakk nous emmène dans le Bercail, puis nous arrivons à l'étage de la salle de simulation dédiée à l'unité Snake. Nous arrivons devant une porte sans poignée encadrée par de fins traits vert foncé, couleur symbole de mon unité. Notre « chef » ouvre la porte de la même manière que Mike l'a fait pour son appartement, et la porte se dématérialise. Nous entrons dans une vaste pièce vide et plongée dans le noir. Je ne vois presque rien. Rakk se plante devant nous, et commence le discours des règles à respecter, me rappelant mes cours de poney quand j'avais l'âge de quatre ans :

« -Bienvenue dans la salle de simulation de l'unité Snake, qui sera votre terrain d'entraînement presque tout le temps. Voici les règles du jeu : Tous les coups sont permis. Vous combattrez la majorité du temps des simulations, mais parfois aussi vos coéquipiers. Aujourd'hui je ne vous donne aucune indication sur comment vous battre, ce sera une séance qui testera vos capacités intuitives au combat. Vous passerez un par un, seul. Squale, tu passes en premier. Moner, tu passeras après Squale, puis ce sera au tour de Fylker. Puis au tour de Lander, qui complètera la séance. Action ! »

Suivant Rakk, nous reculons jusqu'à nous coller contre le mur du côté de la porte, laissant toute la place nécessaire à Squale, qui se place au milieu de la pièce. La lumière laisse place au noir total. Cela dure quelques secondes, puis un environnement de lumière orange représentant un terrain vague en pente grimpante apparaît, ainsi qu'un fusil d'assaut virtuel, de la même couleur. Rien ne se passe pendant quelques secondes. Puis cinq projections d'hommes armés de fusils d'assaut apparaissent, leur lumière orange scintillant dans le noir. Squale prend l'arme, et il se couche sur le « sol » en pente, qui, étonnamment, monte vraiment malgré la simulation. Encore une merveille de la technologie que je découvre au fur et à mesure de mon séjour. Allongé de cette façon, Squale n'aura qu'à baisser la tête pour éviter de se faire toucher par un des lasers virtuels, donc de se faire éliminer. L'un des soldats tourne la tête vers lui, il fait signe à ses quatre autres coéquipiers et ils se mettent en position de combat, agenouillés derrière des barrières, les armes en direction de Squale, protégés. Squale tire sur un des soldats au niveau de la tête, et la simulation se désintègre. Il reste quatre soldats. Heureux de son tir fructueux, Squale se lève, ne fait pas attention et se fait toucher par un laser, qui, même virtuel, le touche en plein cœur et lui donne une petite décharge électrique. La simulation, en même temps que Squale ait ramassé le tir en plein cœur, s'éteint d'un coup, nous plongeant dans le noir. Sans demander son reste, Rakk dit pendant que Squale revient se coller contre le mur : « Suivant ! ».

Moner, n'ayant pas de chance, se fait éliminer dès le début d'un tir dans le ventre. Fylker, plus veinard, parvient à en éliminer deux et à en toucher un troisième à l'épaule, avant de se prendre un laser virtuel en plein dans l'espace entre les côtes.

Puis c'est à mon tour. Je m'avance donc, lentement, vers le milieu de la simulation, réinitialisée par l'échec de Fylker. Je l'entends d'ailleurs rire discrètement avec le petit groupe, et je crois même discerner un petit sourire narquois sur le visage de Rakk. J'ignore tout cela, car ce n'est pas le moment de me dégonfler devant eux. Surtout pas devant Rakk. Je ne lui ferai pas ce plaisir. Et à eux non plus. Je prends le fusil d'assaut virtuel à deux mains, comme mon père me l'avait montré lorsqu'il était militaire. Je compte les munitions. Cinq. Une pour chaque ennemi. Je tâcherai donc d'en faire bon usage. Je fais un signe de tête à Rakk, et la simulation commence, les rires discrets de mes camarades en arrière-plan. N'attendant pas que les cinq hommes arrivent, je me cache derrière un contenaire, que jusque-là aucun de mes camarades n'avait remarqué, tellement leurs regards étaient rivés sur les cinq soldats virtuels. Dans un combat, la première chose à faire est de toujours analyser l'environnement qui nous entoure. Toujours. Ne perdant pas mon temps, je regarde, toujours cachée, dans le contenaire si il n'y aurait pas quelque chose d'intéressant de caché à l'intérieur. Bingo ! Par terre se trouve un bracelet orange. Je le mets sur mon avant-bras droit, et je simule un coup de poing dans le vide. Contre toute attente, mon coup de poing active une lame virtuelle, qui sort rapidement du bracelet que j'ai réussi à activer. L'adrénaline me gagne. Je me reposte derrière le contenaire, cachée. L'adrénaline monte en flèche. Je n'entends plus les bruits des rires de mes camarades tellement je suis concentrée. Je souffle, lentement. J'inspire. J'expire. Puis je me lance. Je sors de ma cachette, je désactive ma lame, puis je tire. Mon premier ennemi se désintègre. Les quatre autres simulations, alertées, se précipitent vers moi, toutes armes dehors. Je commence à courir pour échapper à leurs lasers. Je me retourne. Je vise. Je tire. Je touche. Trois ennemis. Je roule par terre, échappant de peu à un laser. Je vise, je tire, je désintègre. Deux ennemis. Mes camarades ont cessé de rire, Rakk a cessé de sourire. Je vise, je tire, mais je rate de peu. Un de mes ennemis tire dans mon canon, qui se désintègre. Je suis livrée à moi-même. Puis je me souviens de la lame. Je cours vers les deux simulations, j'esquive. Je me prends une décharge dans le bras gauche. Mais je ne m'arrête pas. Je suis à moins de deux mètres d'eux. Je les percute, leur prend leurs armes, les frappes. L'un deux sort un petit pistolet virtuel. Je déclenche ma lame, je ferme les yeux, et, prie pour qu'elle atteigne sa cible. Je fais un mouvement circulaire avec, et, pour ne pas tomber à cause de mon mouvement violent, je m'agenouille en plantant ma lame virtuelle dans le sol. Puis j'attends. Rien, pas de décharges électriques. Mais des applaudissements. J'ouvre les yeux et je relève la tête en direction des applaudissements, surprise. Tout le monde applaudit, sauf Rakk, qui affiche une mine dure comme du fer. Puis je tourne la tête en direction de la simulation, et je découvre les deux simulations affalées par terre, une entaille plutôt réalise au niveau du cou. Je n'arrive pas à y croire. J'ai gagné.     

T H E   O T H E R   R E A L I T Y : Quand la Fin prend le dessus Où les histoires vivent. Découvrez maintenant