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Newt aurait pu râler, crier, tempêter après la pluie. Il ne le fit pas. Comme s'il pouvait empêcher l'eau de se déverser sur les rues... Pathétique. Il ronchonna quand même, ne changeons pas les bonnes habitudes, et, plutôt que de retourner dans la librairie de sa mère, il alla s'abriter sous l'auvent d'un magasin fermé.
C'était l'ancien chocolatier. Il a mis la clé sous la porte depuis deux ans et on attend encore le prochain locataire. Pas de risque qu'on le dérange ici. Il s'assit sur la marche d'entrée et attendit. Mais la pluie continuait de tomber comme si toutes les gouttes du monde s'étaient réunies dans les nuages qui s'élevaient tels des dieux au-dessus du commun des mortels.
Il attendit, il attendit, il attendit que passe le mauvais temps.
Le mauvais temps ne passa pas, mais se calma. Quand les gouttelettes furent réduites à douze sur un mètre carré à la seconde, Newt sortit de l'auvent et rentra chez lui.

Il arriva trempé et fatigué mais la balade lui avait fait du bien. Comme si la pluie avait lavé l'angoisse sur son corps. Il ouvrit la porte de son chez soi, balança les clés sur la commode de l'entrée et courut prendre un douche. Au passage, le livre finit sur le lit, toujours sans son sachet de plastique, imperméable à l'eau. Drôlement arrangeant.

Il se doucha et partit finir son livre. Il lut, il lut et le temps passa, sa mère rentra, son père rentra et la maison redevint habitée.
Le livre de Newt était à la page deux cent cinquante-neuf quand il partit manger.

Lundi, week-end passé, nouvelle semaine. On recommence en boucle et en boucle les mêmes choses, on ne change que le fond, pas la forme. Lundi, c'est français, anglais, géopolitique, repas, sciences et histoire. Et chaque lundi, c'est la même chose. Français, anglais, géopolitique, repas, sciences et histoire.

"Comment ça va aujourd'hui ? On peut faire un code couleur si tu veux. Rouge c'est nul, genre vraiment nul. Jaune, ça va, tout est bof. Et vert, c'est génial ! Tout va b-

-Minho, je ne suis pas un gosse qui a besoin de mettre des couleurs sur ses émotions.

-Mais ça va sinon ? osa demander son ami. "

Newt haussa les épaules et répondit :

"Jaune."

Minho sourit.

"Ça va alors."

Et ça allait.
Le week-end s'était bien passée entrecoupé de Miss Perigrine tome trois fini et tome quatre commencé, de discussions avec Thomas des plus banales et de chamailleries avec ses parents. Newt recommençait à sourire au fur et à mesure qu'il appréciait le brun.
C'était trois fois rien mais ça suffisait à ses parents pour s'inquiéter un peu moins. L'ambiance revenait dans la maison, plus cordiale et légère. Et ce, du à Thomas. Newt aurait pu dire grâce à lui mais ce n'était pas vrai. Après tout, c'était à cause de lui qu'ils en étaient là. Ou peut-être que c'était lui le responsable ? Peut-être que Newt Isaac, lycéen dans un bahut de petite ville, était la cause de ses propres cauchemars ? Et si-

"Tu viens ? demanda Minho. Ça a sonné, on a anglais."

Newt n'avait même pas entendu la sonnerie.

Alby ne lui a pas parlé aujourd'hui
Newt n'a pas cherché à lui parler. Il comprenait après tout. Un jour, il déprime, l'autre il sourit un peu. Pas beaucoup mais un peu. Et on sait que les instables sont les moins bonnes compagnies. On dépend tellement de leur humeur... Ils sourient, tu souris, ils pleurent, tu t'inquiètes mais après ils te disent que ça va mais toi tu sais que ça ne va pas et alors là ils te sourient et tu souris un peu.
Newt était un instable et Alby un stable. Minho était stable aussi. D'une joyeuse stabilité. Alby c'était le calme, la stabilité tranquille.

00h00Où les histoires vivent. Découvrez maintenant