RUSSELL/ Le gentil garçon et la fée

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Il était une fois un gentil garçon à qui il manquait quelque chose.

Le garçon sentait que cette chose lui manquait mais il ne savait pas ce que c'était. Le garçon mangeait à sa faim, avait des habits pour lui tenir chaud et un toit au-dessus de sa tête. Il venait d'une famille pauvre mais avait toujours travaillé dur pour ne jamais manquer d'argent non plus. Non. Ce qui manquait au gentil garçon n'était pas quelque chose de palpable. Il manquait quelque chose dans son cœur. Pourtant, le garçon avait une famille affectueuse et beaucoup d'amis. Il aimait ses proches et les proches du garçon l'aimaient en retour. Malgré tout, quelque chose lui manquait et cela le rendait triste. 

Un jour, pour oublier sa tristesse, le garçon décida de partir à l'aventure. Il croisa le chemin de trois troubadours et, ensemble, ils marchèrent vers la ville des rêves. On dit que tous les vœux pouvaient y être exaucés. Sûrement, le garçon pourrait enfin trouver ce qui lui manquait tant.

Sur le chemin, il fit connaissance avec les troubadours. Ensemble, ils jouèrent des mélodies si belles et enchanteresses qu'il oublia un instant le vide dans son cœur et ne vit même pas les jours s'écouler. Et c'est en musique qu'ils arrivèrent aux portes de la ville des rêves. C'était une très belle cité, pleine de vie, de soleil et de couleurs. Les maisons, les plats, les tissus, les chansons, tout semblait exquis aux yeux du garçon et de ses amis troubadours.

Émerveillé par tant de beauté, le garçon avait complètement oublié sa tristesse quand une fée s'approcha de lui. Elle était belle, dotée d'une chevelure de lumière, d'une peau parsemée d'étoiles et d'un regard pareil à l'éclat de mille émeraudes. Le garçon n'avait jamais vu créature aussi sublime et, tout naturellement, il tomba amoureux. Voilà ce qui lui manquait ! Mais la fée passa sans un regard pour le garçon et continua sa route. Le cœur lourd, le garçon sentit sa tristesse revenir, plus forte encore. Ne pouvant supporter cette douleur plus longtemps, il se mit à la recherche de la belle fée. Il chercha jour et nuit dans toute la cité mais ne la retrouva pas.

Le lendemain matin, alors que le garçon commençait à désespérer de ne jamais revoir sa belle fée, elle apparut à nouveau. Quelle joie ! Et quelle splendeur ! Le garçon se sentit revivre. L'amour qui lui manquait était là. Une fois encore, la fée passa sans le voir mais cette fois-ci le garçon était prêt. Avant que la fée n'échappe à sa vue, il se mit à sa poursuite. Oubliant ses pieds endoloris, il la suivit dans toute la ville sans jamais la perdre vue.

La nuit tombée, elle s'arrêta s'éloigna des lumières de la ville et entra dans une petite maison à l'aspect sinistre. Le garçon prit peur. Que venait faire sa belle fée près de la maison d'une sorcière ? Il fallait qu'il la protège ! Prenant son courage à deux mains, il entra à son tour dans la maisonnée. Quel ne fut pas son soulagement de voir devant lui la fée, indemne, poser ses yeux éclatants sur lui.

« Que fais-tu ici, mon gentil garçon ? le questionna-t-elle avec curiosité. Ne sais-tu pas qu'il est dangereux de s'aventurer dans la demeure d'une sorcière ? »

« Bien sûr ! clama le garçon. C'est justement pour cela que je m'inquiétais. Mais ne craignez rien, belle fée, je saurais vous protéger ! »

Devant cette brave déclaration, la fée se mit à rire. Elle rit et rit, tellement que les traits de son visage commencèrent à se déformer, et quand elle s'arrêta enfin, une vilaine sorcière aux traits hideux avait pris sa place.

« Ciel ! » s'écria le pauvre garçon. Il n'en revenait pas. Sa belle fée n'était autre que le déguisement d'une vile sorcière et il était tombé droit dans son piège.

« Qu'allez-vous faire de moi ? » pleura-t-il.

« Je vais t'arracher le cœur, ricana la sorcière aux yeux de fer, et le cuire à petit feu. Puis, quand il sera à point, je le jetterai au fond d'un ravin. »

Depuis ce jour, le gentil garçon ère dans les rues de la ville des rêves et, derrière lui, ses amis troubadours chantent en chœur :  


« V'là le garçon qui cherchait c'qui lui manquait.

Il voulait d'l'amour mais rien n'suffisait

V'là le garçon qui cherchait le bonheur

Le gentil garçon à qui il manque un cœur. »


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INATTENDUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant