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Le vent balayait mes cheveux, coinçant certaines mèches derrière mes lunettes de soleil d'un noir opaque.

Le temps était gris, et humide, il faisait assez chaud pour un dimanche de printemps.

Mes yeux étaient baissés, regardant avec dépit le nom gravé sur la pierre tombale à mes pieds.

Chung-Su.

Je ne suis jamais retournée voir mes parents depuis que j'ai fugué. Pourtant, je viens plus d'une fois par semaine ici, comme si cet endroit était devenu ma propre maison.

C'est ironique, en vrai. Je suis entourée de cadavres, comme si on me rappelait sans cesse ceux que j'avais tué.

Est-ce que je le mérite ? Sûrement.

Après tout, les criminels finissent en enfer, n'est-ce pas ?

Je déposai le bouquet de fleurs sur sa tombe, retenant une larme de s'écouler sur ma joue.

Et les mêmes questions habitèrent mon esprit : pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Mais qu'est-ce que tu as fait bon sang ?

Des questions toujours sans réponse, c'est la vie qui voulait ça. Et je n'étais certainement pas prête de les trouver.

Mes yeux lâchèrent son nom, pour marcher un instant dans les allées du cimetière.

C'est une chance que l'Eglise ne sache pas pour ses crimes. Ou jamais il ne se serait retrouvé ici. Il en aurait été banni, et son corps aurait sûrement erré quelque part.

Il a fait de bonnes choses, ses actions partaient de bonnes intentions. Est-ce que l'on peut qualifier les meurtres par vengeance de réels crimes ? Qui n'a jamais voulu ôter la vie de celui ou celle qui nous avait pris un être cher ? Et pour ceux qui ne l'ont pas vécu... je suis persuadée que la majorité des personnes comprendraient ses gestes, s'ils savaient...

Mais notre vie entière est, et doit rester un secret, durant toute notre existence, au moins.

Un couple se dressa quelques mètres devant moi, et je les reconnus plutôt rapidement. Je ne m'attendais pas à les voir aujourd'hui, mais en même temps, et pendant quelques secondes seulement, je me sentis normale.

Je m'avançai alors encore un peu, juste assez pour apercevoir la pierre tombale en marbre gris clair.

A mon fils bien-aimé, à un collègue aimant, à un frère, nous ne t'oublierons jamais.

Ces mots étaient gravés en doré et ressortaient grâce aux quelques rayons de soleil venant de pointer le bout de leur nez.

La jeune femme grisonnante s'essuya le dessous des yeux avec un mouchoir déjà bien humide, je fouillais alors dans mon sac.

Puis je lui en tendis un neuf.

Leurs yeux se dirigèrent vers moi, alors que je n'osai même pas les regarder.

« Merci. Renifla-t-elle sans poser de questions. »

Je baissai la tête, pinçant mes lèvres en sentant les larmes monter.

« Toutes mes condoléances. Bafouillais-je, la voix tremblante. »

Un silence s'en suivit, pendant lequel une larme roula sur ma joue. Je la sentis, et m'empressai de l'essuyer.

« Nous vous remercions. »

Ce fut les derniers mots qu'ils prononcèrent, avant de quitter les lieux, non sans lancer un dernier regard au prénom gravé un peu plus bas.

Park Jung-Hwa.

Une autre larme roula, avant de s'étaler sur les graviers devant mes pieds.

Mon cœur se tordit dans ma poitrine, et je posai maladroitement une main sur le haut de mon sein, sentant d'autres gouttes me submerger. Mes joues devinrent rapidement complètement humides, et mon souffle court. Mais je n'enlevai pas mes lunettes. On ne devait pas me voir. Personne ne devait savoir que j'étais venue ici.

Basement {Hwang Hyun-Jin}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant