Chapitre 4

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Le jeune soldat alla poser sa lance et son bouclier quasiment trop lourd pour lui contre une des quatres poutres qui soutenaient le toit au-dessus de sa tête et s'approcha du rebord de la tour.
Il s'accouda contre la rambarde en bois et se frictiona les mains pour se réchauffer ; le vent qui soufflait ici, à trois mètres au-dessus du sol, était bien plus mordant qu'au milieu du camp.
Il regarda le paysage qui s'étendait devant lui. Au pied de la tour, de l'autre côté du mur, à une dixaine de mètres environ, des pieux enfoncés dans le sol, hérissaient la lande. Et quelle lande !
C'était une terre morne, humide et froide ou le brouillard et les nuages semblaient y avoir élu domicile et ou le soleil lui-même semblait l'avoir reniée. C'était un endroit sombre, presque maladif. Voilà deux semaines qu'il était là et qu'il n'avait pas vu un seul jour de beau temps.
Il y avait de quoi faire déprimer un régiment tout entier.
Tandis qu'il se réchauffait comme il pouvait, le jeune soldat distingua au loin, de l'autre côté du terrain désolé qui s'étendait sous ses yeux, des petites lumières tremblottantes qui vacillaient derrière la brume et les arbres maigrelets de la lande.
Il soupira d'un air las.
C'était la raison de leur présence ici.
Voilà pourquoi, depuis deux semaines ils pietinnaient dans la boue avec pour seule envie d'en découdre afin de mettre un terme à cette attente insoutenable qui leur rongaient les sangs.
Voilà pourquoi, depuis les terres du Nord jusqu'aux plaines de Phandre en passant par les forêts d'Erimon, des milliers de soldats, s'étaient rassemblés à l'appel d'un seul homme et avaient pris la route pour venir jusque dans cet endroit sinistre.
Ces lumières si frêles et si lointaines étaient la raison pour laquelle ils étaient venus faire une seule chose : la guerre.

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