Partie 1 - La fête.

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Guillaume !!

Eh, Alice... T'es grande maintenant pour me sauter dessus comme ça ! Et lourde...! Je ne pourrai bientôt plus te porter, hein !

Arrête de mentir, c'est pas vrai...! T'es pas gentil !

Guillaume sourit distraitement en se rappelant de cette scène, la petite fille – sœur de son meilleur ami de l'époque – lui sautant dessus pour qu'il la prenne dans ses bras à peine avait-il posé le pied dans le hall d'entrée de son ami. Quel âge pouvait-elle bien avoir à cette époque ? 5 ans ? 6 ans ? Et lui ? 8 ans ? 9 ans ? Il ne s'en rappelait pas. Mais quand il se rappelait d'elle, une douce chaleur s'emparait alors de lui et une vague de nostalgie l'envahissait. Il avait envie de rentrer. Il sortit de ses pensées et regarda autour de lui, les étudiants dansant et rigolant tous les uns avec les autres, et il poussa un petit soupir silencieux. C'était fini pour lui, il n'avait plus le cœur à la fête et à faire semblant de s'amuser à présent. En plus, les fêtes de début d'année scolaire, ça allait bien un moment mais il connaissait par cœur maintenant. C'était déjà sa troisième année lui, l'an prochain il rentrait en master. Il avait déjà 20 ans. Il tourna les talons et se dirigea vers la porte d'entrée en soupirant, se reperdant dans ses pensées. Alice... Il se rappelait de la petite fille, bien que ses traits soient un peu flous dans sa mémoire. C'était la petite sœur du garçon qui était son meilleur ami depuis la maternelle. Et dès qu'il avait posé les yeux sur elle, à cinq ans, un jour qu'il sortait de classe avec son ami, il en était tombé raide dingue. C'est elle, c'est celle que je passerai ma vie à protéger. Et pendant un temps, c'est ce qu'il avait fait. Au côté de son ami. Sauf que la vie est cruelle à cet âge-là. Et son ami lui avait annoncé un jour que ses parents pensaient à déménager. Deux semaines à peine plus tard, toute la famille s'était en allée. Et tout ce qu'il lui était resté de ce jour funeste, c'était les bras de la petite fille autour de son cou, pleurant chaudement dans ce dernier. Je suis désolée, Guillaume. Je ne veux pas partir, mais je suis obligée. Pardonne-moi, s'il te plaît. Pourquoi s'était-elle excusée ce jour-là ? Il ne s'en rappelait plus. Il n'avait que quatorze ans.

« Oh, excuse-moi...! »

Il sortit violemment de ses pensées en sentant quelqu'un lui rentrer dedans, près de la porte d'entrée, et en se tournant vers la personne il aperçut un garçon de son âge, les joues rouges et un petit sourire désolé sur le visage. Il regarda par-dessus son épaule et vit qu'il avait sûrement glissé dans les escaliers ou bien dévalé ces derniers bien trop rapidement pour lui rentrer ainsi dedans.

« C'est pas grave, marmonna-t-il avant de se retourner pour s'en aller et il sentit le garçon poser sa main sur son avant-bras.

— Attends ! Tu... Tu parais grand... Est-ce que tu peux me décrocher ma veste, s'il te plaît ? »

Il se retourna vers le garçon pour le regarder et il le dévisagea d'un air confus. Celui-ci avait les cheveux noirs et mi-longs, qui lui tombaient sur les épaules, et des traits fins. Ses cheveux avaient l'air un petit peu emmêlé – peut-être dû à sa précipitation en descendant les escaliers – et il sentit son cœur se serrer lorsque son regard rencontra le sien, plongeant dans des prunelles sombres. Aussi sombres... que celles d'Alice. Il se força à sortir la petite fille de son esprit en secouant la tête et il vit l'expression du garçon se changer en une expression inquiète, celui-ci fronçant alors les sourcils :

« Tu... ne veux pas...?

