Sunshine [HyunLix] ✅ (2020)

2. Je t'aime, c'est tout.

"Salut, moi c'est Felix... je crois qu'on est dans la même classe..."

C'est la première chose que je lui ai dit. À celui qui a fait éclore mes sentiments.

"Ah, moi c'est Hyunjin, j'ai un peu honte de le dire, mais je crois que j'me suis perdu. T'aurais pas une idée d'où faut aller par hasard ?"

Et c'est ce qu'il m'a répondu, en se grattant la nuque, le regard fuyant, quelque peu gêné, de sa magnifique voix, celle qui m'a progressivement envoûté au fil de nos discussions.
Seulement, il ignorait qu'il venait de me renvoyer la question que je m'apprêtais à lui poser, car j'étais tout aussi perdu que lui. Et c'est comme ça que tout a commencé.

Je suis australien, j'ai toujours vécu avec mon ami d'enfance, que je considère comme mon frère, Christopher, et je ne suis pas familier avec la Corée du tout, certains mots m'échappent et mon sens de l'orientation inexistant ne m'a pas aidé à me repérer dans cet environnement nouveau.

Je suis arrivé en Corée à mon entrée au lycée, et Chris est resté en Australie quand j'ai déménagé, je me sentais assez seul. Oui, c'était le mot. J'étais seul.
Je suis un étranger, et le savoir m'a rendu peu confiant, même si je n'étais pas complètement réservé de nature, le changement radical dans ma vie qu'a été mon déménagement m'a déstabilisé au point que je n'osais aller vers personne, de peur de mal m'exprimer, ou de paraître bizarre aux yeux de ceux qui ont passé leurs vies entières en Corée.
Hyunjin est le premier à qui j'ai adressé la parole.

Après ça, on a passé littéralement la moitié de l'après-midi à courir dans chaque couloir et à inspecter chaque étage du lycée pour trouver nos salles, l'imbécile m'accompagnant avait les cheveux blonds à l'époque, et puisque je n'osais rien demander aux surveillants, c'est lui qui était sensé le faire. Malheureusement pour moi, d'après lui cela blesserait la fierté de M. Hwang Hyunjin de demander de l'aide. Voilà comment on s'est retrouver collé le jour de la rentrée.

Mais finalement c'était drôle, et je ne sais pourquoi, depuis ce jour-là je ne cesse de l'admirer, et nous sommes devenus inséparables. Enfin, "inséparables" d'un point de vu extérieur c'est surtout moi qui n'arrête pas de le coller en permanence.

Moi, j'étais le nouveau, étranger, d'une timidité presque maladive et qui ne voulait approcher personne à cause de sa difficulté à s'exprimer.

Lui, il était le natif coréen, un extraverti espiègle entouré d'amis qui s'entendait bien avec tout le monde et qui se fichait de tout. 

Ses quelques amis, on les a croisé en fin de journée, en heure de colle, non seulement ils étaient aussi paumés que nous, mais en plus de ça ils étaient arrivés en retard. Leurs noms étaient Kim Seungmin, Han Jisung et Lee Minho, tous les trois aussi intrépides les uns que les autres, je n'arrive toujours pas à savoir s'ils sont trop intelligents ou trop bêtes, mais je les adore. Ils sont ceux qui ont toujours accompagné mon premier amour. "Toujours" ou bien avant moi.

Ce même jour, Hyunjin m'avait invité à manger avec lui à la cafeteria du lycée. Jisung et Minho était partis vagabonder ailleurs et Seungmin était rentré manger chez lui. Même si pour lui ce n'était sûrement rien de plus qu'un geste anodin, ce fut la première chose qui m'a fait reprendre confiance en moi. J'avais été tellement angoissé à l'idée de ne pas réussir à m'intégrer que d'avoir un ami dès le premier jour annihila la plupart de mes doutes.

Cette journée était mémorable pour moi, même si de son côté, il l'a certainement oublié.

Un autre jour très important, un an après notre rencontre, j'ai osé lui dire....

"Je t'aime."

Il ne m'avait pas pris au sérieux, il m'avait juste pris le visage entre ses mains que je trouvais si douces et avait rit, en affirmant que ma blague était bonne et que j'étais doué pour mentir. Mon cœur s'était brisé. Il s'était brisé si fort qu'il en avait été réduit en poudre puis s'était consumé pour devenir cendre. J'aurais pu me liquéfier sous ses yeux à cet instant là, mais le regard triste et compatissant que Jisung me lançait par dessus l'épaule de Hyunjin me permit de réussir contenir mes larmes.

J'aurais pu pleurer ce soir là, j'aurais pu, peut-être que j'aurais dû, mais finalement aucune larme ne s'échappa de mes yeux. La semaine suivante non plus, et encore moins celle d'après. J'avais choisi de le laisser dans l'ignorance un peu plus longtemps, car je n'avais pas la force de le contredire en insistant sur la nature de mes sentiments.

J'ai cru pouvoir tourner la page à un moment, mais une partie de moi refusait d'abandonner mes sentiments, c'est comme ça que je me suis retrouvé à nourrir un vain espoir qu'un jour il me prenne au sérieux...

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- Et maintenant ? Comment est-ce que tu en es arrivé à... ce qu'il s'est passé aujourd'hui ? demanda finalement sa sœur, qui n'avait rien dit jusque là, écoutant patiemment le récit de son frère, dont la passion quittait peu à peu son corps.