Partie 9 - La dispute.

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Quand il se réveilla le lendemain, il fronça les sourcils en sentant quelque chose de doux chatouiller son menton. Il rouvrit les yeux en une seconde et s'aperçut avec stupéfaction qu'il s'agissait des cheveux du plus jeune. Il avait presque failli oublier sa présence dans son lit. Aurélien n'était plus tourné en direction du mur, mais vers lui et il sentit son cœur se mettre à battre plus fort en sentant la chaleur qui se dégageait de lui et qui se mélangeait à la sienne. C'était tellement... agréable. Soudain, il sentit Aurélien se blottir plus encore contre lui, son torse venant frôler le sien sous les draps et il sentit sa respiration se bloquer dans sa poitrine à ça.

« Mm... Guillaume... »

Il sentit ses joues le chauffer en une demi-seconde en l'entendant murmurer cela dans son sommeil et il se leva précipitamment du lit, paniqué par ce que ces quelques mots venaient de réveiller soudainement en lui. Il vit Aurélien froncer les sourcils sur son oreiller et il fit un pas de recul, se doutant qu'il devait l'avoir réveillé vu comment il l'avait bousculé en se levant ainsi dans sa panique. Il s'enfuit alors de sa chambre avant que le plus jeune n'ouvre les yeux, ses joues le brûlant affreusement. Il avait honte. De lui, bien sûr, mais surtout de ce que ce soupir de bien-être de la part d'Aurélien avait réveillé en lui. Un désir... qu'il s'était toujours interdit de ressentir pour quiconque. Un désir ne pouvant être provoqué que par des sentiments forts, ceux-ci même qu'il s'était toujours promis de contenir à l'intérieur de lui si jamais il lui arrivait un jour de ressentir. La raison même pour laquelle il préférait se tenir à l'écart des gens, si ce n'était ses deux meilleurs amis Matthieu et Ablaye. Parce que laisser les gens s'approcher, c'était la meilleure manière d'être blessé quand ceux-ci s'en iraient inévitablement un beau jour. Comme l'avaient fait Claude et Alice à ses quatorze ans. Et plus jamais, il s'était juré, il ne souffrirait ainsi.

***

« Guillaume ? »

Il se tourna vers Aurélien en l'entendant entrer dans le salon près de quinze minutes plus tard et il le dévisagea un moment avant de se tourner de nouveau vers la télé allumée devant lui.

« Le petit-déjeuner est sur la table. Tu crois que tu peux être prêt pour dans une demi-heure ? Mes parents sont allés faire des courses, ils vont bientôt revenir, mentit-il et il se mordit fortement la lèvre inférieure en ne supportant pas comment il venait de parler au plus jeune.

— Mais... Mes parents ne sont pas encore rentrés... balbutia Aurélien et il se retourna vers lui, forçant un sourire sur ses lèvres.

— Aurél, t'es grand, non ? Tu peux peut-être aller en ville en attendant qu'ils reviennent. Ou chez ton copain, Julien.

— Qu-Quoi ?

— Je sais qu'il est con, manipulateur, et même volage. Me mens pas, je sais ce que ça veut dire quand quelqu'un va à l'étage durant une soirée étudiante, dit-il d'une intonation un peu trop sèche en se retournant, préférant fixer la télé du regard que le plus jeune qui avait l'air complètement perdu par sa diatribe. Ton copain est un connard de première, je l'ai su dès le moment où je lui ai parlé. Mais bon après tout, c'est toi qui l'as choisi, non ? Tu savais à quoi t'attendre quand tu l'as choisis. »

Un silence assourdissant se fit entendre dans le salon quand il se tut et il serra fortement la mâchoire. Qu'est-ce qu'il lui prenait de lui cracher tout ça tout d'un coup ? Alors même qu'il venait à peine de se réveiller ? Il entendit des bruits de pas venir dans sa direction et quand Aurélien entra dans sa vision périphérique, il releva la tête pour le regarder. Le plus jeune avait les larmes aux yeux, un air déboussolé sur le visage, et il se mordit fortement l'intérieur de la bouche à cette vision. Il l'avait rendu triste. Et dans quelques secondes, il allait le voir se mettre à pleurer, il en était sûr.

« Je peux savoir... pourquoi tu me dis ça tout d'un coup ? J'ai fait quelque chose dans la nuit qui t'a déplu ? J'ai dit quelque chose peut-être ?

— Non. Tu n'as rien dit du tout, dit-il difficilement alors qu'il sentait une boule se loger dans sa gorge en pensant à la veille. C'est juste qu'il faut qu'on arrête de se voir.

— Tu lui donnes raison alors ? dit Aurélien en fronçant les sourcils et il fronça les sourcils de même, confus.

— J'ai pas envie qu'on se rapproche plus, Aurél. Ça ne me plaît pas. Ton copain est peut-être un connard absolu, mais il a raison sur ce point. On ne se connaît pas, on a rien à faire ensemble, point. »

Aurélien lui asséna alors une énorme baffe à ces mots et il resta figé un long moment, les yeux écarquillés et la tête sur le côté. Qu'est-ce qu'il s'était passé là ? Est-ce qu'il l'avait vraiment poussé tellement à bout qu'Aurélien venait de le frapper ?

« Et moi qui pensait que ça pouvait bien se passer ! Qui avait tant d'espoir en toi, Guillaume ! C'est pas mon copain, le connard, en vérité ! C'est toi...! Je te déteste ! »

Il resta abasourdi par la violence des mots du plus jeune. Mais en vérité, les siens avaient été beaucoup plus cruels que ça, plus incisifs. De quel espoir parlait-il ? Pourquoi avait-il dit Et moi qui pensais que ça pouvait bien se passer. Pensait-il à Julien en disant ça ? Ou bien à autre chose ? Il se rendit soudain compte qu'il pleurait à chaudes larmes et il se leva du canapé, ses propres mots vinrent le frapper subitement. Qu'est-ce qu'il avait osé lui dire ? Et tout ça pour quoi ? Parce qu'il avait paniqué en voyant à quel point il le laissait s'approcher ? Il tenta de toucher le plus jeune pour l'implorer de lui pardonner sa folie, mais celui-ci le repoussa fortement et il retomba dans le canapé. Aurélien s'enfuit alors sans un regard pour lui et il écarquilla les yeux en l'entendant se diriger vers sa porte d'entrée. Il n'était même pas habillé, merde. Et alors qu'il lui courait après, arrivant très vite dans la rue, c'est un autre visage baigné de larmes qui apparut dans son esprit. Alice. Il n'avait jamais voulu la rendre triste elle aussi ce jour-là. Et pourtant, c'est ce qu'il avait fait sans vraiment le vouloir. Pourquoi tu me dis ça, Guillaume ? Pourquoi tu es méchant tout à coup avec moi ? J'ai dit quelque chose qui t'a mis en colère ? Il en avait marre de trouver des parallèles entre Aurélien et Alice à chaque putain de fois qu'il interagissait avec ce dernier. Et quand il se rendit compte qu'il l'avait perdu de vue, ne sachant pas du tout dans quelle direction il était parti à cause du fait qu'il s'était perdu dans ses pensées une demi-seconde, il poussa un cri de rage dans la rue. Alice...! Tout était de sa faute. Encore une fois.

Fiction OrelxGringe - Je te connais. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant