chapitre 5 (Wolf)

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Je regardai une dernière fois le coucher du soleil. Les dégradés de rouges, orangés, bordé de jaune restaient imprégnés sur ma rétine quand je me détourai. 

C'est mon poste d'observation préféré, un promontoire rocheux surplombant l'immensité du désert. Un désert qui n'a jamais les mêmes couleurs et aucuns coucher de soleil ne l'illuminait jamais de la même manière. Maintenant devant moi c'est la forêt. 

Les autres humains qui vivent sous les sables en ont peur, pas moi. 

Ce soir je vais devenir un chasseur. A chaque nouvelle lunes, les adolescents qui ont 16 lunes (une lune équivaut environs à une année terrienne) rencontrent leur ombre, un totem qui le suivra durant toute la vie. A ce moment là l'adolescent peut enfin chasser pour sa tribu. Je me met à courir dans la forêt, vite, sans bruit. Quel sera mon animal? Je contourne un arbre mais mon épaule frôle un tronc. Je sent le picotement caractéristique des acides que sécrètes les écorces. Cela ressemble à un arbre mais en réalité ce n'en n'est pas un, plutôt une espèce de champignons carnivore. La peau d'un saharien est plus résistante que celle des autres humains grâce au rude climat de la planète et à des adaptations génétiques. 

Malgré notre petit avantage la peau des enfants n'est pas encore très bien protégée contre ces acides. Un long contactes peut laisser de profondes boursouflures. Cela explique la balafre qui mange la moitié de mon visage, conséquence d'un défi stupide de gamin. Cette brûlure m'a fait passer trois coucher de soleil dans un demi-comma fiévreux remplis de monstres. Depuis cette désagréable expérience je redoute par dessus tout le rituel de nouvelle lune car pour que son ombre apparaisse il faut boire une décoction d'écorces de salades rouges. Je le redoute et pourtant je l'attend avec impatience... et si mon ombre était un des monstres de mes cauchemars? non c'est impossible...

A mon arrivé toute la tribu est parée de ses plus beaux habits. Ma mère m'aide à enfiler un gilet pardessus de ma tunique, ici les nuits sont glaciales. 

En sortant de la tente familial je frissonne, la nuit est tombée mais c'est plus de peur que de froid. Les premières notes de flûtes s'élèvent dans le campement. Toute la tribut se met à chanter une douce mélodie que je connais par cœur. 

Le chef, mon père, encadré par les anciens me tend un récipient en terre contenant un liquide sombre. J'hésite, il me sourie, je bois la décoction. Elle a un goût de sable, un peu salé puis un goût de fer qui m'écœure. J'ai la tête qui tourne, les visages qui m'entourent disparaissent laissant à la place un espace vide, blanc.

 Soudain quelque chose me bouscule, maquant de m'envoyer par terre, la chose est un grand loup noir au regard brillant comme le soleil. Ouf, ce n'est pas un monstre. Au moment où je pense à ça, le loup ce transforme en monstre. Mon cauchemar me plaque au sol, le silence est tel que les battement de mon cœur sont assourdissants pourtant je ne me sens pas respirer. J'ai beau essayer de me concentrer pour sentir mes poumons se remplir d'air afin de ralentir les battements de mon cœur  mais je ne retrouve pas les sensations habituelles.  J'ai l'impression de mourir, un froid m'engourdis. Et puis je pense aux couchers de soleil, aux nuits passées à contempler les étoiles et les planètes dans le ciel, en imaginant leurs habitants, je pense à mon père qui compte sur moi pour diriger la tribu quand il partira pour le grand voyage. Non ! Je suis fort, je ne vais pas me laisser tuer par un simple cauchemar de petit enfant. Je rouvre les yeux mais à la place du monstre il y avait une petite boule de fourrure d'un noir d'encre aux yeux jaunes... Le louveteau se pelotonne sur mon buste et se met à me lécher le visage, le sel de mes larmes. Je ne me suis pas aperçu que je pleurais. C'est mon ombre. Une nouvelle fois ma vision se brouille et je me retrouve assis au milieu de ma tribu. Je n'ai plus peur de mes cauchemars. 

En jetant un coup d'œil à mon bras je constate que la silhouette de mon louveteau est bien là dessiner sur ma peau mais à ma grande surprise il se met à bouger et se dirige vers le creux de ma main. Un sentiment de bonheur me submerge. On festoya une grande partie de la nuit.

Le lendemain un groupe d'hommes se déplaçant dans une boite volante vint voir mon père et lui réclama deux jeunes adultes. Issu d'un vieil accord entre les peuples des autres planètes et les premiers Sahariens, nous devions leur laisser, chaque nouvelles lunes, deux jeunes gens qui puissent, selon certains critères, faire partie de la garde de l'empereur. 

Seulement vois-là, le seul qui rentrait dans ses critères c'était moi et un chasseur doit par tous les moyens, aidé sa tribu. Avec une boule d'angoisse dans le ventre, je préparais quelque affaires sous l'œil attentif d'un gars en uniforme. Puis les étrangers, cessèrent de me surveiller le temps de préparer leur petit moyen de transport. Mon père en profita pour me donner, discrètement, un objet protégé par une bande de tissu. Il me conseilla de ne pas l'ouvrir tout de suite mais seulement quand je serai seul. J'acquiesçais sans montrer ma peur. Après avoir dit au revoir à la tribu, je suivit les non-sahariens dans leur boite volante. Ils me conduisirent dans une pièce remplie de sièges. Depuis la place que j'avais choisit je pouvais voir les pilotes conduire. Quelques minutes plus tard on se posa sur une sorte de plate-forme et ils embarquèrent deux petites filles qui se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Elles n'arrêtaient pas de me fixer ou plutôt de fixer ma main, où il y avait mon ombre. Pour ne pas croiser leurs regards je m'appliquais à observer les manœuvres des pilotes. La vue des nuages défilants par la vitre me donna envie de dormir.


A mon réveil je me trouvais allongé dans une pièce seulement éclairée par une lueur rouge provenant d'une petite boite accrocher au dessus de la porte. J'étais furieux contre moi même, comment avait on pu me déplacer sans que je m'en aperçoive? Je me redressai sur le côté, mais bien vite je retombai sur le dos, faisant grincer le sommier du lit à deux étages sur le quel je me trouvais. Une vive douleur, comme une décharge électrique, m'avait traversée tout l'avant bras. Je relevais ce dernier devant mes yeux. Un drôle de petit cailloux se trouvait sous ma peau entre mon pouce et mon index. Je déballais l'objet que mon père m'avait confié, comme je m'y attendais c'était un couteau avec le manche gravé des scènes quotidiennes de la tribu, le repas, la fabrication des vêtements, les histoires que les anciens nous contaient... Je sentis des larmes couler de mes yeux. Sur la lame était gravé mon prénom «Wolf». Les chasseurs qui sont partit à la Garde de l'empereur ne sont jamais revenu...Je ne reverrais jamais ma famille....

Bon, il va falloir se reprendre en main, arrêter de pleurer pour un rien. 

Tout d'abord j'enlevai, à l'aide de mon couteau, le cailloux qu'on avait mis sous ma peau. Après l'avoir posé sous l'oreiller et m'être fabriqué un bandage avec un bout de drap, je me laissai glisser au sol. 

Sur la couchette du bas, une fille dormait à point fermé pelotonner comme une gerbille des déserts. Ils y avais trois autres lits à deux étages les deux petites dans un, deux autres filles qui dormaient comme la première dans le suivant et deux garçons qui n'avaient pas l'air très costaud dans le dernier. Ils ne semblaient pas vraiment dangereux voir même plutôt fragiles mais quelque chose me disait que ce n'était qu'en apparence, ils devaient surement être beaucoup, beaucoup plus malin que la moyenne. Une chose est sûr c'est que physiquement je pouvais facilement les casser mais que en stratégie ou même peut être en rapidité il faudrait que  je me méfie. 

En m'approchant de la porte, des bruits de pas provenant de dehors me firent sursauter. En me dirigeant précipitamment vers le lit dans lequel j'avais dormis, pour ne pas qu'on me trouve seul à ne pas dormir (au cas où je ne devrais pas être réveiller), je me cognais contre la commode où était posée une carafe aï!...qui vacilla... et qui  tomba par terre dans un bruit de casserole. Le bruits réveilla les deux petites filles et un des garçon remua. N'aillant pas le temps de remonter sur ma couchette je me glissai sous le lit le plus proche. J'avais pourtant l'habitude de me déplacer silencieusement mais cette pièce étroite ne m'était pas familière. Je savais juste que ça existait grâce aux histoires des anciens...

L'espace d'un instant Ep. 1: entre rêve et cauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant