Premières fois [BxB]

Paul et Eden. 2.

 Paul est stressé. Paul est à deux doigts de s'allonger, là, par terre, et de ne plus bouger. C'est parce qu'aujourd'hui, c'est les vacances. C'est l'été. C'est la fin des cours. Ça fait trois semaines maintenant qu'il sort avec Eden. Et c'est génial. Mais c'est encore un peu secret. C'est parce que ça leur fait un peu peur de le dire aux autres, de s'afficher, de s'assumer. C'est parce que ça leur plait, d'être dans leur petite bulle, sans que personne en puisse les atteindre.

Il n'y a que deux personnes qui le savent dans l'établissement. C'est Elsa, parce qu'elle le sait depuis même avant eux. C'est Romain, le frère de Paul, qui est en terminale. C'est parce que le cadet avait besoin de se confier et qu'il a confiance en son frère. Romain l'avait bien pris, à peine surpris. C'est parce qu'il s'en doutait un peu, depuis que son frère était petit. D'ailleurs Romain l'attend, un peu plus loin. C'est parce qu'il essaye d'être discret. C'est parce que c'est lui qui ramène Paul à la maison. C'est parce qu'il vient d'avoir son permis et que c'est plus pratique que de prendre le bus.

Mais Eden lui prend toujours le bus. Et ce soir c'est les vacances. Ce soir, il part cinq jours chez ses grands-parents, dans le Sud. C'est pour ça qu'Eden stresse. C'est parce que ce soir, il faut se dire en revoir. C'est parce que la dernière occasion de se voir avant plusieurs jours, c'est à la sortie du collège.

C'est pour ça que Eden stresse. C'est parce qu'il sait que Paul l'attend dehors, à l'arrêt des bus. C'est parce qu'ils ne sont pas dans le même groupe et que lui finit une heure plus tard. C'est le bazar dans la classe. C'est parce que la prof s'en fiche. C'est parce que ce soir c'est la fin de l'année. C'est parce que la dernière heure de cours se termine dans quelques minutes.

Eden se tourne sur la gauche. C'est parce qu'Elsa lui parle.

« Ça va aller ? »

Elle demande ça parce qu'elle sait qu'Eden stresse. C'est parce qu'elle sait que ce soir, ils hésitent à se dire en revoir. C'est parce que se dire en revoir, c'est s'embrasser. C'est s'embrasser devant les autres. C'est se montrer. C'est se révéler. C'est s'assumer. C'est stressant.

Paul ne peut plus respirer. C'est parce que derrière lui, la sonnerie retentit. C'est parce que le bus d'Eden arrive et se gare juste devant lui. C'est parce que soudain, c'est l'effusion autour de lui. C'est parce que tout le monde est là, surexcité. C'est parce qu'au milieu de la foule, il voit celui qu'il aime. C'est Eden qui marche vers lui. C'est parce qu'il est sublime. C'est parce que Paul voit que lui aussi, il a l'air un peu stressé. C'est parce qu'il lui sourit de travers. C'est parce que ce soir c'est les vacances. C'est parce que maintenant, c'est le moment de se dire au revoir. C'est parce que le bus d'Eden part vite tous les soirs.

C'est parce que Romain l'attend, même s'il sait que son frère saura être patient. C'est parce que lui aussi les trouve mignons, du moins, il les imagine. C'est parce qu'il ne les a jamais vus tous les deux. C'est parce que Paul est gêné. C'est pour ça que Romain les regarde de loin. C'est pour ça qu'il sourit tout seul. C'est parce qu'il reconnait Eden à la description que lui a faite Paul. C'est parce qu'il les trouve adorables, tous les deux, tellement gênés. C'est parce que ça lui rappelle des souvenirs. C'est parce que pour lui aussi, ce n'est pas si loin son premier baiser devant les autres. C'est parce que pour lui, que son frère embrasse un autre garçon, ça ne fait de différence.

Eden se prend les pieds dans ses chaussures. C'est parce qu'il n'a jamais eu aussi peur. C'est parce qu'il n'a pas envie de partir cinq jours loin de Paul. C'est parce qu'il a vraiment envie de l'embrasser. C'est parce que ceux qui prennent le même bus que lui montent déjà dedans. C'est parce qu'il doit se dépêcher s'il ne veut le louper.

Alors il inspire fort. Il gonfle ses poumons. Il gonfle son torse. Eden a l'impression d'être dans un film. D'être un héros romantique. C'est ce qui lui donne le courage d'être fort. D'être courageux. D'être osé. D'oser. D'oser s'approcher sans ralentir. D'oser rejeter son sac dans son dos pour dégager ses mains. D'oser attraper Paul par les épaules. D'oser l'embrasser. D'oser lui donner un baiser comme ils ne se le sont jamais permis. Un baiser long. Un baiser tout en bouche. Un baiser passionné. Un baiser qui rend Paul tout chose. Un baiser qui leur fait oublier les autres, tous les élèves autour qui les regardent. Puis qui leur passent à côté. C'est parce que ceux qui auraient peut-être voulu dire quelque chose sont convaincus de se taire par Romain. C'est parce qu'il se tient pas loin. C'est parce qu'il est impressionnant Romain. C'est parce qu'ils savent qu'il ne faut pas toucher à son petit frère.

C'est une envolée de papillons dans le ventre de Paul. Il se sent grand. Il se sent fort. C'est parce qu'Eden l'embrasse comme il ne l'a jamais fait. Il a du mal à rouvrir les yeux quand il se recule. C'est parce qu'il ne voulait pas que ça se termine.

« On se voit dans cinq jours ? »

Paul hoche vaguement la tête. C'est parce qu'il est captivé par le sourire d'Eden. C'est parce qu'il veut l'embrasser encore. C'est lui qui fait le premier pas cette fois. Il l'embrasse avec la même force. C'est parce que ...

« Je t'aime. »

C'est la première fois qu'il lui dit. Eden sourit plus fort encore. C'est parce que...

« Je t'aime aussi. »

Paul est un peu triste. C'est parce que le bus est parti. C'est parce qu'Eden lui a fait un coucou derrière la vitre et que Paul aurait voulu l'embrasser encore. Mais il est aussi un peu heureux. C'est parce qu'ils ont osé. C'est parce qu'en marchant jusqu'à Romain et sa voiture, il a vu son frère sourire. C'est parce que son aîné l'a pris dans ses bras.

« Je suis fière de toi p'tit frère. »

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Je n'avais pas du tout prévu cette partie, mais... Je me suis rappelé certains souvenirs de collège. Je crois n'avoir jamais embrassé autant de personnes qu'à cette époque. Et ça m'a fait sourire. Et ça m'a inspiré. Alors je me suis pourquoi pas continuer d'écrire pour Paul et Eden.