CHAPITRE 15: LE MOT

303 25 5
                                    

"_ C'était quoi ça? cria Camille à la sortie du cours.
_ Bah rien."
Nous nous dirigions vers la cantine.
"_ C'était adorable n'empêche, le chevalier qui vient sauver sa dulcinée.
_ Non, je reformule: l'AMI qui vient aider sa patate d'AMIE complètement ridicule!
_ Pourrais-tu être un tant soit peu honnête avec moi?
_ Oui.
_ Avoue t'étais contente.
_ Bien sûr! Ca fait toujours plaisir de ne pas mourir, mais c'était normal.
_ C'est ça..."
Après avoir posé nos sacs et nous être dirigées vers la file qui attendait d'entrer dans le self, je lui soufflai dans l'oreille:
"_ Il est vraiment venu me porter secours quand il m'a vue tomber alors qu'il faisait autre chose?
_ Ouais. C'était mignon. Mais il avait déjà un œil sur nous... Enfin nous...
_ Pfff. Tu te fais des films. "lui répondis-je, un grand sourire se formant sur mon visage.
. . .
Je m'assis à ma place habituelle, près de Bastien. Il prenait des mèches de mes cheveux entre ses doigts et les faisait tourner tandis que je riais bêtement. Le prof entra à cet instant alors que je gloussais l'air désinvolte. Il inscrit des calculs au tableau puis se retourna enfin, nous toisa, et planta son regard froid et démoniaque sur moi.
"_ Cette très chère Juliette a décidé de se mettre à côté de notre ami Bastien. C'est charmant. REPRENEZ VOS PLACES! Mais où vous croyez vous Mademoiselle?
_ Euh... je... suis désolée.
_ Dépêchez vous!"
Je sautai de ma chaise et rassemblai mes affaires. Louis fut comme réveillé par ma course autour de lui.
"Puisque Mademoiselle Martin, vous aimez vous déplacer, venez donc à mes côtés."
Oh non...
"_Cette jeune fille ici présente à tendance à oublier qu'elle n'est qu'une élève dans cet établissement et qu'elle ne peut pas faire tout ce qui lui plaît en toute impunité. Cependant, puisqu'elle est persuadée qu'elle n'a plus rien à apprendre, peut-être qu'elle peut résoudre les équations que j'ai inscrites au tableau.
_ Je... non, je ne pense pas tout savoir. Je ne sais pas...
_ Et elle croit avoir le choix? Je vais être plus clair. Résous-moi ça! Maintenant. Je vais te laisser prouver ta soi-disant supériorité. Fais les quatre équations de Terminales et je te noterai dessus. Coefficient cinq."
Le sadique.
"Ah oui, j'oubliais, elles ont été mises au Bac des Terminales S l'an dernier. Mais puisque tu comprends tout..."

Je cru tout d'abord que j'allais fondre en larmes. Ou que mes jambes allaient me lâcher à cause de mes tremblements.
Pourquoi moi?
"Juliette, nous n'avons pas toute la journée."
Je cherchais un soutien de la part de mes amis. Camille me lança un regard empli de compassion et Bastien plein d'excuses. Pourtant il m'indiqua rapidement le tableau. Il fallait que je le fasse.
Je me tournai alors vers celui-ci, saisis la craie et me rendis rapidement compte que: je ne comprenais rien.
. . .
La première formule aurait pu être écrite en russe que je ne l'aurais pas mieux déchiffrée.
Je sentis des sanglots remonter le long de ma gorge.
"Bon, je vais être généreux, Juliette. Ouvre ton livre page 428, ils t'expliquent comment résoudre ça."
Je me jetai sur le bouquin et tournai les pages avec une vitesse phénoménale. Mes doigts tremblaient frénétiquement et je devais être aussi rouge qu'une pivoine.
Il n'avait pas tort. Le livre me permis de déchiffrer un minimum les expressions. Je commençai à les résoudre en tâchant de ne pas le regarder pour ne pas avoir peur et perdre mes moyens.
. . .
Je ne sais trop comment je réussis à les terminer. Le prof s'avança alors vers le tableau en ignorant totalement mon existence et lu le tout avec attention. Il murmurait des chiffres inaudibles dans sa barbe.
"Bien!"
La sentence allait tomber.
"La première est... correcte. (soupir de soulagement) La seconde également. Et la troisième. Quant à la dernière, elle est complètement fausse."
Je sentis mon cœur se desserrer rapidement.
"_ Soyons clairs, Juliette. Tu as des facilités en Maths, certes, mais j'ai encore des choses à t'apprendre. Si jamais je te revoie avec cet air de supériorité, je te vire de mon cours. Retourne à ta place."
Je marchai en fixant le sol jusqu'à atterrir sur ma chaise.
Je me faisais alors toute petite et tentais de faire oublier mon existence. Ce fut un échec. Tous se retournèrent au moins une fois pour me fixer avidement. Julien, lui me lança un grand sourire alors je lui rendis.
"Ouvrez vos livres page 104."
Je me tus et gardai le silence jusqu'à la fin du cours.
. . .
La sonnerie retentit. Alors que tous les élèves étaient sortis et que le prof rangeait ses affaires, je me dirigeai vers lui.
Quand il me vit, il soupira.
"_ Oui, Juliette.
_ Je tenais à m'excuser. Je ne voulais pas avoir l'air aussi désagréable et désinvolte. Je tâcherai de rester à ma place parce que vous avez encore beaucoup de choses à m'apprendre. En plus j'aime vraiment les Maths alors j'aimerais sincèrement que vous m'enseigniez tout ce que j'ai à savoir."
Il soupira à nouveau et s'assit sur sa chaise.
"_ Juliette, si je suis comme ça avec toi c'est parce que tu es douée. Mais tu as tendance à trop t'en vanter. Tu ne sais pas tout et tu ne le sauras jamais. C'est impossible de tout savoir. Il faut de la discipline et de l'ordre pour être un bon mathématicien. Toi tu te laisses trop vite emballer, tu agis sur un coup de tête et tu veux aller trop vite pour prouver que tu es la meilleure. (je rougis) Alors tu fais des erreurs. Tout le monde en est conscient ici, mais ce n'est pas une course. Le but est de tout assimiler et peu importe le temps que ça te prend. Tant mieux si tu comprends mais tu dois aussi penser à ceux qui ont plus de difficultés.
_ Je suis désolée, Monsieur.
_ Bah! Tu n'es pas une mauvaise fille, tu es juste entêtée. Je voulais que tu aies un électrochoc pour que tu reviennes à ta place d'élève.
_ Je l'ai eu, Monsieur.
_ Bon... C'est bien. Je voudrais maintenant que tu te mettes vraiment à 100% dans les mathématiques. Tu as des facilités et tu dois en profiter. Quelle filière vas tu prendre l'an prochain?
_ S.
_ Et que veux tu faire plus tard?
_ Je ne le sais pas encore.
_ En tout cas les mathématiques t'aideront pour tout ce que tu entreprendras. Je compte sur ton assiduité en classe et un comportement exemplaire.
_ Je vous le promets, Monsieur.
_ Bien, je crois que je ne te noterai pas ces équations dans la moyenne, ce ne serait pas juste.
_ Pourquoi, combien j'ai eu?
_ 18,5.
_ La dernière n'était pas fausse?
_ Non, quoiqu'elle était incomplète, mais il fallait bien te remettre à ta place.
_ Oh... En tout cas merci beaucoup.
_ Bonne journée, Juliette."

L'amiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant