Le piège du ravin

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Parfois, je regarde devant moi et je vois...rien. Enfin pas rien : un ravin, une sombre abîme. Quand je suis face à ça, je ne peux pas avancer sans tomber, je ne peux pas reculer non plus : ça ne servirait à rien et je m'interdis de m'arrêter, de m'asseoir en attendant qu'un pont s'assemble devant moi.
Alors, je marche le long du ravin. Il s'arrête forcément quelque part non ? Alors je longe le vide, dans l'espoir de trouver une issue. Mais il arrive que des bourrasques surviennent. Maintes fois, j'ai faillit tomber à la renverse.
J'ai déjà songé à sauter : après tout, ce ne serait pas plus simple ? Au lieu de vivre dans la peur du vide, autant mourir dans le vide.
Mais à chaque fois, une main me retient, toujours une seconde avant le noir. Juste assez forte pour me relever mais pas suffisamment pour me faire passer de l'autre côté du ravin. Donc je suis coincée. Je ne sais pas combien de temps je marcherait. Je ne sais pas combien de temps j'aurais la force de continuer. Et je ne sais pas combien de temps cette main me retiendra.
Tout est une question de temps au final : le temps détermine le temps qu'il nous reste. Parfois, je regarde passer ce temps et je me surprends à rêver qu'il m'emporte aussi furtivement que l'aiguille des heures passe : on ne le voit pas mais on sais qu'elle a avancé.
Et peut être qu'une heure plus tard, on se rendra compte que l'aiguille s'est arrêtée une seconde de trop. Mais en attendant, il n'y a pas d'horloge dans mon ravin. Alors je fais le décompte. Et une seconde qui passe est un grain de plus qui vient m'ensevelir.
Je trouverai peut être la sortie avant, qui sait ?

Pensées ÉparpilléesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant