CHAPITRE 19: LA RENTREE

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Une nouvelle année commençait, signe d'un renouveau certain. Cette fois encore, je ne pris aucune résolution, sachant bien évidemment que je ne les tiendrais jamais.
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Nous avions finalement dû retourner en cours. Ces vacances avaient été fabuleuses et je ne voulais absolument pas retrouver mes profs, sans vouloir les vexer.
Nous fûmes tout de même heureux de tous nous retrouver, tous les cinq et demi, ce qui nous permettait d'oublier un instant les raisons de ces retrouvailles.
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Pendant ces deux semaines, j'avais commencé deux autres nouvelles qui, finalement, eurent le même sort que les précédentes. Je décidai alors de reprendre mon histoire sur le père alcoolique, des idées m'étant apparu pendant les vacances.
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Durant cette pause je m'étais un peu coupée du monde, ayant passé mes journées avec pour seule compagnie les mots de mes auteurs favoris. Je pu alors constater que Camille et Bastien avait échangé des SMS par milliers et que leur complicité avait atteint son apogée. J'étais un peu jalouse. Bastien m'appartenait. J'explique: puisque nous ne voulions pas que l'autre marche sur nos plates-bandes et donc qu'on se batte pour le même mec, nous procédions alors à une organisation où nous "réservions" nos mecs. Camille avait alors opté pour Pierre et un certain Raphaël avec qui Grincheux pouvait sans problème concourir au titre de "mec le plus petit du monde". Bon, j'avoue être mauvaise langue. Quant à moi, j'avais décidé de m'octroyer Julien et Bastien, va savoir pourquoi. Cela me dérangeait alors un peu de les voir si proches même s'ils assuraient être comme frères et sœurs. Je voyais tout de même que l'ambiguïté persistante que je partageais avec Bastien n'existait pas entre mes meilleurs amis.
Bastien assurait que sa meilleure amie était Camille ce qui m'agaçait un peu. Lorsque je lui demandais ce que moi j'étais, il souriait en me couvant du regard comme on ferait avec un chiot adorable ou un nourrisson et affirmait que moi j'étais "différente". Si tu t'en fou de moi dis-le au lieu d'inventer des idioties! voulais-je lui crier. Mais je me rendais après compte que je devais quand même compter pour lui pour qu'il supporte mes sautes d'humeur à répétition et mes questions existentielles, et ce, sans broncher. Alors je me calmais et faisais abstraction de leurs regards complices, quoique je remarquais qu'il agissait différemment avec nous deux. Il avait toujours l'air de vouloir me défendre contre le reste du monde comme si je n'étais pas capable de le faire moi-même- ce qui était peut-être vrai - tandis qu'il semblait penser que Camille pouvait s'en charger elle-même.
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Alors que nous montions les marches pour nous rendre en Maths, je questionnai Zoé:
"_ Julien t'a envoyé joyeux Noël?
_ Oui, toi aussi?
_ Ouais.
_ Tu dois être contente." lança-t-elle avec un air supérieur qui eu le don de m'irriter légèrement.
. . .
Le prof refit le plan de classe. Celui-ci m'éloignait de Bastien qui se retrouvait au deuxième rang en face du bureau du prof, à côté de Laura, alors que je restais toujours à la même place, près de Camille, ce qui était génial, et avec Julien un rang devant.
J'étais ravie de cette nouvelle disposition, quoique Bastien me manquait déjà.
. . ..
J'ai de nombreuses théories sur la vie qui, peut-être, pourraient expliquer certaines choses. Celle que je vais vous confier pourrait donner une signification à notre existence sur Terre. Selon moi, et j'ai bien dit selon moi, ce n'est que mon avis, nous atterrissons sur cette planète sans avoir de fonction particulière. Cependant chacune de nos actions et tous les choix que nous faisons, les décisions que nous prenons et notre volonté ou non d'interférer dans la vie des autres, engendrent des conséquences sur chaque existence humaine. Nous n'effectuons alors pas uniquement quelques choix décisifs mais des millions et au quotidien, qui changent à tout jamais notre existence. Et puisque ces possibilités ne sont, la plupart du temps, qu'un redoutable hasard, fâcheux ou non, nous n'y pouvons rien.
Je pense aussi que notre rôle n'est pas préétabli. Nous avons une fonction dans ce monde qui est celle de vivre notre vie et c'est déjà bien assez. Sachant toutefois que chacune de nos décisions influencera le monde entier, nous prenons parfois le temps d'y réfléchir. Nos vies s'entrecoupent alors tels des fils qui s'emmêlent jusqu'à produire nos rencontre avec les autres êtres de cette terre. Le destin n'a ainsi pas sa place dans cette roulette russe de la vie et des sentiments, qui s'y entrechoquent. Ou celui-ci n'est qu'un véritable concours de circonstances.
Le destin n'existe pas. J'en suis convaincue.
Mais pourquoi l'ai-je rencontré? Pourquoi a-t-il changé considérablement mon existence? Est-ce à cause de ces fils qui se sont un jour croisés? Qui ont convergé afin de produire notre amitié? Est-ce réellement la raison de notre rencontre? Ou se pourrait-il que je fasse erreur? Que je me trompe complètement? Et que le destin, sous n'importes quelles formes diverses et variées soit-il, existe réellement?
Je ne sais pas. Je suis cependant convaincue d'une seule et unique chose: il fallait que je le rencontre.
. . .
"Tu crois au grand amour?" demandai-je à Bastien
Il s'appuya sur ses coudes pour se retrouver face à moi, assise en tailleur, puis me toisa, le regard inquisiteur. Cependant, lorsqu'il comprit que j'étais sérieuse, il sembla réfléchir sincèrement durant un long moment, puis se rallongea.
Nous n'avions pas Histoire alors nous profitions de cette pause pour aller dans le parc juxtaposé au lycée et nous allonger dans l'herbe. Il faisait encore frais alors nous ressentions le froid hivernal nous mordre lentement la peau. Mais peu importait.
Camille était allongée dans l'herbe près de Pierre qui jouait avec ses cheveux, tandis qu'Alice demeurait couchée à leur côté tout en riant de leur complicité évidente. Zoé, en retrait, envoyait des messages à je ne sais qui, le regard ancré sur son téléphone comme si le moindre égarement risquait de la liquéfier sur place ou de causer sa mort. Ses doigts retenaient alors fermement son smartphone, enfermant ainsi son portable dans une cage faite d'ongles roses et de bagues multiples.
Quant à moi, assise en tailleur près de Bastien, allongé les yeux fermés, je contemplais notre groupe hétérogène. Voyant qu'il n'était pas prêt de répondre, je m'étendis près de lui en reposant ma tête sur son épaule. Il ferma les yeux et sourit bêtement. Cela eu le don de m'irriter car je sentais qu'il se moquait de ma question. Je me tins alors de côté, m'appuyant sur mon coude, et le fixai avec insistance. Mon corps lui cachait le soleil, qui se répercutait jusqu'alors sur son visage. Il ouvrit alors un œil, puis deux, et posa son regard sur moi.
"_ Juliette? me demanda-t-il, légèrement blasé.
_ Tu n'as pas répondu!"
Il eu l'air soulagé puis referma les yeux, le sourire jusqu'aux oreilles.
"Eh! Je te parle!"
Je lui donnais des coups dans le bras, mais connaissant ma force herculéenne (sarcasme), je savais pertinemment qu'il ne ressentait rien. Il attrapa alors mon bras, ce qui l'incendia comme une flamme incandescente se propageant dans le reste de mon corps, jusqu'alors légèrement frigorifié, puis me plaça face à lui en riant. Je me tenais alors au dessus de son visage, ce qui n'avait pas l'air de le déranger plus que ça.
"Pourquoi veux-tu le savoir?"
Sa voix semblait empreinte d'une moquerie totale. Je me renfrognai. Puis me décalai, loin de sa poigne, mais le fixant toujours avec de grands yeux.
"_ Je fais un sondage, ça te pose un problème?
_ Aucun.
_ Réponds alors!" criai-je en perdant mon calme.
Il fallait toujours que je l'oblige, ce qui avait l'air de grandement l'amusé. Mais dès que j'insistais un minimum - ou dans des cas isolés, un maximum -et qu'il en avait assez, il finissait toujours par répondre à mes interrogations en gardant sa bonne humeur habituelle.
"_ Pourquoi pas. Je ne sais pas vraiment pour l'instant mais...
_ Je ne te demande pas si tu penses y croire dans trois jours ou dans cinquante ans, mais si tu y crois en ce moment!" le coupai-je.
Il soupira et me fixa comme si j'étais un chiot qui venait de renverser sa gamelle de croquettes.
"_ Tu ne laisseras jamais tomber pas vrai?
_ En effet.
_ Et tu es incroyablement chiante, hein?
_ C'est irréfutable.
_ Pourtant je ne peux pas m'empêcher de t'aimer?
_ Exactement, dis-je, le visage empreint d'un sourire victorieux.
_ Bon, puisque je suis obligé... Je pense que oui, je crois au véritable amour. Il y a forcément quelqu'un qui nous correspond sur cette Terre et on va le rencontrer un jour. (après une pause où il semblait peser ses mots, sûrement avait-il peur que je me lance dans un débat -plutôt un monologue - interminable) Et toi?
_ J'ai envie d'y croire, oui. Mais je commence à désespérer de ne pas le rencontrer! Enfin... Je pense comme toi. Un jour on trouvera la personne qui fait battre notre cœur. Nous serons alors en harmonie totale. Il y aura des disputes, des bagarres, des avis non partagés, ou des excès de connerie, mais on s'aimera. Alors on sera comme une suspension de l'autre et ce sera fabuleux. On pourra anticiper chacune des réactions de notre âme-sœur et la soutenir à tout moment. Nous serons heureux pour un rien, ou pour tout. On changera le monde en enchainant les sujets de conversation stupides ou simplement inintéressants, mais jamais ça ne nous lassera. Jamais, l'autre, ne nous lassera. Et malgré la solitude, la maladie, tous les malheurs du monde ou même la mort, on se retrouvera toujours.... Et on sera heureux pour de bon. Il sera le seul qu'on aimera sincèrement, comme une passion dévorante ou un besoin constant d'être à ses côtés. Il sera comme une évidence. On l'aimera plus que tout et on ne sera plus heureux qu'en sa compagnie."
Il sourit et se mit à rire, d'un rire joyeux et plein de vie, pareil à des clochettes qui tinteraient dans le vent.
"Quoi?" demandai-je en me relevant encore une fois.
Il me poussa sur le sol en me collant contre lui.
"_ Tu peux arrêter de bouger? Tu me caches le soleil!
_ On est encore en hiver! Tu risques pas de bronzer!
_ Mais si je te dis que je ne veux pas bronzer? Que je souhaite simplement sentir la caresse du soleil contre ma peau?
_ Toi? Un poète?
_ Peut-être... Aller, arrêtes de bouger."
Il me plaqua sur le sol et mit une main en transversal au dessus de ma taille, empêchant tout mouvement de ma part. A ce moment précis, je ne pensais qu'à une chose: rentrer mon ventre. Ridicule... En même temps après les vacances de Noël où mon activité physique consistait à me trainer jusqu'à la table pour manger... j'avais du soucis à me faire.
"_ Tu exagères pas un peu?
_ A situation désespérée, mesure désespérée!
_ Euh... Non!
_ Je t'assure que si, t'es un vrai cas! Et putain ce que t'es chiante!
_ N'importe quoi!"
Je me dégageai de son emprise et vins me poster près de Camille et les autres qui commençaient à ranger leurs affaires.
Je mis ma veste, sous le regard amusé de Bastien, qui se moquait clairement (et encore) de moi.
"_ Quoi! C'est quoi le problème? scandai-je, l'air faussement en colère.
_ Tu as mis ta veste à l'envers!"
Il vint alors me la retirer pour la remettre dans le bon sens et me la replacer sur les épaules.
"_ Mais qu'est-ce que tu ferais sans moi?
_ Justement je me le demande."
. . .
Julien se retournait souvent pour nous parler, à Camille et moi. J'en ressortais ravie. Nous étions à des places de trois et le comique de la situation frôlait l'irréel. En effet, Pierre se trouvait devant Camille, quant à Julien, il était devant une certaine Solaine, qui n'avait jamais remarqué mon existence. Elle vivait un peu dans son monde. Entre eux se trouvait Cassandre, une fille étrange. Ma place demeurait, et ce jusqu'aux prochaines vacances, derrière celle-ci.
En des moments pareils, je me demandais si le destin n'avait pas quelque chose à voir la dedans, ou au moins le karma.
. . .
La sonnerie retentit, marquant la fin de la journée. Je me ruai dehors et tentai de rejoindre Bastien, descendant les marches rapidement. Après avoir failli chuté une bonne quinzaine de fois et apprécié des regards tous plus noirs les uns que les autres, je réussis à l'atteindre en m'effondrant à moitié sur lui.
"Bastien!"
A ma vue, son visage se durcit et il tourna la tête vers le mur.
Je lui donnai un léger coup dans le bras, pour être sûr qu'il m'aie aperçue.
"Oh non! Je pensais t'avoir semée..." déclara-t-il platement sans la moindre trace d'humour. Tout simplement parce qu'il n'y en avait pas. J'avais fini par dégouter Bastien de moi.
Je m'éloignai de lui, la mine triste et le regard meurtri par ses paroles dévastatrices et ses yeux aussi sombres que les abysses.
"Tu me fatigues, dégage. Va faire chier quelqu'un d'autre"
Mon ami Bastien, celui qui comptait tant pour moi, avait finit par ne plus vouloir de moi. Je savais pertinemment que ce jour allait arriver... mais si tôt? Ses mots heurtèrent mon cœur de plein fouet et je sentis une pointe de tristesse, aussi tranchante que des centaines de glaives, me meurtrir lentement et se disperser dans tout mon être.

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Coucou!!! 😘
Suis-je sadique? Non je pense pas!
Que pensez-vous de ce chapitre?
Des idées pour expliquer la réaction étrange de Bastien? 😁😁😁
Oui je sais que les événements de l'histoire ne sont pas en rapport avec en ce moment!
Votes commentez vivez à fond! XD
Je vous souhaite un bon weekend Pascal!
CHOCOLAT CHOCOLAT CHOCOLAT!!!
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Gros bisous à tous!

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