Chapitre 2- Du Vent et du Verre

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Rhéa ne comprenait pas comment elle avait bien pu arriver sur le tapis, juste comme ça.
Enfin... comment elle était tombée dessus. Quand elle entendit les pas de sa mère dans l'escalier, elle se précipita vers son lit. Ça peut paraître comme une réaction incompréhensible, mais comment allait elle expliquer à sa mère ce qui lui était arrivé ? Elle ne l'aurait pas cru.

Elle ne se serait pas crue elle-même...

Lorsque Olivia ouvrit la porte de la chambre, Rhéa était assise sur son lit, les pieds pendants, les yeux rivés au sol. Elle répondit aux questions de sa mère en essayant de dissimuler le tremblement de sa voix. L'annonce du cauchemar ne surprit pas plus que ça la femme de 36 ans : 'Ça arrive'. Par contre, il y avait un point qu'elle ne comprenait pas.

- C'était quoi, ce bruit ?

Silence...

- Je suis tombée du lit.

Ce n'était pas un mensonge, mais elle n'avait pas dit toute la vérité.

- Tu ne t'es pas fait mal ?

- Non, ça va.

La mère observa attentivement sa fille, essayant de savoir si elle lui mentait. Mais heureusement, elle n'avait pas était blessée. Disons que le tapis avait amorti sa chute, bien qu'elle ne répondit pas cela, bien sur.

- Je t'assure que ça va. Désolée de t'avoir réveillée.

Elle jeta un coup d'oeil au petit réveil posé sur sa table de nuit :
04 37

Il leur restait encore au moins une heure de sommeil. Elles pouvaient donc retourner se coucher. C'est ce que fit Madame Ambers, après s'être assurée que Rhéa allait bien.

De nouveau seule dans la pièce, vous vous doutez bien que qu'elle n'avait aucunement l'intention de dormir. Comment aurait-elle pu ? Elle arpenta sa chambre, commençant à angoisser. Ses yeux allaient du lit au tapis. Il n'y avait aucune logique à ce qui lui arrivait. C'était impossible ! Totalement contre les lois de la physique.

Une heure passa sans qu'elle ne ferme l'oeil. N'y tenant plus, elle sortit de sa chambre, et se retrouva dans le couloir, faiblement éclairé par quelques rayons du soleil levant. Couloir au bout duquel se trouvait la chambre d'Héra. Celle-ci dormait encore. Mais une heure plus tôt, elle aussi s'était réveillée suite au cri de sa soeur.
Mais elle n'était pas allée voir si elle allait bien. Elle avait entendu sa mère monter l'escalier et était donc retournée se coucher. Ça faisait des années déjà qu'elle avait décidé de volontairement ignorer sa soeur. Ce n'est pas qu'elle ne l'aimait pas. Elle l'aimait, c'était obligé. Mais elle avait enfoui cet amour au fond de son coeur, laissant place à de l'hostilité. C'était peut être dû à de la jalousie...

Rhéa descendit doucement l'escalier, pour ne pas réveiller une deuxième fois ses parents. Elle sortit dans le jardin, essoufflée, comme si elle avait couru. Mais s'était seulement dû au fait qu'elle paniquait tellement qu'elle en oubliait de respirer.

Et là, debout dans l'herbe douce sous ses pieds nus, elle se sentit tout de suite mieux. Elle inspira longuement, en marchant entre les fleurs. Le contact des pétales et des feuilles sur ses jambes lui fit un bien fou. Comme si il lui suffisait de toucher une plante pour se sentir... revigorée.

Cependant, sa douce plénitude ne dura pas. Bien vite, le souvenir de l'événement qui s'était produit plus tôt la ratrappa. Elle essaya tant bien que mal de chasser cette préoccupation de ses pensées, puisqu'elle ne pouvait pas se l'expliquer.

