Chap 4

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Louis.
Quelques jours plus tard.



Je suis avec mon café, dans mon jogging, encore torse nu, le nez collé à la fenêtre.

Ah le voilà, il part. Bonne journée M'sieur Bouclette.

Mais il a un regard de plus en plus fatigué que je n'aime pas, triste même. Je le vois encore mieux maintenant, il traverse et se met sur le trottoir d'en face.

Il a levé la tête vers la façade, mais ne m'a pas vu je crois. Heureusement, je dois faire un peu psychopathe pour le traquer comme ça derrière ma fenêtre. Ou commère. Une commère psychopathe, oui voilà.

Je vais lui faire un petit panier pour ce soir ... avec du vin? Il boit du vin ? Il a une tête toute mignonne à ne boire que du chocolat chaud lui. Bon je prendrais un vin doux et fruité qu'il puisse aimer ... et j'y mettrai Grease ! Ça remonte le moral de tout le monde de regarder ce film, non ? Assurément, tout le monde est heureux quand il regarde Grease !

Mais j'espère qu'il apprécie mes cadeaux. C'est sur que ça ne fait plus du tout gentille attention d'un voisin ou d'une voisine mais plus la traque obsessionnelle d'un fou. Surtout si je commence à y mettre autre chose que mes gâteaux... Mais bon, tant qu'il ne sait pas que c'est moi, tout va bien.

Je ne l'ai jamais vu passer en dehors de son heure du matin et du soir. Et encore, des fois je ne le vois même pas. Je déteste quand je le rate ... comment je suis censé passer une bonne journée moi après ? Ah ben en espérant que je ne le rate pas quand il rentre le soir tiens ! ... une commère psychopathe qui le traque, tout à fait.

Mais ce sont les seuls moments où je peux l'apercevoir... Évidemment je ne passe pas ma journée les yeux fixés sur la rue, mais même quand je fume en fin de soirée ou le week-end, je ne le vois jamais. Après réflexion, soit je l'ai toujours manqué, ce qui est franchement possible, soit il ne sort pas beaucoup en dehors de son travail. Je ne l'ai jamais vu accompagné non plus d'ailleurs. Peut être que lui aussi il vit un peu reclus chez lui. Mais vu son air triste et lasse, pas sûr que cette situation lui convienne.

J'aime pas cette idée. Je n'attends rien de lui, je n'ai pas besoin de remerciement ou de reconnaissance. Je ne veux pas déranger sa vie. Juste lui apporter un peu de réconfort si je le peux.


Ma matinée passe vite et je file faire des courses à l'heure du déjeuner. Je reviens ensuite les bras chargés d'ingrédients de pâtisserie surtout, j'ai utilisé mes dernières réserves dans les cookies. J'espère qu'il les a aimé d'ailleurs. Mais si ça se trouve il n'aime même pas les pâtisseries.

Je pose mes sacs dans ma cuisine et me fige. Zut je n'y avais jamais pensé. Peut être qu'il est de ceux qui n'aime pas le sucré, ou encore plus bizarre le chocolat.

Re-zut j'espère que ce n'est pas le cas j'avais envie de faire un brownie.

D'ailleurs faudrait que je m'y mette. Au pire je le garde entièrement pour moi, j'y réfléchirai plus tard.

Je le fais rapidement, le mets au four et me fais cuire des pâtes. Je les remue perdu dans mes pensées.

Si j'ai envie de lui refaire un panier cadeau. Je n'aime vraiment pas cet air malheureux sur son visage.

Mais dans quoi je pourrais lui donner cette fois ? Ça ne rentrera pas du tout dans mes petites boites à gâteaux. Réfléchis Louis, réfléchis. Je remue encore mes pâtes, quand l'alarme sonne. Je les égoutte et me les mets dans un bol avec un peu de fromage dessus. M'adosse à mon plan de travail et commence à les manger. Mais ? J'ai raté la cuisson ... beaucoup trop cuite ! J'avais mis l'alarme pour le temps de cuisson, comment j'ai pu les rater ? Bon c'est mangeable mais pas terrible. Je ne suis définitivement pas un cuisinier. Je n'ai jamais compris d'ailleurs comment je pouvais réussir mes pâtisseries et être aussi nul en cuisine, même pour des choses aussi simple. Un mystère.

Je finis de manger ce repas d'exception et me reconcentre sur ce qui est vraiment important: le cadeau de Bouclette.

De toute façon j'ai acheté tout ça pour lui alors autant allez au bout de l'idée. Je file dans ma chambre à la recherche d'une idée. Mes yeux parcourent mes étages et tombent sur mes boites à chaussures. Voilà, parfait ! J'en attrape une qui était déjà vide vu que mes chaussures traînent toujours dans l'entrée et retourne en cuisine.

Je place dedans la bouteille de vin, il est léger et doux. Je l'ai déjà bu celui là, il est bon, peut être qu'il lui plaira aussi. Je lui glisse le dvd de Grease, oui je l'ai racheté rien que pour lui, j'allais pas lui donner le mien non plus.

Ah, le four sonne, je sors le brownie. Il fume, je le pose sur le comptoir pour le laisser refroidir un peu. Il sent très bon, j'en souris, il à l'air réussis.

J'attrape ensuite un bout de papier et y écrit un simple " Bonne soirée ". Je ne vais pas mettre, " Eh je ne veux pas que tu es une tête triste " ou " Tiens cadeau du fou qui t'observe au quotidien ". Ouai je vais rester sur quelque chose de simple. 

Je retourne ensuite à mes dessins, j'ai un croquis à avancer cette après- midi. Sur ma grande table de salle à manger, enfin mon bureau, je m'étale avec mes grandes feuilles d'études de bâtiment et mes projets. Je dessine les premiers jets du plan d'aménagement de l'entrée et du rez de chaussée de l'immeuble. C'est vraiment ce que je préfère dans mon métier, penser et concevoir, laisser libre cours à mon coup de crayon et mon imagination et voir ce qu'il en sort.


Dans l'après-midi je fais une petite pause pour me faire un café. Arrivé en cuisine, je tombe nez à nez avec le brownie. Ah oui, faut il aller Louis, c'est bien de l'avoir fait, faut lui apporter maintenant.

Je place mon plat en verre rectangulaire à côté de la bouteille et remets le mot dessus et pars en direction de son étage.

Il va se retrouver avec une pile de boite et de plat lui à la longue ... et moi avec un placard vidé. Tant pis j'en rachèterai. Sinon je lui mettrai sur un prochain mot " Merci de me remettre les boîtes vides sur ton paillasson pour que je puisse te les re-remplir de gâteaux. " Je lève les yeux au ciel. N'importe quoi. Comment passer encore plus pour un psychopathe, ou une grand-mère qui veut le gaver de pâtisseries. J'en rachèterai, ça sera mieux.

J'arrive sur son palier, et fais bien attention à ne croiser personne. Heureusement que je ne monte ici qu'en pleine journée et n'y vois personne. Surtout son voisin de palier, il est un peu bizarre et grincheux. Il poserait quinze-mille questions et me ferait un véritable interrogatoire de ce que je fabrique à cet étage, j'en suis sûr. Il m'avait saoulé pendant au moins vingt minutes une fois parce que je m'étais trompé de boite aux lettres, c'est bon, la sienne est à côté de la mienne et j'étais fatigué ce jour-là. J'allais pas lui voler son courrier. Il n'a pas intérêt à venir fouiner dans mes cadeaux d'ailleurs ! Arf' j'espère qu'il ne vient pas voir ce que c'est ni ne les pique. Bon normalement ça devrait aller, il travail dans la restauration et rentre beaucoup plus tard après ces services.

Je reviens tranquillement chez moi avec le sentiment du devoir accompli. Je bois mon café en me remettant au travail. Plus qu'à attendre. Deux heures. Dans deux heures je le verrai. 


Muffin MyrtilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant