Muffin Myrtille

Chap 6

Louis
Quelques minutes avant. 

Je viens de finir ma clope histoire de calmer mes nerfs. Putain il m'a vu. Je n'arrive pas à m'enlever ça de la tête.

La honte. Je ne vais plus oser croiser son regard maintenant. Plus le croiser tout court. Ne plus croiser personne même. Je ne sors plus de chez moi.

Il va me prendre pour un fou. Un fou qui passe son temps à lui faire des petits gâteaux. Un psychopathe. Voilà un psychopathe obsédé des pâtisseries.

Et si en plus il s'est rendu compte que comme par hasard à chaque fois qu'il sort ou rentre dans l'immeuble je l'observe, c'est sur il a du déjà prévenir la police ... ou l'asile. Ouai c'est sûr, l'asile psychiatrique.

Je marche nerveusement, faisant des aller retour dans mon salon, quand ça toque à la porte.

Je sursaute. Le personnel de l'asile est déjà là ?! Oh ils ont fait vite.

J'avance prudemment et regarde par le trou de la porte. Je ne vois rien. Pas d'homme en blouse venant me chercher.

J'entrouvre la porte.

- Oui ?

Je sors la tête un peu plus et en regardant autour, mes yeux tombent sur une boite sur mon paillasson. Personne à l'horizon, juste une boîte.

Oh ! Je la reconnais ! C'est ma boite à chaussure ! Celle qui était encore devant chez lui ... Mais c'est pour moi ? Elle était vraiment pour moi ?

Je le prends et referme vite la porte.

Quand je l'ai vu devant chez lui, j'ai cru que quelqu'un d'autre lui faisait des cadeaux aussi. Ça m'avait fait une pointe au cœur si je devais être honnête. Même si j'ai trouvé ça étrange que ça soit les mêmes chaussures que moi. Bon après je ne suis pas seule à porter ce modèle. Ou peut être qu'il l'avait laissé là parce qu'il en avait marre de mes boites et n'en voulais pas. Je me demandais ce qu'elle faisait là au moment où j'ai entendu des pas dans mon dos. Et après, plus le temps de réfléchir !

Je la pose sur le bar et l'ouvre pour y trouver un mot :

" C'est pour toi :)

Merci d'illuminer mes soirées ... et ma vie
J'espère que tu aimeras ce petit cadeau

Belle soirée
Harry "

Illuminer ses soirées .... sa vie ?... Je sens mes joues se chauffer un peu. Hein Louis ?! T'es sérieux là ? Tu rougis ?

Oui, j'en rougis et j'en ai même le cœur qui bat bien vite.

Je regarde dessous, dans la boîte, et en sors une grande bouteille ... tient de la bière de Noël. J'adore la bière mais en bois rarement avec des épices, ça me changera. D'habitude j'en reste toujours au classique, au chose de base, je n'aime pas spécialement les trucs chics et compliqués la plupart du temps. Je la pose à côté et vois un petit livre. Je le feuillette, de la poésie ... il lit de la poésie. Je trouve ça tellement attendrissant. Je l'imagine déjà m'en lire pendant que je l'admirerai, détaillant chaque détail de sa beauté, étendu à côté de lui. Parce que même dans la précipitation, ça je l'ai bien remarqué ... il est tellement beau.

Je récupère ensuite un sachet de papillote. Il aime autant le chocolat que moi ? Tant mieux, je pourrais continuer de lui faire des gâteaux avec alors ... ou pas faut que j'arrête. Il sait que c'est moi maintenant.

Il y avait de l'étonnement dans son regard, mais il ne semblait pas énervé ou en train de se dire que j'étais un taré qui le traquait jusqu'à chez lui. Sa voix était douce, quand il m'a dit de ne pas partir ... il ne semblait définitivement pas énervé contre moi. Mais j'ai eu peur. Ouai j'ai paniqué.

Je me suis retrouvé face à lui et j'ai complètement perdu mes moyens, je ne savais plus quoi faire.

J'étais sous le choc de le voir, si près, devant chez lui ... bon ça ce fut toujours un risque, mais il n'est jamais chez lui en milieu d'après midi comme ça d'habitude ! Pourquoi est- il rentré plus tôt aussi ?!

J'étais encore en train de me demander ce que faisait ma boite à chaussure devant chez lui, alors en plus gérer l'information de sa venue non prévue, ce fut trop pour moi.

Je m'assois sur le comptoir de ma cuisine, face à la boite et son contenu posé à côté sur le bar, face à moi.

Il a voulu me faire un cadeau à son tour. Mais il ne savait pas que c'était pour moi ... il le savait ? Il a deviné que c'était moi ?

 ... J'ai été découvert ? Mon cœur s'accélère. 

De toute façon ça n'a plus d'importance, maintenant c'est le cas. Mais je pense pas, je l'aurais été, il n'aurait pas été si surpris de me voir devant chez lui poser une boite.

Donc il ne savait pas qui lui faisait des cadeaux mais a voulu me remercier quand même ? Malgré que je n'attendais aucune reconnaissance de sa part, hormis qu'il soit un peu plus heureux dans sa vie, j'en suis touché. Vraiment très touché.

Je me relève, attrape un verre et me sert de la bière. J'en prends une gorgée, hum elle est bonne.

Pourquoi as t il voulu me retenir ? Juste me remercier ? ... Me rencontrer ? ... Peut-être qu'il a remarqué que je le regardais tout le temps et voulait me dire d'arrêter ?

Je me demande s'il veut me connaitre .... plus j'y pense et plus, moi, j'en ai envie. Un peu.

... ok, beaucoup, j'avoue.

On pourrait être amis ? Bon c'est sûr qu'il faudrait que j'arrête de le surveiller comme un psychopathe pour ça, mais je peux me retenir, je peux le faire. Et puis si j'ai la chance de devenir son ami, je pourrais le voir de près de temps en temps. L'avoir près de moi.

Il a l'air si gentil, si doux. J'ai envie de le papouiller comme un petit chat et lui faire encore plus de gâteau. Si ça se trouve il ronronne quand il mange du chocolat.

Je me saisis de tous mes cadeaux et vais m'asseoir dans mon canapé. Mange un chocolat ... oh à la praline, mon point faible. J'en mange rapidement un deuxième et commence à lire le livre. Ce sont des poèmes d'Arthur Rimbaud, je n'en ai jamais lu. Je n'ai jamais vraiment lu de poésie à vrai dire. 

Je finis par relever la tête et m'aperçois que la nuit est bien tombée entre-temps. Je me suis plongé et laissé emporter par ma lecture, je n'ai pas vu le temps passé.

Je n'aurais jamais pensé qu'un jour je puisse passer une agréable soirée à lire de la poésie avec de la bière remplis d'épices.

Je me relève et en souris. Harry, je ne te connais même pas et tu bouleverses déjà ma vie.

Tu l'as bouleversé le jour où tu as emménagé au 6eme étage.