Ange blanc

Chapitre 20

Un hurlement de terreur monte en coeur de toutes les poitrines. Les gens se sont vite attachés à Morgann. L'ange blanc. Celle qui a quasiment tué le diable. Dans toutes les mémoires, elle restera Morgann, l'ange blanc qui a tué le diable après avoir tenté de sauver un de ses meilleurs amis et s'être battue contre des démons. Ma douleur est telle que mes genoux se dérobent sous moi. Afin de dégager sa fourche, le diable fait un mouvement brusque du bras, faisant s'envoler le corps de Morgann. Je demande à tous de continuer ce qu'elle avait commencé, puis je cours, pour rattraper Morgann. Son corps décrit une gracieuse parabole avant de retomber dans mes bras.

- Merci Ben...

Mais curieusement, elle ne ferme pas les yeux, elle préfère les plonger dans les miens pour faire passer toutes ses émotions. Sa douleur, l'amour qu'elle me porte,... Et quand enfin elle ferme les yeux, je m'aperçois que la blessure qui avait été ouverte n'était plus qu'un souvenir.

- Ce n'est que pour finir ma mission, et ne prends pas au piège, c'est juste en apparence que suis guérie. En tout cas, quelque soit l'issue du combat, je veux que tu sache que je t'aime, de tout mon coeur, de tout mon être. Et si parfois je n'ai pas été à la hauteur c'est parce que la force des sentiments qui m'étreingnaient était trop forte pour moi. Parce qu'il y a eu des moments où je n'ai pu m'empêcher de douter de la réalité de cet amour. Mais si jamais je m'envole vers une nouvelle terre, sache que pour moi, la mort ce n'est que le souvenir que l'on laisse aux vivants. Et que tu seras toujours avec moi. Comme je serais toujours avec toi.

- Mais si tu pars ?

- Là-dedans.

Elle pointait mon coeur. J'avais les larmes aux yeux de ce qu'elle venait de me dire. Je venais de comprendre qu'elle allait se sacrifier et que quoi qu'elle fasse elle était condamnée. Je voulu tendre la main pour la retenir, je ne pu que caresser ses longues ailes blanches. Soudain, ma main gauche s'étant serrée dans un spasme nerveux, je sentais quelque chose. En ouvrant la main, je découvris cette chaîne d'acier bleuté qu'elle portait toujours autour du cou. Je l'enfilais. Puis me précipitais dans la mêlée. Sachant que l'avenir allait bientôt se parer de couleurs sombres, je tentais le tout pour le tout et bondissais aux côtés de Morgann pour l'aider. Tirant de toutes nos forces, la corne finit par céder doucement. Malheureusement, dans sa douleur, le diable devenait plus violent. Si la bataille contre les démons n'avait fait que deux morts et à peine 5 ou 6 blessés, cette bataille tua beaucoup. Et ceux qu'elle ne tua pas physiquement, les marqua indélébilement mentalement. Enfin, on arriva à arracher la deuxième corne. Le diable n'en avait plus que pour 1 heure grand maxium. Malheureusement le cours d'une vie peut basculer en une heure. Cette certitude s'imprima en lettre d'or dans ma mémoire quand je vis, au ralenti un ange décoller, poussé par la diable. Je vois son bras monter une nouvelle fois. Je vois Morgann, le visage défait, les larmes de douleur coulant sur ses joues, basculer en arrière. Il y a un hurlement strident, puis un craquement sinistre, comme le bruit que ferait un arbre centenaire qui casserait. Longtemps ce bruit résonne dans ma poitrine. Puis je vois Morgann décoller, lancée à toute puissance dans les airs. Je reporte mon regard sur le diable et vois dans sa patte, un rayon de soleil qui s'éteind. L'aile droite de Morgann.