Partie 14 - Le chantage.

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Alice, pourquoi tu pleures ?

Je ne me sens pas bien, Guillaume. Dans mon corps. Pourquoi... Pourquoi je suis née comme ça...?

Qu'est-ce que tu racontes un peu ? Tu es parfaite comme tu es.

Non... Tu ne comprends pas...

En effet. Je ne comprends pas comment la plus belle des petites filles peut ne pas s'aimer. Mais ne t'inquiète pas, je t'aimerai pour deux, moi.

Il regardait tristement le plus jeune dormir dans son lit depuis l'entrebâillement de sa porte, n'osant pas s'approcher de peur de le réveiller. Celui-ci était dos à lui, recroquevillé – comme il lui avait dit être son habitude – du côté du mur de sa chambre. C'est à cause d'elle ? Alice ? Si tu m'as dit toutes ces choses horribles ? entendit-il la voix du plus jeune lui crier comme un écho dans son esprit et il secoua la tête en poussant un petit soupire. Trop longtemps il avait souffert de l'absence de la petite fille pour se laisser être heureux, au moins un tant soit peu, et accepter de se laisser ressentir le même sentiment qui l'animait autrefois pour elle. Ce sentiment qu'il avait retrouvé avec Aurélien. Ce dernier le fascinait, oui c'est vrai. Mais plus que ça encore, il le savait, il lui plaisait. Il lui avait plu dès la première fois qu'il l'avait vu à cette fête, descendant ces escaliers les joues rouges et le regard un peu ailleurs. Il aimait sa sensibilité, sa gentillesse, sa douceur. Sa chaleur qui s'étaient mélangée à la sienne lorsqu'ils avaient tous les deux dormi côte à côte dans son lit. Claude avait raison. Alice, c'était le passé. Et Aurélien, le présent. Mais maintenant, tout était chamboulé. Parce qu'il le savait à présent : Aurél avait un lien avec Alice. Que ce soit simplement familial ou.. autre. Restait plus qu'à comprendre lequel. Je ne pourrai jamais revenir... Pas tout à fait... entendit-il de nouveau la voix du plus jeune dire dans son esprit et il se rappela de son cauchemar cette nuit-là. Qu'avait-il voulu dire par ça ? Ne me laisse pas seul, j'ai tellement peur... À qui s'adressaient ces mots ? Il sortit de ses pensées en entendant un petit sanglot déchirer le silence et il s'approcha aussitôt d'Aurélien, un air soucieux sur le visage. Il monta sur le lit du plus doucement qu'il le put pour ne pas lui faire peur au cas où Aurélien était réveillé et, effectivement, celui-ci ouvrit les yeux précipitamment dans la pénombre seulement éclairée par la lumière du couloir dans son dos. Il le vit le dévisager d'un air effrayé en se redressant contre son oreiller avant que celui-ci ne vienne se blottir dans ses bras, le faisant sursauter devant le geste inattendu.

« Guillaume... sanglota le plus jeune dans son cou et il referma ses bras autour de lui en l'entendant s'effondrer en larmes.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive, Aurél ? lui demanda-t-il, le cœur battant la chamade devant ce geste qui semblait si naturel. Tu t'es réveillé ? À cause d'un cauchemar ? Dis-moi tout, je suis là pour toi. Rien que pour toi...

— J'ai mal... au cœur... J'ai l'impression... qu'il va imploser... Ça fait tellement mal... Et Julien... Lui aussi, il m'a fait du mal...

— Qu'est-ce que tu racontes...? murmura-t-il et il se retint au dernier moment de l'appeler petit cœur, comme Claude l'avait déjà appelé plus tôt dans la journée, à peu de choses près. Qu'est-ce qu'il t'a fait, Julien ?

— Il m'a fait du chantage, sanglota Aurélien et il sentit son cœur se serrer à ça. Je l'ai rencontré il y a six mois quand j'étais encore à Paris... Dans ce centre... Et j'ai toujours refusé... de coucher avec lui... bien qu'on sorte ensemble... C'était trop tôt, je lui disais... Il connaissait mon secret et... lui, il pensait qu'à une chose : le faire avec moi. »

Il fronça les sourcils, essayant de comprendre à travers ses mots quel pouvait bien être ce secret qu'il désirait tant lui cacher. De quel centre parlait-il ? Un centre d'adoption ?

« Mais quand il a appris que je t'avais rencontré... Puis que je t'avais embrassé... Alors que je lui avais promis... Il est devenu fou de jalousie... Et quand il a appris que j'avais dormi chez toi, c'était encore pire...

– Aurél, je ne comprends rien... Ce baiser, c'était rien du tout. T'avais trop bu, je te l'ai déjà dit. Et on a seulement dormi chez moi. On a rien fait du tout. Pourquoi tu es allé lui raconter si tu savais qu'il allait autant se mettre en colère...?

— Parce que c'est mon copain et je ne veux pas lui mentir, sanglota Aurélien et il secoua la tête avant de se reculer afin de pouvoir prendre son visage entre ses mains. 

C'est ? Vous ne sortez plus ensemble, non ? Pas après... comment Claude lui a refait le portrait si je dois en croire l'état de ses phalanges, hein ? Est-ce que c'est après ce chantage dont tu parles que ton frère a décidé de lui casser la gueule ? demanda-t-il au plus jeune et celui-ci hocha la tête doucement. C'était quoi ?

— Lundi... il m'a dit... que si j'acceptais pas de coucher avec lui, il te révélerait mon secret, murmura le plus jeune et il le vit le regarder les yeux mi-clos, prouvant qu'il était encore un peu dans les vapes malgré ce qu'il avait tout d'abord cru. Qu'il te raconterait tout ce que j'ai toujours essayé de te cacher, la raison de mes mensonges... J'ai essayé de lui faire entendre raison mais... Cette fois, il s'est énervé, et il m'a fait ça, murmura Aurélien et bien qu'il ne lui montra rien pour appuyer son propos, il comprit qu'il parlait de ce qu'il avait à la tempe et qui avait nécessité des points de suture. J'ai tellement peur que tu me détestes, Guillaume... Alors je l'ai... laissé faire. »

Il écarquilla les yeux en comprenant ce qu'Aurélien tentait de lui dire et celui-ci lui tomba alors dans les bras, inconscient.

« Aurél ?! Aurél !! »

Le plus jeune ne se réveilla pas et il le serra contre lui, sentant des larmes couler sur ses joues sans qu'il n'arrive à les empêcher. Julien avait profité du fait qu'il était au courant de son secret pour le forcer à coucher avec lui. Alors même qu'il ne le voulait pas. Il lui avait fait du chantage, sachant pertinemment bien qu'il était au pied du mur et ne pouvait pas refuser. Il repensa alors à ce qu'Aurelien avait dit à son grand frère un peu plus tôt : Il a eu ce qu'il voulait, alors c'est fini maintenant. Est-ce que Julien avait effectivement attendu simplement cela de leur relation ? Coucher avec lui, puis se casser ? Est-ce qu'Aurélien venait tout juste de s'en rendre compte, bien trop aveuglé auparavant par ses sentiments ? Comment avait-il pu... supporter tout ça ? Et... pour lui ? Mais pourquoi ? Il était à présent encore plus perdu qu'auparavant après cette conversation.

Fiction OrelxGringe - Je te connais. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant