Chapitre 4 : Mon père

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Mon père était un grand brun avec une queue de cheval, fort et musclé. Il n'avait pas un seul grain de beauté sur le visage. Cette peau vierge lui allait à merveille ! Nous n'avions même pas besoin de nous parler pour nous comprendre. Un regard nous suffisait ! Il était doux, gentil, attentionné et capable d'aider ceux qu'il aimait. Quand mon père était jeune, il était cuisinier dans de grands restaurants.

Puis, au moment où je suis née, il a décidé de changer de métier, ostréiculteur sur la commune d'Arradon, près d'Auray. Celui-ci consiste à élever et à produire les huîtres, c'est un travail qui demande beaucoup de patience et de concentration. Sur la période de Noël, il travaillait beaucoup, car il y avait plein de commandes pendant les fêtes. Il pouvait commencer tôt le matin, vers cinq heures et terminer tard le soir, vers minuit. Durant ses jours de repos, il nous faisait des plats différents, chaque semaine. Il pouvait rester toute la matinée dans la cuisine pour préparer à manger. Cela sentait très bon jusqu'à ma chambre !

Jusqu'à sa maladie, c'était lui qui s'occupait de moi dans les tâches de la vie quotidienne. J'aimais bien passer ces moments avec mon père, je parlais de tout et de rien, il me réconfortait quand je n'allais pas bien. Je pouvais toujours compter sur lui, en cas de coup de mou.

Mon père bricolait beaucoup pour notre maison et pour mon frère et moi. Il avait fabriqué une rampe dans le garage, afin que j'accède au jardin plus facilement. Avec Nathan, nous avions nos chambres à nos goûts, faits par notre père. Nathan avait un lit en forme de voiture. Ma pièce était toute en bleu, car c'est ma couleur préférée. Mon père faisait tout pour que sa famille se sente bien et qu'elle ne manque de rien.

À chaque rentrée scolaire, il m'accompagnait à Kerpape pour parler avec mes référents et mon professeur principal. Quand quelque chose n'allait pas, il se faisait entendre. Il ne fallait pas que les personnes autour de moi s'occupent mal de sa fille, car sinon il se mettait en colère.

En 2014, mon père sentit une boule au niveau de sa gorge. Au début, il disait que c'était passager, mais au fur et à mesure, sa santé se dégradait. Il a pris rendez-vous chez son généraliste et après avoir fait plusieurs examens, son médecin lui a diagnostiqué un cancer de la gorge. C'était la douche froide pour notre famille. Je craignais pour lui, tous les soirs au moment d'aller me coucher, je pleurais toutes les larmes de mon corps, car j'étais triste que ça arrive à lui et pas aux autres. La vie est injuste...

Il a commencé des séances de chimiothérapie. Celles-ci font partie de l'arsenal thérapeutique pour lutter contre le cancer. L'équipe médicale la propose notamment aux patients qui présentent un risque élevé de récidive. Cependant, ce traitement n'est pas automatique face à cette maladie. Le choix de l'administrer peut dépendre de plusieurs facteurs, comme le type de tumeur, l'état de santé général, l'âge du patient et les possibles comorbidités. Il a commencé à perdre ses cheveux, j'avais mal pour lui et je ne le reconnaissais plus, j'étais habituée à le voir avec sa queue de cheval.

Il passait beaucoup de temps à l'hôpital, il rentrait un week-end de temps en temps. Quand il était à la maison, il avait un tas de machines autour de lui, notamment une alimentation. Ce sont les personnes qui ne peuvent pas manger toutes seules qui ont ce genre d'appareil. Des infirmières venaient plusieurs fois par jour, afin d'apporter des soins nécessaires à mon père et surveiller son état de santé.

Quand mon père dut rester à l'hôpital, car son état était critique, j'ai demandé une autorisation pour pouvoir aller lui rendre visite avec Josiane et Adélaïde. Elle m'a été accordée par l'institut et l'équipe médicale qui suivait mon père.

Une semaine après, j'allais le voir dans sa chambre. C'était un moment fusionnel, de complicité entre un père et sa fille dans une période difficile. Il y avait beaucoup d'amour entre nous. En même temps, c'était émouvant et à la fois glauque : un mélange d'émotions. De le voir sur son lit, malade, ça m'a rendue très triste, cependant je ne le montrais pas parce que j'étais forte et courageuse. Je craignais que ce ne soit la dernière fois que je le vis vivant.

La semaine où je n'ai pas pu lui rend visiter une dernière fois, ma mère m'a appelée en m'annonçant la sombre et mauvaise nouvelle ; mon père était décédé. C'était le 23 novembre 2015, à huit heures du matin. J'étais effondrée, anéantie par sa mort, heureusement pour moi, je n'étais pas seule. J'ai reçu de l'aide et du réconfort de la part de mes amies, Josiane et Adélaïde. Grâce à elles et aussi à mon courage, j'ai pu surmonter cette catastrophe.

Lors de son enterrement, ma famille et moi avons pleuré toutes les larmes de nos corps. À l'exception de ma mère arrivée en retard qui n'a eu aucune d'émotion d'avoir perdu son compagnon. Je trouve ça honteux de sa part ! Au moins, toutes mes référentes de Kerpape, ma professeure principale, mon équipe de foot fauteuil étaient présents pour dire au revoir à mon père.

Je remercie chaleureusement tous les gens qui sont venus soutenir ma famille à la mort de mon père. Je suis reconnaissante envers vous !

À l'heure d'aujourd'hui, cela fait six ans et demi que mon père est décédé et je n'arrive toujours pas à faire le deuil, car je vis avec un manque dans ma vie.

Ma vie pas comme les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant