Partie 13 - La discussion.

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« Guillaume... »

Il se tourna vers son ami en l'entendant l'appeler et lui sourit doucement :

« Ah, Claude... »

Il avait suivit ce dernier quand il était rentré chez lui, entraînant Aurélien avec lui. Ils avaient marché en silence, sans vraiment savoir quoi se dire l'un comme l'autre, et il avait senti sa gorge se serrer en voyant comment Claude tenait Aurélien contre lui pour l'aider à avancer, ce dernier paraissant complètement dans les vapes d'avoir autant pleuré. Quand ils étaient arrivés chez eux, Claude lui avait fait signe de le suivre après un instant d'hésitation et il s'était exécuté, le cœur battant la chamade dans sa poitrine. Son ami lui avait dit de l'attendre dans le salon pendant qu'il accompagnait le plus jeune dans sa chambre, ce dernier semblant sur le point de tomber de fatigue, et il avait hoché la tête en silence avant de se diriger vers la petite pièce. Il aurait pu en retrouver le chemin les yeux fermés tant il y avait passé du temps quand il était petit en compagnie de son meilleur ami. Il avait été étonné de voir à quel point la maison ressemblait à celle qu'il gardait dans ses souvenirs, comme si Claude et Alice n'en étaient jamais partis au final. Après tout, peut-être leurs parents n'avait-ils jamais trouvé acheteur et avaient décidé de revenir vivre ici après la mort de cette dernière. C'est vrai qu'Aurélien avait été la toute première personne qu'il avait vu s'approcher de la maison... Et pour cause.  

« Qu'est-ce que tu regardes ? » lui demanda son ami en s'approchant de lui et il se retourna vers la petite photo qu'il était en train de regarder lorsque son ami était entré dans la pièce.

Une photo d'eux cinq : Alice, Claude, leurs parents, et lui. Il devait avoir à peine neuf ans.

« Je ne savais pas que c'était vous qui aviez cette photo, dit-il en souriant tristement. Je l'ai cherchée partout pendant des années. Je n'arrivais pas... à me souvenir de vos visages. Pas bien en tout cas. »

Claude hocha simplement la tête en l'entendant dire ça et il lui emboîta le pas quand son ami se dirigea vers la canapé. Ce dernier s'assit dessus et il en fit de même, le regardant d'un air un peu inquiet :

« Comment il va ? Mieux ? lui demanda-t-il en parlant d'Aurél et Claude hocha la tête d'un air absent. Claude, pourquoi y a pas de photo de lui ? Seulement de toi et Alice... Tu ne crois pas... que ça peut le rendre triste ? Que ça peut le faire se sentir... moins aimé que ta sœur par tes parents ? Parce qu'il est... quoi...? adopté ? C'est ça ? C'est peut-être pour ça qu'il avait l'air d'autant m'en vouloir de t'avoir parlé d'elle... »

Claude le regarda d'un air surpris quand il lui dit ça, puis il le vit secouer la tête en souriant doucement :

« Non, Guillaume... T'y es pas du tout... C'est pas ça... Aurél a raison quand il dit que tu comprends vraiment rien, hein...

— Mais explique-moi alors ! s'exclama-t-il avant de se calmer en voyant Claude lui montrer l'étage où se reposait le plus jeune d'un signe de tête en faisant les gros yeux . Explique-moi... Ça fait des semaines que j'essaie en vain, de comprendre. Mais j'y arrive pas.

— Je suis désolé, Guillaume, mais je n'ai pas le droit de t'expliquer. C'est soit... à Aurél de te le dire, soit à toi de le comprendre par toi-même. Je n'ai pas envie d'aller à l'encontre de sa volonté.

— Sa volonté ? Mais qu'est-ce que tu racontes ? »

Claude ne répondit rien et il le dévisagea en silence, essayant de percevoir le moindre changement d'expression sur son visage. Mais il était bien trop fort ce con.

« Tu sais, Guillaume... Je sais que tu penses qu'il t'a menti depuis le début, depuis que vous vous êtes rencontrés par hasard à cette fête, lui dit Claude et il haussa les sourcils, surpris qu'il soit au courant de ça. Mais tu as faux sur toute la ligne. Et je pense avoir le droit de te le dire parce que tu me sembles à des années lumières de comprendre, mais s'il ne te dit pas tout... c'est parce qu'il a peur de ta réaction en vérité. Peur de comment tu vas réagir si tu comprends ce qu'il essaye de te cacher depuis le début.

— Putain, mais Claude... Je n'arrive pas à comprendre. Vraiment. Et pourquoi il me cacherait quelque chose ? Je ne le connais que depuis cette fichue fête. Est-ce que lui il avait déjà entendu parler de moi avant de me rencontrer ? Je veux dire... C'est vrai que quand je lui ai dit mon prénom ce jour-là, il avait l'air surpris, dit-il en repensant au jour où son chien lui avait sauté dessus. Même... effrayé. Et après... son copain avait l'air en colère contre moi en apprenant que c'était moi Guillaume.

— Ça, c'est seulement parce qu'il lui avait dit qu'il t'avait embrassé sur la joue quand tu l'avais raccompagné après la fête. Enfin... Entre autres choses, marmonna Claude et il fronça les sourcils en voyant qu'il était aussi au courant de ça.

— Attends, je peux savoir comment tu sais tout ça, toi ?

— C'est mon petit frère, Guillaume, répondit Claude en haussant les épaules. Il me dit tout, tu sais. »

Il jeta un regard hésitant à Claude avant de soupirer, le crâne lui lançant déjà.

« Et il t'a aussi raconté... ce que je lui ai craché après que je lui ai proposé de dormir chez moi après cette deuxième fête ? dit-il en se passant une main sur le visage et Claude fronça les sourcils à ça.

— Mm... Non. Mais cause toujours, tu m'intéresses.

— Je lui ai dit des choses horribles et il m'a évité pendant trois jours après ça. Je lui ai dit qu'on ferait mieux d'arrêter de se voir et qu'il ferait mieux de retourner auprès de son copain, car même si c'était un con, il l'avait choisi. Je lui ai dit qu'on ne se connaissait pas et qu'on avait rien à faire ensemble. Je lui ai dit, en gros, qu'il n'y avait aucune raison qu'on soit amis lui et moi. Il m'a giflé et il est parti en pleurs de chez moi, sans même prendre le temps de se rhabiller.

— Ah ouais, t'as vraiment été un connard sur ce coup, dit Claude en fronçant les sourcils. Mais non, il ne me l'a pas dit. Attends, c'est pour ça qu'on l'a retrouvé en pyjama dans le jardin quand je suis revenu avec mes parents ?

— Il était donc bien rentré chez vous... dit-il en murmurant avant de se reprendre. Ouais, j'ai agi comme un débile. Parce que j'ai pris peur en voyant comment on se rapprochait tous les deux. On avait dormi ensemble dans mon lit la veille parce qu'il avait oublié les clés de chez lui et... et j'ai flippé en me rendant compte que j'appréciais un peu trop sa présence à mes côtés, expliqua-t-il en se rappelant de comment il avait embrassé ses cheveux pour le calmer. Alors j'ai réagi de la seule manière que je connais : en le rejetant. »

Claude resta silencieux, semblant attendre qu'il continue et il se passa une main sur le visage de nouveau pour se rafraîchir la mémoire :

« Il m'a dit avant de partir qu'il me détestait parce qu'il avait mis tellement d'espoir en moi et qu'il avait pensé que ça pouvait bien se passer. J'ai toujours pas compris ce qu'il voulait dire par là.

— Putain, mais Guillaume... entendit-il son ami soupirer à ses côtés et il lui lança un regard confus, fronçant les sourcils.

— Quoi ?

— Mais t'es aveugle, c'est pas possible ! Avec tous les indices qu'il t'a donnés, là !

— Mais j'en sais rien...! Et en plus... À chaque fois... c'est à Alice que je pense quand le vois. Je n'arrive pas à me la sortir de la tête. Et maintenant, tu me dis qu'elle...

— Guillaume, arrête. Alice, c'est du passé. Et Aurél... c'est le présent. Ok ?

— Mais qu'est-ce que tu veux dire par là...? Je ne savais même pas que c'était ton frère. Qu'il y avait un lien entre eux deux... Je suis complètement perdu... »

Claude le dévisagea un long moment, en silence, puis il le vit soupirer en secouant la tête.

« J'ai envie d'une pizza, lui dit ce dernier en se levant. Les parents sont pas là ce soir et j'ai la flemme de cuisiner. Tu veux bien rester là au cas où Aurél se réveille ? Il dort dans sa chambre. Je fais du plus vite que je peux. »

Il hocha la tête d'un air hésitant, puis regarda son ami s'éloigner, confus. Sa pizza... Il aurait très bien pu la commander, non ? Qu'est-ce que ce dernier manigançait ? Il le suivit du regard jusqu'à ce qu'il eut disparu dans le couloir et quand il entendit la porte d'entrée claquer, il jeta un coup d'œil hésitant en direction des escaliers. Il avait envie d'aller voir comment se portait Aurélien.

Fiction OrelxGringe - Je te connais. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant