Chapitre 4 (Petites pattes d'Écureuil/Sahara)

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J'habite, avec ma sœur jumelle, mon petit frère et nos parents, dans une de ces milliers d'alvéoles des grottes de Sahara. Notre grotte qui s'apparente plutôt à un gouffre avec au fond une réserve d'eau, est l'une des plus grandes de notre planète. Pour s'y déplacer on utilise un réseau de ponts et de monte-charges qui n'a à première vue n'a pas d'architecture bien définie. C'est de cela que je tien mon nom. Pendant mes temps libres j'arpente avec aisance ce désordre de câbles, du coups pour se souvenir des petits animaux terrestres qui grimpent avec agilité dans les arbres et s'y faufilent sans difficultés on m'appelle Petite Pattes Écureuil. Ma sœur (qui est beaucoup plus calme que moi) se prénomme Fleur Du Matin. Plus calme que moi, certes, mais non moins actives dans notre projet d'exploration des structures du réseau !

Un jour nous avons réussies à descendre jusque au bord du lac et là dans une alvéole officiellement désaffectée on a découvert un vrais trésor! 

Une bibliothèque, des livres provenant en grande partie de la Terre, sûrement ramenés par les premiers colons. 

Pour que l'eau n'envahisse pas l'alvéole quand la réserve se remplirait un peu plus, nous avons construit un petit barrage aidé par Petit Orage notre jeune frère.

Les livres sont stockés ici car le grand conseil des dirigeants, sous la pression de l'empereur Caesar Magnus, à voter une loi interdisant la possession de livres, à l'exception bien entendu de nos manuels scolaires et encore ils sont quasiment tous numérique. La loi vise à éviter les révoltes basées sur de fausses informations ou des idées non conforme à l'éducation donnée par les écoles... comme retourner habiter avec les sauvages, par exemple. Idée complètement farfelue, qui risquerait sa vie pour retourner à la surface? 

Bref, un jour que nous regardions les livres on rencontra un vieillard, à la peau encore plus foncée que la notre, qui se promenait entre les rayon d'étagères en chantonnant. Chanter, c'était aussi interdit que de lire, les sauvages chantaient, c'était réserver aux incivilisés. Pourtant il nous paru tout ce qu'il y avait de civilisé. Il nous conseilla de lire certains livres et en particulier des vieux manuels scolaires. Certains de ces manuels avaient un peu plus de 15 siècles! Bon il manquait des pages, l'encre avait en partie dissout le papier, la langue avait aussi évoluée et certains mots nous étaient inconnus. Mais en les comparant aux nôtres on en appris plus que l'on nous en enseignait à l'école. Il y avait aussi des livres de science-fiction, qui racontaient plus ou moins la réalité tout compte fait; des romans policiers; des livres qui faisaient peur avec plein de monstres; des contes; des légendes... Ma sœur resta absorbée pendant au moins neuf rotations (une rotation correspond à environs 48h terrienne) sur les légendes Arthuriennes! 

On croisait de temps en temps le vieillard qui nous posait des questions sur certains livres pour voir si on les avaient bien compris. A croire qui les avait tous lu et mémorisés! 

Un jour vers la fin d'après-midi, enfin, sous le sable on ne voit ni le jour ni la nuit, les cavernes sont éclairées par une bactérie luminescente qui vie naturellement sur les parois et qui est soignée par les biologistes. (Le métier de rêve d'après ma sœur.) Le cycle de fluorescence de ces bactéries correspond à environs une douzaine d'heure ce qui nous fait des journées de 12 h et des nuits de 10 h, le temps qu'elle fabriquent de nouvelles molécules lumineuse. 

Bon, passons, disons que c'était à la fin du repas, avant d'aller dormir. Notre petit frère s'était endormis à table, nos parents discutaient. Leur sujet de conversation portait sur la récolte des gardes de l'empereur, cette année il n'y avait qu'un seul élu dans les tribus de la surface donc les recruteurs viendraient cherchez un autre adolescent dans les cavernes. "Récolte" j'aime pas ce mot mais c'est comme ca qu'on dit ici.

Ma sœur à peur que se soit Petit Orage. Je ne partage pas son opinion. Je pense que notre petit frère est trop jeune pour être recruter. 

Ha! J'ai oubliée de dire que nous avons tous un don. Petit Orage est capable de «communiquer» par la pensée avec les objets ou machines. Enfin "par la pensée" je ne sais pas trop comment il fait mais en tout cas il peut arranger les choses à son avantage en matière d'électronique. Fleur du Matin voit, si elle le souhaite, le passé des personnes qui sont à côtés d'elle et moi, si je me concentre, je vois en ce à quoi pense ma sœur. Pratique quand l'une de nous deux lit un livre l'autre sait de quoi il parle. 

Fleur du Matin était plongée dans un ouvrage sur le système économique de l'Europe, une région terrienne. Pendant ce temps je jouais sur notre tablette, avec mon avatar de jeu vidéo, un chat bleu la planète Salé. Soudains Petit Orage se réveilla en sursaut et se précipita derrière la porte de notre alvéole pour regarder la passerelle par l'œilleton. Ma sœur m'appris par ses pensées qu'une machine, à savoir l'ordinateur qui commande le sas d'accès pour les aéronefs de la ruche (c'est comme ca qu'on surnomme notre caverne), l'avait informé de l'arrivée d'une navette provenant d'un croiseur interstellaire. 

Les recruteurs venaient d'arriver dans notre caverne. 

En jetant une coup d'œil à nos parents qui ne s'étaient pas aperçu de notre agitation nous décidâmes de ne pas les informer tout en espérant que les recruteurs ne viennent pas dans notre alvéole. 

Quelques minutes plus tard la porte volait en éclats, un groupe de géants s'empara de Fleur du Matin et repartirent aussi vite qu'ils étaient venus. Sans laisser le temps à nos parents de protester, mon petit frère partit en courant pour les rattraper. Je lui emboîtai le pas. 

Notre sœur était terrorisée, partagée entre le désire de ne pas entraîner sa fratrie dans une action de sauvetage irréfléchie, vouée à l'échec, et l'instinct de se débattre en appelant à l'aide. 

Petit Orage commanda à la porte de la navette de ne pas se fermer. Étant plus habile que mon frère pour me déplacer entre les ponts suspendus, j'arrivais la première sur le terrain d'atterrissage, sur les tallons des ravisseurs de ma jumelle. Je m'engouffrais dans le vaisseau... très mauvaise idée. 

Mon frère fut assommé par l'un des gardes et la porte se referma, permettant à la navette de décoller. Le temps que mes yeux s'habituent à la clarté des lampes de la soute, je me retrouvai cernée par les gorilles qui avaient enlevés ma sœur. 

Sachant qu'il était impossible de négocier je les suivis sans faire d'histoires. Ils me conduisirent dans un compartiment où se trouvaient, assis sur des sièges, ma sœur et un autre garçon, plus grand que nous, au visage quelques peu déformé. Ce dernier devait avoir le même âge que nous mais beaucoup plus robuste que les habitants des cavernes, il devait être, sans aucuns doutes, un sauvage des pôles. Fleur du Matin m'indiqua, en pensant, un drôle de tatouage en forme de chien sur le dos de la main du sauvage. On eu l'impression que le chien était vivant, il bougeait! Comme nous avions au moins une heure devant nous pour atteindre le vaisseau stellaire et que la curiosité était trop forte, ma sœur fit ce qu'elle détestait le plus: regarder le passé. Seulement une journée se dit elle, juste avant qu'un flot de souvenir nous transporte à l'extérieur. 

Alors ça ressemblait à ça, la surface de Sahara ?

L'espace d'un instant Ep. 1: entre rêve et cauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant