VIII

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Quel dîner affreux... L'ambiance fut pesante, et dure à supporter. Ses parents le fixaient avec des yeux inquiets, scrutant le moindre de ses mouvements, lui demandant sans cesse son avis, ses envies, ses états émotionnels. Qu'on lui foute la paix bon sang ! Même le gratin de pâtes avait un goût de larmes salées...

Débarrasser la table avait marqué le début de sa délivrance. Six petites minutes plus tard, il était dans sa chambre, sous sa couette et tournait en rond à la recherche du sommeil. Mais Morphée lui en voulait de lui avoir arraché de force quelques heures de sommeil plus tôt, et pour le punir, comblait ses grains de sables enlevées par le blanc de ces nuits sans sommeil. Les minutes passèrent, les heures s'écoulèrent et le marchand de sable ne venait pas. Trop occupé avec les autres pour s'intéresser à une poussière dans l'existence du monde.

Vingt-trois heures allaient pointer son nez, les aiguilles se rapprochant dangereusement de minuit. Newt entendit ses parents se coucher. Il perçut les murmures dans le couloir. Il vit presque l'inquiétude qui leur tenait compagnie. Il remarqua le noir qui s'installa sous le bas de sa porte quand la lumière s'éteignit. Vingt minutes plus tard, ses parents ronflaient. Il se dit qu'il attendrait minuit.

23h46 :
Newt farfouillait dans la boîte. Il prit deux somnifères.

23h59 :
Il ne dormait toujours pas.

00h02 :
Il était dans la salle de bain et avalait un autre médicament.

00h08 :
Toujours pas ! Il ne dormait toujours pas. Il se sentait fatigué et avait l'impression qu'il s'était passé des heures et des jours. Et sans même regarder l'heure, il retourna dans la salle d'eau. Épuisé des allers et retours, il amena directement la boîte dans sa chambre.

00h09 :
Deux somnifères dans la gorge.

00h12 :
On n'explique pas pourquoi Newt ne dormait pas. Enfin si, on l'expliquait mais au dos de la boîte, petit carré informatif que le blond n'avait pas lu. Sachant que les pilules étaient composées de plantes, elles en étaient moins fortes et il fallait alors rester allongé sans trop bouger pendant quelques minutes pour que le produit fasse correctement effet. Newt se retournait dans tous les sens, cherchant en vain le sommeil dans les draps de son lit. Il se sentait fatigué, épuisé de tous ces mouvements, las de ses pensées qui tournaient en boucle dans sa tête. Il ne pensait qu'à une chose : Thomas, Thomas, Thomas. Encore et à jamais Thomas. Thomas qui devait se demander pourquoi il n'était toujours pas là. Il avait chaud mais s'en moquait. Qu'importe le monde tant qu'il pouvait revoir le sourire de Thomas. Malade ? Certainement.
Peut-être que ce fut la pensée de trop. Que ce fut un déclencheur. Ou peut-être que c'était l'épuisement, la tristesse, la culpabilité et l'envie mêlés, une sorte de mélange nocif, un peu comme ces produits chimiques à ne surtout pas mixer ensemble. Trop. C'était trop. Tu ne veux pas venir le chercher Morphée ? Très bien, il vient à toi.

Quatre cachets.

00h16 : 
Il dormait.

Lucien fronçait les sourcils, une petite ride barrant son front. Quelque chose clochait. Il ne savait pas quoi, mais il sentait que quelque chose n'allait pas. L'univers tournait rond pourtant mais un petit cailloux avait du se coincer quelque part et la machine avançait mais se rouillait à des endroits. Ça venait peut-être du fait que Newt n'était pas encore réveillé. Ça pourrait mais après tout ce n'était pas la première fois qu'il n'était pas levé à sept heures. Ça lui était déjà arrivé évidemment. Une ou deux minutes de retard, quel mal à cela ? Mais le doute tourmentait Lucien. Et si ?

Il l'avait bien vu vous savez ? Que son fils n'allait pas bien. Il l'avait vu mais ne savait quoi faire. Il se disait que ce n'était que passager, mal lui en prenait. Bien sûr que l'adolescence n'est pas la période la plus facile, mais tous les moments de la vie apportent leur lot de difficultés. Il aurait bien aimé son fils, il essayait, il le promettait ! Mais qu'est-ce que c'était difficile...

00h00Où les histoires vivent. Découvrez maintenant