Le CDE se situe à Hennebont, dans le Morbihan. Les conditions pour rentrer dans cette structure sont les suivantes:
- Une demande de vie collective exprimée par le jeune lui-même,
- Besoin de repère et de cadrage,
- Nécessité d'observation rapprochée favorisée par la proximité,
- Prescription d'éloignement ou de rupture par rapport à un écart,
- Conflit de loyauté trop important pour un accueil chez un assistant familial.
Elles sont mises en œuvre par l'équipe psycho-éducative, les veilleurs de nuit, la maîtresse de maison et l'agente d'entretien. Ces capacités sont coordonnées par un chef de service.
Le mineur est guidé par les professionnels sur toutes les composantes de sa vie. Il accorde une grande place aux relations avec sa famille grâce à:
-Des compétences humaines,
- Des options pédagogiques fortes,
- Des moyens logistiques,
- Le suivi collectif qui inclut le rythme de vie communautaire, mais aussi les activités partagées qui font partie des supports privilégiés,
- L'entrée simultanée de différentes tranches d'âges pour se rapprocher de l'environnement de tout un chacun,
- L'accompagnement individuel dans le cadre du projet personnalisé en relation avec un interlocuteur, son référent.
Il y a un internat et des studios, afin que la personne apprenne à vivre seule, pour avoir son propre chez-soi. La durée est de trois mois maximum, normalement.
Cela est un établissement d'urgence qui recueille tout type de personne quel que soit leur nationalité et leur âge y compris les majeurs avec l'obligation de procéder pour eux à un Contrat Jeune Majeur. Celui-ci permet aux jeunes confiés à l'Aide Sociale à l'Enfance de continuer les aides dont ils bénéficient pendant leur minorité. Cette demande peut prendre plusieurs formes telles que le soutien éducatif, l'hébergement, le soutien psychologique, l'allocation financière...
Pour obtenir un CJM, la procédure est la suivante:
- Avoir un projet bien constructif,
-L'éducateur référent adresse un rapport à l'inspecteur de l'ASE compétent, faisant état de l'évaluation de l'autonomie du concerné (au plus tard quatre mois avant sa majorité),
- La commission étudie la recevabilité à la demande,
- La décision est transmise à l'individu, qu'elle soit positive, négative ou reportée.
La durée de cet accord est valable jusqu'aux vingt-et-un ans de l'intéressé.
Je suis arrivée au CDE, en janvier 2017. Une éducatrice m'a reçue en me faisant visiter les lieux. C'est joli, les couleurs sont agréables. Le seul bémol est que ça n'est pas très accessible aux personnes à mobilité réduite. Ceci est la première fois qu'ils accueillent quelqu'un en fauteuil. Ils ont essayé d'aménager ma chambre comme ils le pouvaient, avec l'aide de mon ergothérapeute. Ils ont installé un lit médicalisé, un verticalisateur afin de faciliter mes transferts, une table à ma hauteur et des barres pour les toilettes. Une infirmière est venue deux fois par jour, matin et soir, afin de m'aider dans les tâches de la vie quotidienne. Elle a été souple sur les horaires de passage. Surtout le soir, quand nous allons faire les activités à l'extérieur. Elle a pu passer jusqu'à minuit. C'est rare de trouver une personne comme ça dans ce domaine! Tout de suite les professionnels m'ont mis à l'aise, car ce n'est pas simple d'arriver dans un endroit que je ne connais pas et en plus c'est nouveau que je sois en compagnie de jeunes valides. Eux aussi ont eu peur de moi au début.
Les premiers temps, je me suis enfermée sur moi-même, sur mon téléphone portable ou mon ordinateur. J'ai craint d'aller vers les autres. En plus, il y a eu beaucoup de changement dans les personnes hébergées. Cela est compliqué de créer des liens d'amitié. Cependant les chambres se situent à l'étage, sauf ma pièce qui est au rez-de-chaussée. Les dimanches après-midi c'est sorties communes avec les animateurs: bowling, patinoire, balades... Ces temps sont conviviaux et sympathiques! Cela change de l'ordinaire puisque chez ma mère je reste enfermée. Au fil des semaines, je me suis fait des amies. Seules trois avec qui je suis toujours en contact à l'heure d'aujourd'hui. Lalaïna, Youna et Enora sont des potes formidables. Même si nous ne nous parlons pas souvent, je sais, qu'elles seront toujours là pour m'écouter pour peu que j'en aie besoin.
Certains samedis, je suis seule avec l'éducateur qui travaille ce jour-là. Du coup, cela me permet d'échanger ou me promener avec lui.
À six mois de ma majorité, Adélaïde s'est battue pour que j'obtienne un CJM, afin que je puisse rester au CDE. Autrement c'est retour au domicile. Ça a été un moment de stress pour moi et une longue attente pour avoir la réponse. Finalement j'ai réussi à la détenir. Sans l'aide d'Adélaïde, je serais retournée chez ma mère.
Un soir, en décembre 2018, je suis sur le point de m'endormir, quand soudain, j'entends crier l'éducatrice «TOUS DEHORS!» À ce moment-là, je suis en panique. Je me dis: «Je vais mourir. Personne ne va pouvoir me sauver.» Heureusement, je la vois arriver dans ma chambre, en courant. Puis elle me met dans mon fauteuil et nous sortons à l'extérieur par la porte de secours. J'ai froid, je vois la fumée jaillir de la cuisine et j'appréhende la suite des événements. Les pompiers m'ont enveloppée avec une couverture de survie, afin d'essayer de me réchauffer.
Une heure plus tard, le feu est éteint. Nous pourrons retourner nos chambres. Pendant plusieurs nuits, j'ai fait des insomnies dues à cet incendie. Je ne me suis pas sentie en sécurité.
Durant plusieurs semaines, nous sommes allés dans un camping, le temps des travaux.
J'ai battu le record du plus long séjour au CDE. Je suis restée un an et demi, afin de trouver un endroit adapté à mon handicap.
Malgré les péripéties que j'ai eues, ça a été une belle découverte et j'ai rencontré de belles personnes.
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Ma vie pas comme les autres
NonfiksiPersonne en situation d'handicap, qu'est-ce que cela vous évoque ? Une personne à mobilité réduite se baladant simplement en fauteuil ? Ce n'est assurément pas ce qui peut définir le quotidien des personnes telle que moi même dans cette situation. ...