— Mm ? Ah si, pardon, s'excusa-t-il précipitamment en se concentrant de nouveau sur le garçon. Je pensais juste à quelque chose, désolé. Tiens, ta veste. »

Il leva le bras pour attraper cette dernière sur le porte-manteau, puis la tendit au garçon qui – il s'en rendait compte à présent – devait bien faire deux têtes de moins que lui. Est-ce qu'il avait l'âge au moins de participer  à ce genre de fête ?

« Merci beaucoup, le remercia ce dernier en lui offrant un petit sourire et, de nouveau, sans bien comprendre pourquoi cette fois, il sentit son cœur se serrer dans sa poitrine.

— De rien... »

Il regarda le garçon enfiler sa veste avant de tourner les talons et d'ouvrir la porte d'entrée. Il se tourna vers lui pour le laisser passer et celui-ci lui offrit un petit sourire reconnaissant de nouveau, faisant rater un autre battement à son cœur. Qu'est-ce qu'il lui arrivait ? Il était ridicule. Le garçon descendit les escaliers qui menaient au jardin et il le suivit, remarquant qu'il avait l'air de tituber un peu. Il devait avoir beaucoup trop bu. Il lui emboîta le pas jusqu'au trottoir en face de la maison et, alors qu'il allait lui souhaiter une bonne fin de soirée et tourner les talons pour rentrer chez lui à pieds, il le vit vaciller en tentant de remonter la manche de sa veste pour voir l'heure qu'il était sur sa montre. Il fut à ses côtés en une seconde et il le rattrapa, le cœur battant la chamade dans sa poitrine, en mettant sa main devant son torse et en l'attrapant par le bras. Le garçon lui lança un regard étonné, puis il le vit se mettre à rougir en baissant les yeux sur sa main qui était à présent posée sur son torse, l'empêchant de tomber plus en avant.

« Ça va ? lui demanda-t-il, réellement inquiet, et quand il recula sa main, celui-ci releva la tête pour le regarder.

— O-Oui... Merci... Je crois que j'ai un petit peu trop bu.

— Comment tu comptes rentrer chez toi ? Ça va aller ?

— Je... Je voulais prendre le bus mais... Je crois qu'il est un peu tard là, j'ai pas fait attention à l'heure.

— En effet, je connais pas beaucoup de bus qui roule à 3h du mat', dit-il en exhalant un petit rire. Où c'est que tu habites ?

— À... À l'autre bout de la ville... lui répondit le garçon en jetant un bref coup d'œil sur son bras qu'il tenait toujours et en s'en rendant compte, il le lâcha précipitamment. Du côté de la forêt.

— Vraiment ? C'est là où j'habite moi aussi. Tu sais quoi ? Je pensais rentrer à pieds, histoire de profiter de l'air frais après la fête mais... Si tu veux, je peux nous appeler un taxi ? Et on rentre ensemble ? »

Le garçon lui lança un regard hésitant avant qu'il ne le voit hocher la tête doucement.

« Oui, pourquoi pas. Ce serait bien en effet. Merci... »

Il sourit au garçon et sortit son portable de la poche de son jean, se perdant dans ses pensées. Il venait vraiment de lui proposer de le raccompagner là ? Qu'est-ce qu'il lui arrivait, bon sang ? Ça ne lui ressemblait tellement pas, lui qui préférait éviter les relations sociales afin d'éviter de souffrir de nouveau. C'était vrai qu'il avait à peine l'air de tenir sur ses jambes après... Et il n'avait pas vraiment envie de le laisser rentrer chez lui dans cet état. Question d'honneur. Il releva la tête de son portable après avoir composé le numéro trouvé sur Internet et posa son regard sur le garçon en amenant ce dernier à son oreille. Le garçon lui sourit timidement dans la nuit et il répondit à son sourire d'un air embarrassé. Il ne savait pas pourquoi mais... il avait quelque chose de familier. Peut-être ses yeux qui lui rappelaient ceux d'Alice. Ça lui réchauffait le cœur.

Fiction OrelxGringe - Je te connais. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant