CHAPITRE 20: VOUS AVEZ DIT NIAIS?

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Il tourna légèrement la tête et m'étudia longuement, tandis que je me battais pour contenir les larmes qui tentaient de se disperser et de s'échapper en creusant des sillons capables de réduire à néant le semblant de dignité qu'il me restait. Ah non! Pas ça! J'avais déjà assez honte pour qu'elles s'en mêlent!
Puis un sourire fondit sur son visage neutre et il se mit à rire. D'un rire aussi léger qu'un battement d'aile.
Il passa alors son bras par-dessus mes épaules et me colla contre lui, tandis que je tentais vainement de comprendre la tournure de la situation.
Bastien posa ses doigts sur mon visage et dessina un sourire sur mes lèvres, le contact de sa peau incendiant mon épiderme.
" Je plaisante, Princesse, fais pas cette tête!"
Il enserra ma taille et me prit doucement dans ses bras alors que la réalité s'imposait durement dans mon esprit. Il s'était foutu de moi.
"_ Pourquoi tu te mets dans un état pareil?
_ Pauvre con!"
Je me dégageai de son emprise et commençai à descendre les escaliers en courant pour le distancer. Je réussis alors, sans trop savoir comment à me faire chuter moi-même en heurtant ma jambe.
Il me rattrapa et marcha à mes côtés.
Il faut dire aussi que ce n'était pas la semaine à choisir ce mois-ci, si vous voyez ce que je veux dire. Peut-être que si j'illustre mes propos vous comprendriez mieux. Si je dis rouge, fontaine, mensuel, vous imaginez plus clairement?
"_ C'est quoi le problème?
_ Rien, c'est juste que... j'ai déjà perdu un ami à cause de mes conneries et j'ai pas envie que ça se reproduise, dis-je en reniflant.
_ Ca ne se reproduira pas, tu crois vraiment pouvoir te débarrasser de moi aussi facilement? Je suis avec toi jusqu'à la mort. Allez, sourit."
Il essuya une larme qui avait roulé le long de ma joue sans que je ne lui en ai donné l'autorisation, puis appuya ses doigts sur mon visage comme pour me le modeler. Me prenait-il pour de la pâte Playdo? Bastien continua ce jeu qui semblait l'amuser particulièrement en écrasant chaque parcelle de mon visage afin de me faire ressembler à un hamster.
"Bastien arrête!" beuglai-je (si si, ça faisait comme les vaches!) même si les sons indescriptibles sortant de ma bouche durent se heurter à un mur.
Il commença alors à me tirer les joues, comme on ferait avec un nourrisson ou un gamine de cinq ans. Mais pas une adolescente!
"_ Tu rigoles là j'espère? s'exclama-t-il. Toi tu as le droit de m'exaspérer avec tes questions existentielles, mais j'ai pas le droit de te faire chier?
_ On dirait bien que non. D'ailleurs j'en ai une nouvelle!
_ Je le savais...
_ Comment ça?"
Ses pupilles semblèrent fouiller les miennes un instant, puis il reprit, en regardant droit devant lui:
"_ Je te connais par cœur. T'es comme un livre ouvert, je t'ai déchiffrée. Je suis désolé, Princesse, mais c'est comme ça, tu n'as plus aucun secret pour moi. Je peux anticiper toutes tes réactions.
_ Ah vraiment? demandai-je, agacée.
_ Oui, vraiment, j'ai compris ton mécanisme cérébral et je sais exactement ce que tu vas faire à chaque seconde de ton existence. Je t'ai cernée.
_ Rien que ça! Je ne te crois pas.
_ Ah non? Tu vas faire sembler de bouder, t'éloigner de moi, peut-être même croiser les bras sur ta poitrine pour te donner de la contenance et regarder en l'air avec un air faussement hautain. Je vais alors t'enlacer, tu vas sourire bêtement en te serrant contre moi et me trouver une énième question existentielle dont j'ignore la provenance. Je me trompe?
_ T'es complètement malade! Et vantard en plus!
_ Est-tu au courant que tu éludes là?
_ Tu sais ce que ça veut dire? lui demandai-je, sarcastique.
_ Et une seconde foi! Oui, j'ai cherché, après que tu m'aies à moitié menacé de mort!
_ Et je suis prête à le refaire!
_ J'imagine.
_ Mais ça ne prouve absolument rien. Désolée mon cher ami, mais tu te trompes. Tu ne sais rien de moi, mis à part ce que je t'ai laissé savoir.
_ Vraiment? Je peux te prouvez que tu as tort. J'ai compris des trucs sur toi que tu n'as même pas encore réussi à déchiffrer.
_ Alors vas-y, j'attends.
_ Très bien. Alors déjà tu es très très chiante. Mais vraiment. Au concours mondial de la chiantissité, tu arriverais première. Ou peut-être ex aequo avec Pierre. Lui aussi ce qu'il est pénible! ( je souris malgré moi). En plus d'être chiante tu es maniaque, limite folle. Mais ce qui est étrange, c'est que t'es complètement bordélique. J'ai vu l'état de ta trousse, et permets-moi de te dire qu'on dirait une décharge. Quoi d'autre? Ah! T'es vraiment pas douée. Une vraie catastrophe ambulante! (il se mit à rire tout seul) Tu tombes, sans arrêt, tu te cognes, tu frappes les gens, un vrai boulet. En plus on dirait que tu le fais exprès parfois. Après je sais pas pourquoi. Tu ne sais pas marcher non plus. Tu casses tout, permets moi d'ajouter aussi que je ne te confierai jamais un objet de valeur, tu risquerais de le défoncer, rien qu'en le regardant. Quoi d'autre?
_ C'est déjà pas mal.
_ Et c'est pas fini (suis-je la seule à avoir pensé à la pub SFR?) T'as tendance à te croire supérieure dans certains domaines et à te dénigrer dans d'autres. T'as autant de force qu'un moineau...
_ Eh! C'est pas vrai! le coupai-je
_ Ouais, t'as raison. Plutôt qu'un brin d'herbe.
_ Salaud! Un jour je te ferai une prise de catch et tu t'en relèveras pas!
_ C'est beau de rêver... Ah oui, t'es vraiment têtue, tu supportes pas d'avoir tort, c'est un truc de malade! Quoi que tu penses, il faut absolument que le monde entier soit de ton avis, sinon ça ne va pas du tout! Tu trouves même le moyen de tout détourner pour avoir raison. Ouais, détourner les phrases c'est ton truc! Bah oui, Madame a beaucoup de vocabulaire! (il se mit à rire tout seul, je le fixai, incrédule, me demandant si j'étais aussi horrible qu'il le disait) Qu'ajouter? Ah! Je sais, tu hais les gens qui te détestent, simplement parce qu'ils te détestent!
_ C'est entièrement faux!"
Il se racla la gorge pour me faire comprendre que j'avais tort.
"_ Parlons donc de Lisa!
_ C'est pas pour ça que je l'aime pas...
_ Pourquoi alors? (je détournai le regard)
_ Alors autre chose?
_ Bien entendu! Bah déjà tu sais pas, mais vraiment pas du tout, mentir. Et t'es pas discrète... dans tout ce que tu fais. Aurais-tu des gênes de pachyderme?
_ Je le prends très légèrement mal.
_ Ah oui, t'aimes bien l'ironie.
_Ou les euphémismes. Ah... j'oubliais, tu sais pas ce que c'est!
_ Et tu aimes bien prouver ta supériorité quand tu te sens menacée! T'as aussi un besoin inéluctable de contrôler chaque seconde de ton existence, parce que tu crois que ça te mets en sécurité, mais c'est pas le cas du tout. Ce qui fait que t'as l'air complètement psychorigide, alors que pas du tout. Sauf que t'as des sautes d'humeur hyper fréquentes... Dis moi, tu as toujours tes règles?
_ Ahahah." m'exclamai-je sarcastiquement.
Comment dire que je les avais en ce moment?
"_ Mais c'est ça le problème, malgré ce besoin oppressant de tout prévoir, tu as le sang chaud et tu agis sur un coup de tête, sans penser aux conséquences. Tu te laisses trop vite guider par tes émotions. D'ailleurs tu sais pas les cacher non plus, on sent tout de suite quand il y a un problème, surtout que tu sais pas mentir... Enfin voilà, un jour ça va te porter préjudice...
_ T'es chiant.
_ Aussi, t'es la personne la plus susceptible que je connaisse, c'est un truc de malade! ajouta-t-il en ignorant royalement ma remarque. Tu fais tout le temps la gueule c'est pénible! Tu te plains sans arrêt! En gros, t'as un caractère de merde. T'as une passion pour des fruits... Tu fais des fixettes parfois, on sait pas pourquoi. En fait tu prends tout trop à cœur. Un rien te met dans un état mémorable. (je rougis à l'évocation des dernières minutes) Tu veux jouer les dures, mais t'es une petite fleur fragile qui nécessite une aide ou un protecteur. T'as énormément besoin de soutien, même si tu refuses de l'avouer. Aussi, tu accordes très vite ta confiance mais tu t'attaches vraiment très tard. T'as toujours besoin d'être rassurée pour te sentir en sécurité. Que dire d'autre? Tu es hyper jalouse c'est un truc de malade! T'as besoin de te sentir entourer, mais si on est trop là tu t'énerves et tu te bars. Tu as besoin de toujours connaître l'avis des autres et tu agis en conséquence. T'accordes beaucoup trop d'importance à ce que les autres pensent. Tu rougis tout le temps c'est un truc de malade! Si t'étais un fruit tu serais une tomate!
_ Et toi un citron, t'es hyper acide!
_ Et t'es pas drôle non plus! Enfin si, mais c'est à tes dépends, disons que tu fais pas exprès! T'es hyper prévisible aussi, jamais rien de différent toujours pareil pour pas brusquer tes petites habitudes. T'es comme une personne âgée dans ta tête!
_ Je croyais que j'étais une enfant, faut faire un choix enfin!
_ Oui, mais t'es tellement controversée que t'as des périodes! En fait t'es hyper compliquée et je suis persuadé que toi-même tu te comprends pas... (il se tut et m'étudia longuement en attendant une réponse)
_ Pourquoi tu restes avec moi alors, si je suis aussi horrible?" fut la seule chose que je réussis à articuler en vue de tous ces défauts qui étaient tous, véridiques.
Il prit alors mon visage entre ses mains et scruta mes pupilles.
Son regard prit soudain une teinte très claire et une douceur incomparable. Il sourit légèrement et je me demandai quelle connerie il allait pouvoir inventer pour se rattraper.
"Parce que tu es toi et c'est déjà suffisant. T'as peut-être tous les défauts du monde et une chiantissité à toute épreuve, mais je t'aime comme ça. Et même si tu me fais chier à quatre-vingt-dix pour-cent du temps, je verrais plus ma vie sans toi. Je suis comme addict, t'es ma drogue. Et même si je sais que t'es nocive avec ton caractère de merde, tu me manquerais si t'étais pas là. J'y peux rien, mais je m'attache un peu plus à chaque seconde que je passe en ta compagnie. En fait je m'en fou de tes conneries, de tes question ridicules, ou de tes obsessions bizarres. Et même si tu fais la gueule environ six fois par jour peu importe. Tu viens sûrement d'une autre planète, ça pourrait expliquer pas mal de choses, mais je suis heureux que t'aies atterrie ici, parce que c'est ta place. Avec moi. Je me verrais plus sans toi. Et j'aime te protéger parce que t'en as besoin. Les autres pourront croire ce qu'ils veulent, je t'ai percée à jour. Il te faut un appui ou quelque chose pour t'aider, et cette personne c'est moi. Et personne d'autre... Putain je suis en train de tomber dans le niais! Faut que j'arrête de faire du sentimental là!"
Je le regardai un instant puis me mis à sourire. Pas d'un sourire Colgate jusqu'aux oreilles avec des dents ultra-blanches, mais un tout petit, empreint de délicatesse et de bonheur, parce que je savais qu'il était adéquat au moment. Parce que Bastien ne se livrerait plus jamais autant.
"Tu comptes énormément pour moi, mon Bastienou (moche, hein!) et moi non plus j'imaginerais plus ma vie sans tes sourires sarcastiques ou ton air de supériorité face à ma, comme tu dis, désespérance. Il fallait qu'on se rencontre, c'est comme une évidence. Je pense que je peux croire au destin si c'est pour toi. Tu es peut-être mon destin."
Nous nous fixâmes en silence sans savoir quoi dire ni quoi faire.
Puis il sortit, tout naturellement, comme pour achever ce moment totalement dépourvu d'intelligence et qui dégoulinait autant que de la guimauve.
"Tu me fais quand même vraiment chier!"

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Coucou!
Déjà je voudrais m'excuser pour ce chapitre tellement niais que ça pique les yeux!
Mais j'étais dans une période de besoin de romantisme quand je l'ai écrit... et j'ai pas pu résister...
Alors voilà!
Désolée pour ceux qui trouveront ça trop gnangnan (Alice si tu es là) et que ça dégouline en mode pas possible amy383 si tu nous regardes!
Enfin voilà! Dites moi ce que vous pensez de ce chapitre et à quel point c'est gnangnan... J'assume c'est limité ridicule! Mais bon je voulais prouver l'attachement de Bastien autrement que par des gestes pour une fois... Enfin voilà!
Bisous à tous!
(^^ vous avez vu mon média?!?!)

L'amiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant