Prologue

96 26 61
                                    

  Le rire gras du Démon résonna dans la caverne gigantesque. Morderoth observa avec une immense satisfaction les pauvres humains qui avaient osé le défier dans son palais regretter amèrement leurs actes. Les trois minables créatures gisaient au sol, ce qui ne manquait pas d'amuser le Roi. L'amusement était tout de même une notion que le Démon ne connaissait-pas, il s'agissait plutôt d'un sentiment de perversité extrême. 

  Sa caverne empêchait ces pauvres moustiques de pénétrer dans sa demeure, mais ceux-ci avaient été plus intelligents que leurs stupides congénères. Ils avaient pénétré le palais, et, avec astuce, dérobé l'objet le plus puissant que possédait le Roi des Démons.
  Ceci ne se reproduirait plus. Plus jamais, se promit Morderoth. 

  Les minables humains ne criaient pas encore, ce qui ne tarderait pas. Les gardes étaient doués pour briser n'importe quel être vivant, et ceux-ci n'allaient pas faire exception. Morderoth observa attentivement les petits bipèdes pour graver sa haine envers eux dans son esprit. Il y avait deux mâles et une femelle, estima-il selon ses connaissances sur ce peuple minable.  

  Mais Morderoth vit que malgré le talent des gardes pour la torture et la souffrance, les créatures à deux bras et deux jambes ne cillaient pas. Leur regard était calme, et malgré le fouet que les Démons inférieurs abattaient sur le dos, ils ne pliaient pas. Même lorsque l'un des garde approcha un couteau de leurs doigts dans l'intention évidente de leur ôter, pas un gémissement ne s'échappa de leur bouche pour indiquer leur douleur.
La femelle se mit même à rire. C'en était trop pour le Roi. 

  Il avança rageur vers les créatures à l'aide de ses tentacules visqueuses qui laissaient des traces de bave et de sang. 

— Que se passe-il !? hurla-il la démence dans la voix. Mais les humains ne pouvaient pas comprendre son langage, il parlait le Démon Supérieur, la langue réservée aux Démons nobles, une langue sifflante et effrayante.

— Rien Monseigneur Meurtrier, répondit le garde. Il savait que s'il avait échoué à extorquer des informations à leurs prisonniers il se ferait dévorer. Ce qui arriverait sans doute dans tous les cas.

— Ont-ils parlé ? rugit Morderoth, même s'il connaissait la réponse.

— Non Votre Altesse Démoniaque... Mais...

— SILENCE ! 

  Le Roi ordonna aux Démons inférieurs de déguerpir. Il n'était pas d'humeur clémente, mais leur laissait la vie sauve pour le moment. 

— Qui êtes-vous ? demanda Morderoth aux humains pieds et poings liés agenouillés au sol. Il avait tenté d'avoir une voix douce mais son accent dans la langue terrestre était aussi effilé que la lame de ses multiples dents. Il ne pratiquait presque jamais la langue de ces vermines, se contentait de les réduire en esclavage.

  Les humains lui faisaient face et leur regard dur ne lui montrait aucune peur. Pourtant ses dents jaillissaient de sa bouche. Bouche qui évoquait un gouffre de mort certaine. De plus les deux paires d'yeux du Roi les fixaient avec rage, n'importe qui en aurait eu peur. Les tentacules enduites de poison qui gisaient au sol se redressèrent vers les intrus humains. Ils allaient le regretter.

— Alors ? rugit le Démon qui régnait sur Hulvrad depuis maintes années. Ses tentacules s'approchaient de plus en plus de la tête de la femmelle.

  Ses prisonniers ne faisaient pas mine de répondre, et leur torse nu brillait de sang à la suite des coups répétitifs que les gardes leur avait infligé à l'aide d'une corde hérissée de piquants. On n'y allait pas de main morte chez les démons.

— Il vous reste quelques secondes pour me dire ce que je veux savoir, ou je vous dévorerai. Où est mon talisman ? demanda le Roi découvrant son sourire carnassier.

The Dark Side of ShadowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant