Je vous ai déjà parlé du fonctionnement d'un IEM dans un précédent chapitre. Vous reconnaîtrez sans peine Kerpape dans celui de Landerneau. En revanche, c'était différent pendant le confinement. Nous étions cinq jeunes dont quatre à Landerneau et moi qui venais de Ploemeur. Les professionnels étaient moins nombreux. Il n'y avait que ceux qui voulaient travailler pour cette période particulière.
Je suis arrivée fin mars 2020 dans le Finistère. J'étais stressée à l'idée de découvrir ce lieu inconnu et de rencontrer des personnes que je ne connaissais pas. À mon arrivée, le personnel et les jeunes m'ont tout de suite mise à l'aise. Cela me rassurait. Une aide-soignante me montra ma chambre. Elle était grande, spacieuse et jolie. Ceci me réconfortait de savoir que ça serait mon endroit à moi. Ensuite les jeunes continuèrent la visite du premier étage. S'y trouvaient :
- Une grande salle d'activité avec une terrasse, une télévision, une borne de musique et un espace pour les enfants ;
- Une salle à manger, assez large pour y installer des fauteuils ;
- Des pièces pour réaliser différents ateliers ;
- Des chambres.
Puis au rez-de-chaussée :
- Un grand hall avec une énorme télévision, afin d'organiser des karaokés ;
- Des salles pour les différents groupes ;
- Une grande terrasse ;
- Un atelier bois ;
- Des espaces et des bureaux pour les rééducateurs ;
- Une grande salle à manger ;
- Une grande cuisine.
En temps normal, les jeunes internes avaient la permission d'aller dans leurs chambres à partir de dix-sept heures trente. La journée, ils étaient mélangés (externes et internes) pour suivre leur planning (rééducation, classe, activités...) Mais, durant le confinement, nous étions cantonnés à l'étage. Nous pouvions faire ce que nous voulions : télévision, ordinateur, musique... Il y avait certains repas où nous faisions des plats améliorés : barbecue, pizza, apéro dînatoire, crêpe... C'était amusant et... délicieux !
Au début, j'étais souvent dans ma chambre, rivée à mon ordinateur et à mon portable. Le directeur avait décidé de nous payer un abonnement Netflix, juste pendant le confinement. Je regardais ainsi beaucoup de films et de séries.
Au fil du temps, je sortais plus souvent de ma chambre, car je m'étais fait à cet endroit. En plus, Manola et moi sommes devenues amies. Elle avait treize ans, cheveux bruns et bouclés, taille moyenne. Nous étions tout le temps ensemble. Nous écoutions de la musique dehors, vu qu'il faisait beau. Nous regardions la télévision. Tout de suite, nous savions que nous étions faites pour être amies. Nous avions presque le même passé. C'est pour ça que nous nous entendions aussi bien. J'étais contente et rassurée de l'avoir auprès de moi, quand j'avais besoin de me confier à quelqu'un.
Quand j'avais besoin de parler, il y avait aussi les professionnels. Mais surtout deux en particulier à qui je me confiais le plus. L'une d'entre elles, qui s'appelait Laura, était infirmière, la trentaine, brune, grande. Quand elle travaillait, elle venait prendre de mes nouvelles et discuter avec moi. J'étais très attachée à elle.
Un jour, nous étions tous à table, lorsque Laura arriva pour distribuer les traitements. Quand elle eut fini de les donner à tout le monde, elle nous annonça qu'elle partait en formation pendant un long moment. À la fin de son discours, je m'étais mise à pleurer, bouleversée à l'idée qu'elle parte. Je n'étais même pas sûre que je la reverrais avant mon départ. Je sortais de table pour aller pleurer dans ma chambre. Je voulais rester seule. Laura m'avait survie. Elle me prit dans ses bras pour essayer de me rassurer. Mais elle n'y parvint pas. J'étais inconsolable. Elle me disait au revoir. Puis elle partit. Le soir même, j'écrivais sur mon journal intime afin de me libérer de toutes mes pensées négatives.
La deuxième professionnelle se prénommait Célia, aide-soignante. Elle avait mon âge, brune, taille moyenne. Nous nous entendions bien. Je pouvais me confier à elle et Célia trouvait les mots justes pour me réconforter. À chaque fois qu'elle travaillait, elle venait s'occuper de moi. Nous passions du bon temps ensemble.
J'avais même eu la visite d'Adélaïde. Nous avons discuté. Puis nous avons pris une photo souvenir. J'étais trop contente de sa venue.
J'avais même fêté mon anniversaire, mes vingt et un ans avec eux. Nous avons mangé un barbecue. Même si je n'étais pas avec les personnes que je connaissais, c'était un bon moment.
Il m'a été autorisé de parcourir la ville de Landerneau. C'était beau et grand ! J'avais pris des clichés pour en conserver le souvenir.
Le jour de mon départ, j'ai eu des cadeaux de la part de l'IEM. Ils m'ont fait une haie d'honneur !
Malgré les hauts et les bas que j'ai éprouvés, c'était génial d'avoir passé ces trois mois avec eux !
Un grand merci à l'IEM de Landerneau pour ce séjour. Vous resterez gravés dans mon cœur !
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Ma vie pas comme les autres
SachbücherPersonne en situation d'handicap, qu'est-ce que cela vous évoque ? Une personne à mobilité réduite se baladant simplement en fauteuil ? Ce n'est assurément pas ce qui peut définir le quotidien des personnes telle que moi même dans cette situation. ...