Chapitre 3

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Si l'idée de se voir priver de ses oreilles n'avait pas achevé de le reveiller l'air glacé de la nuit qui l'acceullit lorsqu'il se retrouva dehors s'en chargea.
Autour de lui se dressaient des dizaines de tentes similaires à celle qu'il venait de quitter. Faites en toiles de lin elles n'étaient ni confortables, ni esthétiques mais avaient le mérite d'abriter une section de douze soldats si ces derniers savaient correctement s'y tasser.
Sans tarder le jeune homme se mit à marcher. La lumière de la lune dans le ciel dégagé, les torches éparpillées, ainsi que les braises rougeoyantes des quelques feux qui subsistaient encore, suffisait à éclairer son chemin.
Le sol était boueux. C'était là le résultat du passage incéssant de plusieurs milliers d'hommes qui foulaient cette terre depuis maintenant plus de deux semaines.
Le jeune homme secoua la tête en soupirant d'un air las : déjà deux semaines. Deux semaines que le camp avait été installé et qu'ils attendaient. Ils attendaient un ordre, un mouvement, une parole mais rien ne venait.
La boue qui collait à ses bottes et qui freinait chacun de ses pas le força à accélérer l'allure : il ne voulait surtout pas arriver en retard.
Après quelques minutes de marche à travers le camp endormi il arriva devant une enceinte de bois faite de tronc d'arbres plantés côte à côte dans le sol et qui pointaient farouchement vers le ciel nocturne. Cette frêle défense construite à la hâte s'étendait devant tout le camp militaire qui s'entassait derrière.
Le jeune soldat longea le mur de fortune sur quelques mètres et arriva au pied d'une petite tour en bois érigée rapidement et sans soucis du moindre esthétisme, tout comme l'ensemble du mur qui lui faisait face.
Le garçon fit rouler la lance dans les doigts de sa main gauche, passa le bouclier derrière son dos grâce à une lanière de cuir et grimpa l'échelle avec hâte.
Lorsqu'il arriva en haut l'homme qui était déjà sur la plateforme se tourna vers lui.
- Ah te v'la, déclara le soldat d'une voix bourrue, j'vais enfin pouvoir aller m'pieuter.
Le garçon se redressa et s'avança vers son camarade d'arme.
- Ça bouge en face ? demanda-t-il bien qu'il connaissait déjà la réponse.
- Aussi calme qu'une mer d'huile ! Rien d'nouveau !
Le jeune soldat hocha la tête sans rien dire. Après deux semaines d'attente interminable il ne savait plus vraiment comment réagir à l'information. Devait-il être déçu, ou, au contraire, soulagé ?
- Bon allez, fit l'autre, j'vais réveiller la relève. Bon courage mon gars ! Il passa devant le garçon en lui tapant sur l'épaule et descendit l'échelle.

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