12 Mars 2019, 8H30 DU MATIN
Je me dirige vers le réfectoire de l'orphelinat. Une fois dans la queue pour le petit-déjeuner, j'attends qu'on me serve cette sorte de « bouillie » infâme, infecte dans la bouche comme dans l'odeur, et même à regarder. C'est pour vous dire la qualité de la nourriture ici. Raison de plus pour que je veuille ficher le camp d'ici. D'ailleurs, j'ai voulu fuguer à deux reprises. Voulu. Toutes mes tentatives ont très mal tourné : La première, j'ai essayé de passer par la fenêtre de mon dortoir (sachant que je dors au premier étage), mais une de mes camarades, Cynthia, qui prend un extraordinaire plaisir à me faire souffrir, m'a plaqué au sol avec un tel boucan que je n'ai pas tardé à voir mes plans de fuite réduits à néant, alors que j'étais sur le point de passer par la lucarne, dont les battants étaient grand ouverts.
La deuxième, j'avais décidé de passer par le couloir très tard la nuit, quand les éducateurs étaient tous couchés. Mais, presque arrivée à la cage d'escalier, je me suis rendu compte que deux d'entre eux m'attendaient, exigeant des explications. Soit ils avaient dû flairer l'arnaque dès le début, soit cette saleté de Cynthia leur avait tout raconté. J'opterais plutôt pour la deuxième hypothèse. Cette sale ordure...
J'arrive vers ma table habituelle, où je mange tout le temps seule, à part quand Cynthia et sa petite bande décident de m'apporter des ennuis.
Je pose mon plateau sur ma table, du bout des doigts, et je m'assoie, mes cheveux d'un châtain clair éblouissant, brillant à la lueur dorée du soleil matinal. Je n'ai pas faim, et, de toute façon, la bouillie est répugnante. Je repense à ma mère. Et à mon père. A la balle qui lui a traversé le crâne, puis se logeant dans son cerveau, le tuant sur le coup. Je joue avec la carte SD accrochée à mon cou par un collier noir d'ambre, ce que je fais tout le temps dès que je pense à mon père...
Soudain, une voix narquoise que je ne connais que trop bien me tire de mes pensées :
« -Alors, Sacha, on est mélancolique, ce matin ?
-Casse-toi, Cynthia, je lui réponds. Toi et ta bande d'abrutis.
Je la déteste, tout autant que sa bande d'arriérés.
-Ah bon, et tu vas faire quoi ? réplique Cynthia. Me balancer des rayons lasers par les yeux, comme Superman ? »
Je la hais.
Une réplique cinglante me brûle les lèvres, mais je ne vais pas jouer à son petit jeu. Je suis beaucoup trop intelligente pour ça. Je me contente donc de la toiser d'un regard noir, m'imaginant lui tremper ses longs cheveux noirs dans de l'acide sulfurique, puis la regarder se lamenter de ses cheveux, devenus de hideuses mèches restant çà et là sur son crâne devenu chauve.
Mais elle ne veut pas en rester là. Elle s'approche donc de moi, puis, contre toute attente, fond sur moi et m'arrache mon collier tenant ma carte SD, seul souvenir de mon père.
Là, elle a dépassé les bornes.
Je me lève d'un coup. Je m'approche lentement d'elle, tremblante de rage. Elle me dit d'un ton narquois :
« -Ben alors, t'attends quoi pour venir m'arracher ce collier, hein ? »
C'est de la provocation pure et dure. Je sais que je ne dois pas céder à sa tentation, mais après tout c'est le seul souvenir de mon père.
Je fonce donc droit sur elle, tel un tigre enragé, et je lui saute dessus. Mais elle s'écarte en faisant un pas de côté, et je m'affale de tout mon long par terre. Je sens un liquide chaud couler dans ma bouche. Je saigne. Et Cynthia va payer pour ça. Je me relève donc, en chancelant, entourée par la petite foule de pensionnaires qui s'étaient agglutinés ici lors de ma chute. Je me demande bien ce que fichent les éducateurs. Mais, au moment où j'atteins Cynthia pour la frapper, un bruit de déchirure provenant de la table des éducateurs retient notre attention. Et c'est à ce moment-là que je vois une des pires visions de ma vie :
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T H E O T H E R R E A L I T Y : Quand la Fin prend le dessus
Science FictionSacha Lander est orpheline depuis l'âge de ses cinq ans. Elle déteste son orphelinat. Elle y mène une vie dure, jusqu'à que des soldats venus du futur lui sauvent la vie et lui donnent une mission : trouver l'objet à l'origine de tout, le Prisme de...