Part 15

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"Ces cons vont s'entretuer" murmura Ashtray. Rue tremblait, recroquevillée sur le siège arrière de la voiture. Comment les choses avaient pu aussi mal tourner ? Comment se retrouvait-elle de problèmes d'admission à la fac à être sur un parking au milieu d'une guerre de gang ?

"Il faut qu'on fasse quelque chose" dit Ashtray à Clive.

Celui-ci resta silencieux. Il composait un message sur son téléphone.

"Oh ! Clive ! Qu'est-ce qu'on fait ? le pressa Ashtray

- On attend les renforts.

- Les renforts ? Tu te fou de moi ? Le temps qu'ils arrivent, ils seront tous morts et Fez en premier.

- Ils ne vont pas tarder. Et là on peut rien faire Ash ! Tu vas faire quoi, débarquer au milieu de ces mecs et leur demander de faire la paix ?"

Ashtray respirait nerveusement. Rue voyait Clive tripoter son pistolet sans savoir quoi faire. Elle se décala légèrement et elle vit Fez. Il était au milieu des deux groupes d'hommes, dans le no man's land. Il n'avait pas l'air d'avoir peur pourtant. Elle aurait voulu voler à son secours. Elle aurait voulu avoir un produit qui les transporte vers un autre univers. Elle se revoyait le jour de la mort de son père, pleurer dans ses bras après avoir avalé des pilules hallucinogènes. Et ce jour où il n'avait plus voulu lui vendre de drogue malgré ses cris hystériques et son discours culpabilisateur. Elle se souvenait de ces journées au parloir, de son sourire quand il la voyait arriver. Elle pensait aussi à cette semaine, à son bras posé sur elle quand il essayait de se relever, à ses cicatrices dans le dos qu'elle avait observées sans qu'il la voit, à l'odeur de ses vêtements, au bouquet de fleurs qu'il avait posé sur la table, à son souffle quand il dormait profondément. Elle ne pouvait pas le voir mourir devant ses yeux. Elle préférait y passer aussi.

Elle ouvrit la portière de la voiture et sans entendre les injures qu'Ashtray lui lançait, elle se dirigea vers le bâtiment. Tout était perdu de toute façon, autant tenter l'impossible. Elle enjamba les deux cadavres du rez-de-chaussée puis gravit les étages comme si elle allait y trouver Dieu. Elle leva les mains en l'air comme dans les films et annonça sa présence. Elle avait l'impression de planer. D'avoir pris des doses et des doses d'antalgiques, ses pas étaient si légers, sa tête était vide.

L'un des gars l'attrapa par le bras et appuya son canon contre sa tempe. "T'es qui toi?" hurla-t-il en l'emmenant vers Grid, Mouse et Fez.

Euphoria : LibertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant