8 Mélancolies 《 STRAY KIDS 》

Fin - Âmes-sœurs et petite mort

La fête prend fin aux alentours de vingt-heures trente. Je sais qu'il ne me reste qu'un laps de temps restreint et un cœur brisé pour prendre une décision rationnelle importante ce soir.

Je m'avance vers chacun des visages présents ce soir et donne dans les embrassades. Tout le monde est content de me retrouver, je le sais. Je salue Jeongyeon chaleureusement avec le secret espoir de ne plus jamais l'avoir à nouveau dans le paysage, même si c'est un peu méchant. Finalement, c'est de la protection. Puis Minho est le dernier à qui je dois dire au revoir et tout me semble significatif à présent. Nos regards se croisent l'espace d'un instant lorsque sa main se pose sur mon bras. Je me dégage de son touché brûlant mais garde un sourire factice sur mes lèvres.

Jihyo propose de me ramener et n'ayant pas réellement le choix, je la suis jusqu'à sa voiture. Un dernier salut aux invités et nous voilà lancées sur la route. J'essaie de ne pas le chercher du regard à travers le rétroviseur. J'ai très bien compris ce qu'il m'a dit, plus tôt. Paradoxalement, je sais qu'il m'aime toujours. J'en suis convaincue. Chacun de ses gestes aujourd'hui me l'a crié au visage, chacun de ses regards, chacun de ses mots. Je le ressens jusque dans mes entrailles. Notre relation est à double tranchant. Passer quatre ans sans se voir ? Oui, mais le revers de la médaille n'est que plus violent. La force de nos sentiments se heurtant à la raison me prend à la gorge. Jihyo pose sa main sur ma cuisse.

- Tout va bien ?

- Oui, oui, je mens. Gare-toi en double file, je vais descendre rapidement.

- Je pensais venir avec toi ?

- Non, ça ira ma belle. Promis.

Je lui offre mon sourire le plus sincère et me jette presque en dehors de la voiture. L'air frais me gifle le visage et je trottine jusqu'à mon appartement, frigorifiée. En réalité, je ne suis pas triste. Enfin, pas au point de tout envoyer valser. La tension palpable entre lui et moi est toujours là et ça me réconforte. Ce n'est pas un amour à sens unique, c'est juste une question de temps. Un jour, ce sera le bon moment. Pour nous deux.

Je pousse ma porte d'entrée et me laisse rebondir sur le sofa, épuisée. Mon téléphone vibre dans mon sac mais je l'ignore. Peu importe Felix, peu importe Hyunjin. Ce sera Minho jusqu'à la fin des temps. Je l'ai compris dès que j'ai passé le pas de la porte de la cuisine. Tout ces échecs que je m'inflige, toutes ces relations que je laisse foirer, tous ces hommes qui ne sont pas lui. C'est une évidence. Minho est une évidence. Et je ne me laisserai plus attendrir par la perspective d'un avenir avec un autre en sachant pertinemment que mon amour pour lui finira toujours par me rattraper. Si j'ai déjà été assez stupide pour l'ignorer, aujourd'hui, je n'en suis que trop consciente.

Je me lève, abandonne mes vêtements sur le sol et me passe le visage à l'eau froide. Je me démaquille, lave mes dents et souffle un bon coup face à mon reflet déterminé avant d'enfiler un pyjama et de glisser sous mes draps froids.

Au beau milieu de la nuit, alors que je dors d'un sommeil agité, un bruit sourd finit d'achever ma nuit. Je me redresse, tremblante. Les coups reprennent de façon plus brutale, presque désespérée. Je comprends que les sons s'échappent de derrière ma porte d'entrée. Je ne prends même pas la peine de couvrir ma tenue légère et me rue sur la porte. Mes voisins vont me tuer si ce malade continue.

J'imagine tout de suite le pire, peut-être un cambrioleur poli qui frappe avant d'entrer ou un tueur à gage. L'idée que Hyunjin soit derrière la porte ne me semble pas non plus déraisonnable. Après tout, avec son travail, retrouver mes coordonnées ne doit pas être bien difficile.

Mais non. Ma surprise me coupe le souffle lorsque j'aperçois le visage de Minho dans l'œil de bœuf. Je plaque ma main contre ma bouche pour empêcher un cri dans ma gorge. Mon cœur est douloureux, tordu d'excitation et d'angoisse. Qu'est-ce que Minho fait devant chez moi à trois heures du matin avec une tête de déterré ?