Fiction OrelxGringe - Je te connais.

Partie 12 - Claude.

« Claude !! »

Il faillit déraper en entendant Aurélien s'écrier cela quand ils aperçurent son frère en arrivant devant l'entrée du bâtiment de Julien, ce dernier étant en train de regarder sa main droite. Comment ça, « Claude » ? Le plus jeune sauta de son vélo alors qu'il avait jusqu'à présent les bras fermement accrochés à sa taille et il freina brusquement, les yeux écarquillés en le sentant sauter. Il allait se tuer, bordel ! Aurélien tomba à genoux sur le sol et il le vit faire une petite grimace de douleur avant de vite se relever, se précipitant vers Claude qui levait les yeux de ses phalanges. Celui-ci parut étonné de le voir courir dans sa direction et il le vit se tourner vers lui, juste au moment où Aurélien lui sautait dans les bras.

« Claude !! »

Il descendit de son vélo sans lâcher du regard le plus grand qui le regardait à présent lui aussi, les sourcils froncés en confusion, et lorsqu'Aurélien se mit à pleurer dans ses bras, Claude entoura sa taille des siens presque machinalement.

« Tout va bien, mon cœur. Je vais bien, tu vois... l'entendit-il murmurer au plus jeune en se tournant vers lui et son cœur rata un battement dans sa poitrine en le voyant déposer un baiser sur ses cheveux. Il ne m'a rien fait ton copain. Par contre moi... Je me suis un peu énervé contre lui, je dois avouer...

— Qu'est-ce que tu lui as fait ? Il n'a pas répliqué ? Il n'a pas essayé de te faire du mal ?? demanda Aurélien à son grand frère en se reculant légèrement et il l'observa lui demander ça d'un air inquiet, comme dans un monde parallèle.

— Je l'ai frappé quand il m'a dit ce qu'il t'a fait. J'ai pas pu m'en empêcher. Et je lui ai dit de ne plus t'approcher, il faut que tu me fasses confiance maintenant, Aurél, quand je te dis qu'il est mauvais pour toi. Tu me crois, maintenant ? Si seulement j'avais agi avant...

— Arrête, t'as toujours essayé de m'éloigner de lui depuis que je l'ai rencontré. C'est moi qui aurait dû t'écouter. J'aurais dû plus te faire confiance. De toute façon... il a eu ce qu'il voulait, hein... Alors c'est fini maintenant... »

Il vit son grand frère hocher la tête tristement alors qu'il les regardait, complètement perdu. De quoi est-ce qu'ils parlaient ? Qu'est-ce qu'Aurélien voulait dire par Il a eu ce qu'il voulait ?

« Claude ? » s'entendit-il soudain appeler le plus grand qui avait à présent le visage du plus jeune dans les mains.

Celui-ci détacha son regard de son petit frère pour le regarder et il vit celui-ci se tourner lui aussi dans sa direction en sursautant, ne semblant se rappeler que maintenant de sa présence. Il le vit se détacher du plus grand précipitamment et il se dirigea vers eux, confus de sa réaction. Il y avait vraiment, vraiment quelque chose qu'il cherchait à lui cacher. Et si ce Claude était bel et bien son Claude comme il hésitait encore à se laisser croire, alors il comprenait pourquoi Aurélien avait semblé aussi paniqué lorsqu'il lui avait parlé de lui dans la cour plusieurs jours plus tôt. Ou encore quand il lui avait raconté qu'il habitait dans la maison de ses amis d'enfance. Quand il lui avait dit que son chien avait le même nom que le leur. Et surtout, quand il lui avec expliqué à quel point ils l'avaient blessé en s'en allant sept ans plus tôt. Mais alors... si c'était vrai, pourquoi avait-il préféré lui mentir ? Et tout cela... ne répondait pas à la seule question qui lui importait à présent. Qui était-il, vraiment ? Et aussi, où était Alice ?

« Claude, c'est vraiment toi ? demanda-t-il au plus grand en s'arrêtant devant lui pour le dévisager d'un air incertain et ce dernier hocha la tête lentement, paraissant aussi confus que lui.

— Gui...llaume ? Mon pote ?

— Putain, mais mec... Je ne rêve pas ?! T'es vraiment là ?!

— Oui, ma couille. C'est moi. Le seul et l'unique ! »

À ça, il lui sauta dans les bras et Claude lui rendit son étreinte, tous les deux rigolant malgré leur émotion. Il serra son ancien meilleur ami du plus fort qu'il le put et ne put retenir un petit sanglot de passer la barrière de ses lèvres devant la vague d'émotion qu'il sentait l'envahir tout à coup. Bordel de merde.

« Mais attends, je comprends rien du tout là... Qu'est-ce que tu fais ici ? Vous avez emménagé de nouveau dans votre ancienne baraque ? Et elle est où ta sœur ? »

Il se figea en voyant son ami perdre son sourire à cette question et il fronça les sourcils devant sa réaction. En tournant la tête, il vit Aurélien se figer aux côtés de Claude et le plus jeune lui lança un regard apeuré quand il se rendit compte qu'il le regardait à présent. Qu'est-ce qu'il avait dit ? Qu'est-ce qu'il s'était passé de si terrible pour que le seul fait de prononcer le nom de la petite fille les pétrifie ainsi.

« Et toi Aurél... Pourquoi tu dis que Claude est ton frère ? »

Il vit ce dernier faire un pas en arrière, des larmes coulant soudain de ses yeux, et il sentit son cœur se mettre à battre plus fort dans sa poitrine en pensant soudain qu'il semblait garder un bien lourd secret, ce qui l'avait amené à lui mentir ces dernières semaines.

« Parce qu'il l'est. Aurélien est mon frère. Et Alice... n'est plus là.

— Quoi ? s'exclama-t-il en se tournant vers Claude et il le vit lui lancer un regard triste. Comment ça, elle n'est plus là ?

— Guillaume... Alice... n'existe plus. Je sais... que c'est dur à entendre... Mais il va falloir que tu t'y fasses.

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?! s'exclama-t-il, le cœur se brisant dans sa poitrine. Est-ce qu'elle est morte ?! Tu m'avais dit avant de partir que c'était pour elle que vous vous en alliez ! Pour la guérir !

— Pas pour la guérir ! Pour comprendre ce qui n'allait pas avec elle et faire en sorte qu'elle ne souffre plus ! s'exclama à son tour Claude et il sursauta en l'entendant se mettre à crier. Et maintenant, j'ose espérer que c'est le cas !

— Tu veux dire qu'elle souffre plus parce qu'elle est morte, c'est ça ? demanda-t-il d'une voix brisée et quand Claude ne lui répondit pas, serrant simplement la mâchoire comme pour éviter de lui dire quelque chose qu'il ne devrait pas, il l'agrippa par les épaules. Réponds-moi !! Réponds-moi, Claude !! Est-ce qu'elle est morte ?!

— Oui, elle est morte !! »

Il sursauta violemment en entendant Aurélien crier ça à ses côtés et il se tourna vers lui, les yeux écarquillés. Le plus jeune avait le visage baigné de larmes et il secoua la tête, ne comprenant pas pourquoi il se mettait dans cet état, lui aussi. Est-ce qu'il l'avait connue au moins ? Ou bien est-ce que les parents de Claude l'avaient adopté après la mort d'Alice ? Il avait son âge vu qu'il était en première année à l'université cette année alors c'était la seule solution plausible et il se demanda combien de choses on lui avait raconté sur elle.

« Alice n'est plus là !! Elle ne reviendra jamais, t'entends ?! Jamais !! lui cracha Aurélien et il fit un pas de recul, frappé par ces mots. Et je ne veux plus... plus jamais t'entendre parler d'elle ! T'es trop con, Guillaume !! C'est pas possible !

— Quoi ? Aurélien, je peux savoir pourquoi tu me dis ça ?!

— Non ! T'as qu'à essayer de comprendre tout seul pour une fois ! Mais c'est vrai que tu ne l'as jamais pu !! Je me demande pourquoi je me suis inquiété tout ce temps !! Pourquoi j'avais peur qu'on revienne ici ! »

Il fronça les sourcils, complètement perdu devant le monologue du plus jeune, et le vit tourner les talons comme pour s'enfuir. Avant même qu'il n'en ait eu le temps, il vit Claude le rattraper par l'avant-bras et l'attirer à lui :

« Aurél ! Tu te calmes maintenant ! Tu n'as pas à faire ça ! Tout va bien, arrête de paniquer ! »

Il vit le plus jeune chercher à se débattre un instant, essayant de repousser son frère, avant de sembler abandonner et éclater en sanglots contre lui. Claude le tint fermement contre lui, ses bras entourant fortement sa taille pour l'empêcher de s'enfuir si l'envie lui prenait de nouveau. Et il resta là, les bras ballants, à regarder son ancien meilleur ami tenir Aurélien dans ses bras. Pourquoi... est-ce que ce dernier était en colère contre lui ? Et pourquoi lui avait-il dit qu'il ne comprenait rien ? Qu'est-ce qu'il lui échappait encore ?