SHINE/ J'ai crié et j'ai frappé et j'ai griffé

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Toutes les bonnes choses ont une fin, dit-on. Je l'ai appris à mes dépens en rentrant d'une nuit de liberté intense. 

Motivée par cette soif d'en connaître plus sur le monde extérieur, ce monde dont je n'avais jamais soupçonné l'existence, j'ai fugué et rejoins ces jeunes inconnus à un concert. Ce soir-là a été le théâtre d'une longue liste de premières fois : première soirée, premier buffet à volonté, premier concert, première danse endiablée, premier malaise en pleine foule, premier verre d'alcool, premier baiser et, surtout, première rébellion.

En rentrant à l'hôtel, mon père m'attendait de pied ferme. Je ne l'avais jamais vu aussi furieux et je savais déjà quelle punition m'attendait. En temps normal, j'aurais accepté mon erreur sans broncher, mais quelque chose était différent ce soir-là. Quelque chose avait changé. J'avais changé.

Je n'étais qu'au début de mes découvertes et de la nouvelle vie qui s'offrait à moi. Pourtant j'étais devenue une autre personne. Cette simple journée, en si peu de temps, m'avait transformée. J'avais enfin les yeux ouverts. Enfin, je voyais, je comprenais. Ce doigt que mon père pointait, je n'étais pas obligée de le suivre. Et cette punition qu'il voulait m'infliger, je n'étais pas obligée de l'accepter.

Et comme pour me conforter dans ma décision, mes nouveaux alliés ne me lâchèrent pas. Je me souviens encore de leurs silhouettes qui se sont intercalées presque d'un même geste entre lui et moi. C'était si émouvant. Si rassurant. Savoir que ces gens, que je connaissais pourtant si peu et qui m'avaient déjà apporté tellement, étaient prêts à me défendre. Que ce n'était pas moi la fautive de l'histoire. Que je n'étais pas seule.

Et quand mon père a fait intervenir la sécurité de l'hôtel, ils se sont battus avec fougue. Alors je me suis battue aussi. J'ai crié et j'ai frappé et j'ai griffé et c'était si bon, si libérateur.

Alors, même si les agents de sécurité ont fini par prendre le dessus, même si j'ai été contrainte à retourner chez moi et subir ma punition, ce n'était pas grave. Ce n'était pas grave parce que j'étais heureuse. Parce que je n'étais plus seule. Parce que j'avais goûté à la liberté et que rien n'aurait pu me retirer cette jouissance que je ressentais.

Parce que le combat ne faisait que commencer.


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INATTENDUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant