L'espace d'un instant Ep. 1: entre rêve et cauchemar

Chapitre 1 (Laure)

J'ai dû éteindre la lumière de ma chambre, il y avait des pas précipités dans le couloir.

 Une chute, des jurons, puis les bruits de pas s'éloignent. Ça devait être encore Jeff. Une brute, avec une coupe de cheveux en balais brosse, qui ridiculisait Adler la première année, avec pour seul argument, que notre ami avait une année de moins que tous les autres élèves de notre classe. Il finit néanmoins par se lasser préférant embêter quelqu'un de plus faible... c'est à dire, moi.  Cependant il arrêta du jour au lendemain, comme ça, subitement. Quelques temps plus tard, on apprit qu'il s'était battu avec Fox, un gars d'une autre classe. Fox fini d'ailleurs par intégrer notre petit  groupe d'amis.

-Laure !! (C'est Marion qui vient d'entrer dans ma chambre.) Tu n'aurais pas vu Anne par hasard ?...

Franchement, pourquoi me poser la question?  Elles partagent la même chambre.

- ... tu sais que tu dois te battre contre elle ce soir ?

Je me relevais brusquement manquant au passage de faire tomber ma chaise de bureau.

-Quoi? Ils ont déjà affichés les listes, mais on est en retards! (puis, après une demi-seconde de réflexion) Ho non! On vas devoir se battre.

-Si on la retrouve, dépêche-toi et n'oublie pas ton cahier gris! Elle repart aussi vite qu'elle était arrivée.

Je restai hébétée à regarder les élèves passer dans le couloir par la porte entre ouverte puis, dans un élan de résolution, je m'emparai de cette ignoble cahier gris. Ce cahier qui contenait toutes les appréciations au sujet des meilleurs élèves de la classe. Ecrit par les profs, évidement. Une punition (qui datait des altercations avec Jeff) pour m'être endormi pendant un cours. Le plus dur... ou alors c'est peut être le plus facile en fin de compte... c'est quand les meilleurs élèves de ta classe sont aussi tes meilleurs amis... bref

Je m'élançai au pas de course dans le couloir pour rattraper Marion, sans toutefois omettre de fermer ma chambre à clef. 

Quelque mois plutôt je la partageais encore avec une autre fille qui, victime des drôles de règles des combats annuels, avait été renvoyée à sa famille dans une petite boite en carton. Triste histoire quand tu sais qu'ici on ne peut pas se souvenir de sa famille ni même de ce qui s'est passé avant d'être débarqué par le croiseur (Phénomène encore inexpliqué à ce jour!). 

Par ordre du commandeur : « nul ne doit tuer sans y être autorisé sous peine de mort », d'où les listes. 

 Au moins cette année je n'aurais pas trop à m'inquiéter, Anne était bien trop gentille pour tuer ne serait-ce qu'une mouche, et puis on s'était mis d'accord, moi et mes amis, pour se protégés mutuellement. A plusieurs on est une force, seul on est mort. 

Je ralenti l'allure en passant devant la salle de simulation. Y jetant un coup d'œil, je constatai qu'elle était vide. Aucunes traces d'Anne, ni d'Adler, ni même de Fox, de plus en plus bizarre! Cette salle, normalement, n'est accessible que pour les deux premiers élèves de chaque classe. Ils y apprennent à piloter une navette spatiale, grâce à des simulateurs. 

C'est censé être une information top-secrète, enfin juste un peu tabou parmi les autres élèves, mais Adler connaissant par cœur son manuel m'avait permis de le feuilleter. 

Durant toute la journée Marion et moi étions interloquées. Personne ne nous adressa la parole, à croire que nous étions devenues invisibles. Pourtant d'habitude les profs nous interrogeaient tout le temps, parce que j'avais pris la mauvaise habitude de somnoler en cours (mais en écoutant quand même) et que Marion n'avait jamais ses affaires.