Chapitre 1

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La lande était déchiquetée.
Le sol, morcelé, était jonché de cadavres. Des chevaux criblés de flèches répandaient leurs entrailles devant eux.
Le sang imbibait la terre.
Par endroit, des flammes finissaient de consumer tantôt des arbres, tantôt de simples palissades de bois enfoncées dans la boue.
Des étendards déchirés flottaient doucement au grés d'une brise légère.
Il n'y avait aucun bruit, aucun son, comme une sorte de silence assourdissant, brisé seulement par le lointain croassement des corbeaux.
Et dans ce désolant paysage, un brouillard, sorti de nul part, planait au dessus du sol. Il s'épaississait de plus en plus, minutes après minutes, comme pour dissimuler aux yeux du monde l'horreur qu'infligeait la vision du champ de bataille et pour en effacer les atrocités qui y avaient été commises.
À présent, le temps semblait s'être arrêté.
Rien ne bougeait, rien ne remuait. Seul le brouillard et la fumée continuaient de se mouvoir en d'épais volutes.
Pourtant, au loin, quelque chose semblait s'avancer entre les panaches gris et blanc dans lesquels était plongée la lande.
Une silhouette sombre et solitaire se déplaçait lentement parmi les cadavres.

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