De retour dans la maison, le petit déjeuner fut calme, bien que Rhéa avait l'impression que son omelette s'était changée en carton. Elle se creusait la tête pour se rapeller la source de ce sentiment violent qu'est la colère qui avait surgi durant son sommeil, en vain. C'est très courant de se réveiller et de tout de suite oublier son rêve, mais elle s'entêtait et elle y pensa jusqu'à la fin du repas, et même pendant le trajet pour l'école. Ça l'énervait de ne pas y trouver un sens. Ça l'énervait tellement qu'elle eu du mal à respirer et qu'elle... faillit trebucher sur une racine qui dépassait de la clôture d'un voisin. Rien que ça.

Une racine qui (elle en était sûre) n'avait pas était là la veille. De plus, c'était une racine assez épaisse qui ne pousse pas en une nuit, si vous voyez ce que je veux dire. Mais elle n'avait pas le temps de s'y attarder : l'école avant tout !

Mais même là-bas, elle fut distraite. Les deux premiers cours de la journée passèrent sans qu'elle n'y pait attention. Ensuite, ce fut l'heure du cours de francais. Durant tout ce temps, c'est à peine si elle avait relevé la tête. Absorbée dans ses réflexions, elle ne remarqua pas le prof de géographie sortir pour laisser la place à Mademoiselle Clara. Sa voisine de classe, Michèle dut lui donner un coup de coude pour qu'elle s'aperçoive de sa présence.

Elle marmonna un 'bonjour Mademoiselle Clara' en même temps que tous les autres, bien que pour une fois, elle voulait faire tout autre chose qu'assister à un cours de francais tant elle ne pouvait se concentrer. En se rasseyant, elle croisa le regard de son professeur et son coeur rata un battement, et elle fut saisie d'une soudaine colère.
Une seconde plus tard, sa fureur retomba aussi vite qu'elle était apparue. Mais justement, pourquoi était-elle apparue ? Évidemment, elle ne trouva aucune raison valable à ce phénomène plus qu'étrange qu'elle se torturait à comprendre. Elle fit un effort considérable pour se concentrer, mais elle finit par tourner machinalement les pages de son manuel en se questionnant une fois de plus.

Elle était si prisonnière de sa bulle qu'elle ne vit pas Mademoiselle Clara faire le tour de la classe en commençant le cours. La salle de classe en question était assez grande pour accueillir une quarantaine d'élèves. Les murs blancs étaient recouverts d'affiches que ces jeunes filles avaient faites. Dans un coin, au fond de la classe, quelques tables servaient à disposer des plantes en pots. C'était un projet que le directeur de l'établissement avant encouragé pour embellir les salles de classe. Comme un mini jardin.
Parmi les nombreux pots, un grand vase en verre bleu contenant de belles fleurs rouges qui dégageaient une douce senteur dans la pièce.

Le cours avançait sans que Rhéa n'y écoute quoique ce soit. Elle était bien trop préoccupée.

- Rhéa, quelle est la réponse à la question huit ?

Le silence répondit à la question de Mademoiselle Clara.

Les yeux dans le vague, Rhéa commençait à faire un lien entre son cauchemar et sa professeure de francais. La colère qui l'avait submergé quand elle l'avait vu était la même que dans son rêve. Était-il possible qu'elle eut fait partie de celui-ci ?

Le deuxieme appel à l'intention de Rhéa fut aussi sans réponse.

- Rhéa ?

Les élèves suivaient la scène d'un oeil amusé et curieux. Pourquoi ne répondait-elle pas ?
L'enseignante se dirigea vers l'intéressée et se posta devant elle. Toujours aucune réaction. Il faut croire qu'elle s'était déconnectée de la réalité.

Mademoiselle Clara posa une main hésitante sur l'épaule de son élève :

- Rhéa...

Les événements suivants se succédèrent à une vitesse incroyable :
Rhéa sursauta violemment.
Les fenêtres de la classe, ouvertes à cause de la chaleur, se fermèrent brusquement, comme si un vent déchaîné s'était levé.
Et le vase bleu... explosa dans un horrible bruit de verre brisé.

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