Le soleil déclinait lorsque les jeunes rescapés aperçurent les hautes murailles de Savasam. Le trajet s'était effectué dans un silence de plomb, sans que Gina ou Tobias ne parlent. Non par manque de sociabilité, mais par ce qu'ils se relayaient tour à tour pour conduire les chevaux tandis que l'autre prenait une heure de sommeil bien méritée.
La ville, réputée pour son commerce florissant débordait d'activité, même alors que la nuit tombait, et Gina avait entendu bien des merveilles à propos de cette magnifique cité postée près de la rivière de Sabaa. Deux journées entières de route, sans compter une nuit presque complète, avaient apparemment été suffisante pour rejoindre cette grande ville, et les deux adolescents sentaient leur forces s'amenuiser.
— Que va t'on faire maintenant ? demanda Tobias d'une voix rauque.
Gina ne savait que répondre, elle n'en avait absolument aucune idée. Mais elle avait besoin, pour elle et Tobias de se fixer un objectif, sinon ils ne s'en sortiraient pas. Ils avaient besoin d'un repère auquel se tenir.
— Cette ville est près d'une rivière, c'est pour cela que son commerce est abondant. Tu as sans doute entendu parler d'elle...
— Savasam ?
— Il semblerait bien, oui. Nous pourrons nous échapper par la voie de l'eau si un danger nous surprend, soupira Gina. Son improvisation quant à leurs actions futures parut échapper à Tobias, qui commençait à reprendre de la vigueur. Une quête lui remonterait le moral à coup sûr.
— Et les chevaux ? demanda-il.
— Cela me chagrine de les abandonner, mais nous pourrions en tirer un bon prix... Sans compter que nous n'avons pas le moindre sous, et que pour acheter provisions et remèdes nous en aurons besoin, réfléchit Gina tout en continuant de guider les chevaux vers les rempares.
— Mais nous aurons probablement encore besoin de montures pour la suite ! Si nous devons fuir inlassablement pour le reste de notre vie, ou du moins pour un certain temps, nous aurons besoin de chevaux ! Et après la rivière, où irons-nous ? Tu y as pensé ? s'exclama Tobias.
Justement, non, elle n'y avait pas pensé. Elle improvisait, elle n'avait aucune idée du plan à suivre, avec pour seule baguage un arc et quelques dagues, deux chevaux fatigués, une charrette branlante et un compagnon malade sûrement ivre de fièvre même si son état s'était amélioré.
— C'est vrai, mais comment comptes-tu acheter des provisions ? Et comment veux tu te soigner ? Tu as été empoisonné au venin de ténéboris, tandis qu'une Hulve m'a mordue. Si nous ne soignons pas ces blessures, nous risquons d'en garder des séquelles, constata Gina dépitée. Elle savait que Tobias avait raison, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser au poison qui avait contaminé le sang de l'apprenti forgeron. Son visage livide, ses yeux brillants de fièvre et ses jointures bleues lui revenaient. Si Tobias allait de mieux au fil des heures, son visage restait toujours aussi saillant, et sa fatigue témoignait du manque d'endurance qu'il avait depuis le kidnapping des démons.
— Eh bien vendons la charrette. Je suis sûr qu'elle se revendrait à un bon prix, et nous pourrions continuer notre route sur les chevaux. Nous serions beaucoup plus rapides, et nous achèterons le nécessaire de soins, ou de la nourriture, proposa Tobias.
Gina ne répondit pas. Elle trouvait les arguments de Tobias bons, même trop bons, et ne pouvait s'empêcher d'avoir un mauvais pressentiment...
***
Les rempares se rapprochaient. Gina et Tobias n'avaient jamais vu de constructions aussi hautes, et leur étonnement les gardait éveillés tandis que la charrette brinqueballait sur la route pavée. Ils apercevaient les silhouettes floues de gardes sur les murs de la ville, qui ne devaient pas mesurer plus de 5 mètres de haut. Néanmoins cette architecture ne leur était pas familière ils scrutaient chaque bloc de pierre comme s'il allait s'effondrer.
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The Dark Side of Shadows
ParanormalChaque partie de l'Univers est parsemée d'ombre, et un jour ou l'autre, les ténèbres prennent le dessus, c'est inévitable. Et si dans 5 000 ans, les démons colonisaient la Terre ? Et si c'était la faute d'une seule et même personne ? Gina, la seule...