11 Décembre

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J'ignore quelle mouche l'a piqué, mais Noël s'est porté garant pour m'aider à la confection de certaines bougies. La première fois est toujours un peu maladroite quand on ne s'y connait pas. Je tente de le diriger dans chacune des étapes, forcée de constater qu'il a deux mains gauches. Il semble s'en sortir, même si le plus catastrophique reste la décoration. Cela en devient presque une insulte en notre si belle période. L'esprit de Noël est déjà bien entaché depuis quelques années – je frisonne toujours autant devant la froideur et l'hostilité des maisons en cette saison –, c'est inutile de l'insulter de la sorte.

_ Quoi ? demande Noël face à ma grimace.

_ Rassurez-moi, vous n'êtes pas sérieux ? C'est affreux. On dirait un cadeau pour la fête des mères.

Autant j'adore le chocolat chaud et les pommes vertes, autant je ne recommande pas leur combinaison. Encore moins quand on y ajoute de l'acide.

_ J'espère que vous serez plus indulgente avec vos enfants plus tard.

_ La solution est vite trouvée : je n'en veux pas. Quoiqu'il en soit, il faut être moins gourmand au niveau des paillettes.

Si la devanture du pot est totalement vide de sens, l'arrière est un parfait nid douillet pour une licorne aveugle. La tonne de couleur scintillante semble presque faire perdre l'équilibre au bocal.

_ Vous êtes sérieuse ?

_ Oui, c'est comme si le Père Noël arrivait pour tous nous massacrer.

_ Non, je parle des enfants. Vous êtes pourtant si maternante.

_ Vous semblez déçu. Vous aviez déjà préparé les faire-part du mariage ?

_ C'est ma mère qui risque d'être déçue.

Heureusement que je peux me rattacher au ridicule de la scène, car Noël est toujours aussi sérieux. D'ailleurs, il l'est encore plus lorsqu'il s'agit de plaisanter. Ce serait loin d'être dérangeant si l'adolescente en moi cessait d'extrapoler cette discussion. Ou bien de sourire timidement. Ou encore de le regarder avec des yeux de merlans fris.

Ressaisis-toi Fran ! il est censé t'insupporter.

Malgré tout, je suis incapable d'ignorer l'espèce de lueur dans son regard, ni même cette sorte de semi sourire. Tout est si indistinct et frustrant sur son visage. Comment son visage peut me paraître si chaleureux, alors que je le trouvais si froid il y a encore quelques jours ?

Ses deux cheminées finissent pas me quitter et se concentrer sur un point derrière mon épaule.

_ Axelle... souffle-t-il.

Son ton n'emploie aucune exaspération. Au contraire, il est même désorienté, comme lorsqu'on recroise un ex qui nous a arraché le cœur pour le piétiner, le mâchouiller et le recracher ensuite.

La femme qui vient d'entrer est tout simplement magnifique. Son visage harmonieux est encadré par de longues boucles blondes lui tombant jusqu'au creux des reins.

_ Bonjour Noël. Bonjour Fran.

_ Bonjour, je réponds.

Autant mon voisin semble la connaître, autant moi je ne me remets pas son visage. Je m'en serais souvenue si jamais j'avais déjà entendu un écho si doux et rassurant. Un instant, je replonge en enfance et vient me blottir contre sa voix.

L'Etincelle { Noël }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant