14 Décembre

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En arrivant devant la boutique, je suis surprise de trouver Laurent et Noël partageant une discussion et un café. Ils ne semblent même par s'apercevoir de ma présence. En m'avançant vers eux, je constate que Laurent a troqué ses vieilles chaussures trouées par des baskets à peine égratignées. Ses vêtements aussi ont changé. Loin d'être distingués et à sa taille, ils lui prêtent des airs à son voisin.

_ Hey, j'ai raté un truc on dirait.

_ Tendre Fran ! s'exclame mon ami. Tu ne m'avais pas dit que Noël était si amusant et généreux.

_ Je l'ignorais.

On ne peut pas vraiment dire qu'il fasse ses preuves avec moi.

J'affiche au nouveau meilleur ami de Laurent mon plus beau faux sourire, ce qui semble étrangement l'amuser. J'ai vraiment raté quelque chose. C'est mon absence qui l'a autant détendu ? Noël se lève pour venir me faire face.

_ Vous allez bien ?

_ Euh...oui. Qu'est-ce que tu lui as fait ? je demande à Laurent. Tu l'as cassé.

L'homme hausse les épaules en éclatant de rire.

_ Il m'a juste expliqué la raison de votre absence. J'ai déjà été témoin des ravages de menstruations, c'est tout.

Peu importe les sujets évoqués, cet homme n'a jamais de filtre. Pour une fois, j'aime bien. Mon sourire s'élargit de plus en plus.

_ Je vous ai manqué au point que vous parliez moi ? Comme c'est mignon !

_ Bon, vous allez l'ouvrir cette boutique ?

Je l'avoue honteusement, ne pas l'entendre démentir me ravit plus que je ne l'aurais pensé.

Je nous fais entrer, tandis que Laurent reste à l'extérieur à inspecter ses nouveaux habits, un sourire large jusqu'aux oreilles. Il ressemble à un enfant émerveillé par la beauté de ses cadeaux de Noël.

_ Qu'est-ce que vous avez trafiqué tous les deux ?

_ On a ouvert votre boutique hier. (Je redresse la tête surprise). Vous n'avez jamais pensé à l'embaucher ?

Etrangement non. Enfin, cela a forcément déjà frôlé mon esprit, mais l'Etincelle ne connait qu'un faible succès. Je suis loin de rouler sur l'or, et à une époque où les prix ne cessent d'insuffler, je ne gagne que suffisamment pour vivre modestement. Je vis tout de même en colocation avec ma grand-mère et ses trois Jack Russel.

Je secoue la tête et Noël poursuit :

_ Il a vraiment assuré.

_ Vous avez vendu des Etincelles ?

_ Non, c'est votre truc ça.

J'ai du mal à me dire que je ne connais cet homme que depuis une semaine. Son arrogance m'a tant agacée que mes premiers jours en sa compagnie m'ont paru être une éternité. Aujourd'hui, je suis heureuse de le découvrir sous une nouvelle facette. Evidemment, il n'est pas démuni de son sarcasme et je suppose que ses idées reçues à mon propos sont bien ancrées. Je ne demande pas à ce qu'il m'apprécie particulièrement, mais si ma présence peut lui être supportable, alors nous nous engageons sur un bon terrain.

_ Et les vêtements, ils viennent d'où ?

_ Juste des chiffons qui traînaient depuis trop longtemps dans mes armoires.

L'Etincelle { Noël }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant