CHAPITRE 23: LA SOEUR

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Deux semaines étaient passées depuis mes hallucinations démoniaques. Rien de nouveau n'était apparu. Camille était toujours folle amoureuse de son nain- dont l'amabilité manquait cruellement-, Bastien me surprenait toujours par sa gentillesse hors du commun, Alice restait égale à elle-même: excédée par nos amitiés garçon-fille très éprouvantes, Zoé ne se lassait jamais de draguer Julien. Et j'étais toujours aussi dingue de ce dernier.

Néanmoins j'avais opéré à quelques changements: je ne lui apportais plus les devoirs sans qu'il me les ai demandés, il était hors de question que je le laisse argumenter pendant des heures quant à sa supériorité légendaire, et je m'autorisais à lui dire de la fermer lorsqu'il partait trop loin dans l'auto-congratulation.
Ouais bon je sais c'est nul. Niveau restriction, j'avais encore pas mal d'efforts à faire.

.....

_ Tu crois qu'un jour je vais trouver quelque chose qui me va bien? lançai-je à Camille, allongée sur mon lit, trafiquant je ne sais quel bibelot ramené de Tunisie. Arrête avec ce truc tu vas le casser!
Elle leva ses yeux gris acier dans ma direction et une moue boudeuse imprégna ses traits.
_ Je suis douée de mes mains, moi!
Faisait-elle référence à mon énième chute dans les escaliers qui ne datait pas moins d'il y a une semaine? Et qui était à l'origine de l'entorse à la cheville qui troublait mes nuits?

Je retournai vaquer à mes occupations, soit farfouiller dans mon armoire en quête d'une quelconque robe à mettre pour une occasion bien particulière.
_ Je te l'ai dit: j'ai glissé sur le tapis!

Mon ours en peluche se fracassa contre mon dos. Je le ramassai et le brandis, outrée.
_ Comment oses-tu? m'exclamai-je, feignant une colère noire.
_ Non mais sérieusement, t'en as pour combien de temps avec ce truc? me demanda-t-elle en pointant du doigt l'immonde bandage jauni qui entourait mon os endolori. Et puis d'abord, c'est normal que ce soit si crade ton truc?

Je me jetai sur le lit et m'affalai à ses côtés.
Nous fixâmes le plafond, rêveuses.
_ Cinq semaines. Et dire que je vais rencontrer la famille de Bastien avec ce truc! beuglai-je en désignant l'objet de mon infortune.
_ Dis-toi que ça aurait pu être pire! T'aurais pu te casser le nez! Quoique la rhinoplastie ça te ferait pas de mal! cingla-t-elle en riant.
Je lui portai un coup de polochon au visage.

_ Non mais plus sérieusement tu rigoles là, mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir mettre comme chaussures pour voir les Loroy? Hein, je me le demande! Je vais quand même pas y aller en tongs!
_ Bah tu peux y aller pieds nus aussi!
Je lui fis une bourrade.
_ Honnêtement! Je peux pas y aller en basket et les ballerines ça craint!
_ Ma pauvre enfant, soupira-t-elle en portant une main à son coeur.
_ Ah bah Madame est contente! Elle pourra danser un slow avec son cher et tendre! Préviens lui quand même qu'il aura besoin d'un réhausseur! Faudrait pas que sur le coup... Vous soyez embêtez tu sais.
Elle se munit du premier truc qui lui tombait sur la main, soit une lampe de chevet, et me l'aplatit sur la tête.

_T'es complètement folle ma pauvre fille! je lui rétorquai en riant.
_ Je sais, minauda-t-elle en replaçant ses longs cheveux soyeux en place.
Et dire que les miens étaient toujours au même stade du: on est moches et on assume. J'avais presque l'impression qu'ils me narguaient, chaque matin au réveil, en mode: démerde-toi ma vieille.

_ Quand je pense que notre bon vieux Bastien déménage! Ça se fait encore les pendaisons de crémaillère? je demandai, perplexe.
_ On dirait bien.
_ Et on doit ramener un truc pour l'occasion? Genre un gâteau ou quelque chose?
_ Ju, j'ai une tête à m'y connaître là-dedans?
Sa mine renfrognée redoubla mes éclats de rire.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 05, 2016 ⏰

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