*
à écouter avec le chapitre.
bonne lecture :)
*Il est encore tôt lorsque j'ouvre les yeux, le soleil se lève à peine. Il dort encore trop bien à côté de moi, l'air innocent et apaisé. Et pourtant, quand je repense à la nuit dernière, mon corps brûle instantanément et je perds toute conscience. J'aimerais le réveiller et l'embrasser à pleine bouche à nouveau, reprendre ce qui s'est arrêté hier, le sentir à nouveau contre moi. Sa respiration est lente, agréable à écouter, elle apaise mon coeur. Je n'ose bouger, de peur de le réveiller, alors je l'observe juste, parce qu'il n'y a rien de plus agréable que de le regarder, là et maintenant.
Un lourd poids porté depuis bien trop longtemps glisse le long de mes épaules, pour s'évaporer au sol. Je ne pensais jamais être capable de parler de ma vie à quelqu'un, et pourtant, il était là devant mes yeux depuis le début, mon échappatoire. C'est la première fois depuis la mort de mon père que je me dis que la vie a peut-être un sens. Que peut-être j'ai ma place sur cette terre. J'ai espoir de me dire que j'ai quelqu'un sur qui m'appuyer, qui pourra m'épauler et m'aider à m'en sortir.
Silencieusement, je me lève et prends quelques affaires à lui pour me couvrir de la neige qui tombe dehors. Il est encore très tôt, je n'ai entendu aucun bruit provenant de la chambre d'à côté, c'est mon moment pour partir. Je le regarde encore quelques secondes, enfoncé dans les couettes, couché sur le ventre, son dos légèrement bronzé se soulevant sous sa respiration. J'ai envie d'y laisser mille baisers et quelques traces.
Sur son bureau, j'attrape une feuille et un stylo histoire de lui laisser de mes nouvelles :
"Je ne me suis pas enfui, j'ai juste ma vie à reprendre en main, alors je règle mon problème et je te rejoins, comme tu m'as dit. Tu m'as sauvé, merci...
PS: je t'ai volé un sweat histoire de pas crever de froid :/
PPS : t'es beaucoup trop mignon quand tu dors."A pas de loup, je descends les marches d'escaliers, ouvre gentiment la porte et c'est lorsque j'entends celle de ses parents s'ouvrir que je me presse de partir. Je cours jusqu'au coin de la rue et reprends une simple marche jusqu'à la maison. Je suis à la fois effrayé et déterminé à la rejoindre.
Sur le pas de ma porte, mon souffle se coupe. Je m'appuie contre celle-ci.
Contrôle-toi, respire, tu peux le faire.
J'ouvre la porte, lentement, sans bruit. Un silence de mort. Néanmoins, le salon est complètement retourné, pour je ne sais quelle raison.
— Maman ?
Je l'appelle, timidement, sans réponse. Je monte alors les marches, tandis que mes douleurs physiques reviennent tranquillement. Je passe d'abord dans ma chambre qui est complètement retournée elle aussi. La plupart de mes affaires sont étalées au sol, mes draps chiffonés, mes placards ouverts et mes livres par-terre. Je ne fais pas plus attention et recupère juste quelques plaquettes de médicaments, de quoi soulager mes maux, et un sac avec des affaires. Je n'arrive pas à y croire. Je vais enfin partir d'ici, de l'enfer qui me tient par le gorge depuis des années.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
Je sursaute et me retourne brusquement, de peur. Elle se tient, sur le pas de la porte de ma chambre. Elle n'a pas l'air en forme, en tout cas, encore moins que d'habitude. Elle a les cheveux en désordre, une tenue peu comode, le visage blanc et les yeux injectés de sang. Elle s'accroche au cadran de ma porte, tandis qu'elle titude légèrement.
— Je récupère mes affaires...
— Enfin.
— Enfin ?
— Isaiah, tu n'imagines pas à quel point j'ai des regrets dans ma vie.Elle inspire.
— Mais tu es mon plus grand regret. Il n'y a pas un jour où je ne demande pas au ciel pourquoi il ne t'a pas pris à sa place.
Je serre les dents, au point de les faire grincer. Malgré tout, les larmes coulent d'elles-mêmes. Mon coeur se serre. Elle est complètmeent shootée à je ne sais quelle drogue et les mots sortent sans aucun remords. Elle ne me regarde même pas. Il n'y a rien dans ses yeux, à part un vide immense.
— Je fais ça pour toi, pour que tu comprennes à quel point la vie est dure, c'est pour toi que je fais ça, pour toi. Je n'en peux plus, je ne te supporte plus, te voir tous les jours, complètement raté. Tu n'es même pas un vrai homme. Je lui avais dit, que c'était une mauvaise idée. Que je n'en voulais pas, que je ne te voulais pas. Et voilà le prix a payé aujourd'hui.
Elle se met à pleurer, sincèrement.
— Je ne peux plus te voir. Je n'en peux plus de cette vie. Tu m'as tout pris, j'ai tout perdu à cause de toi.
Puis elle se met à hurler.
— Casse-toi. Barre-toi tu m'entends. Je ne veux plus jamais te revoir. Dégage.
J'ai un haut le coeur, la bouscule et descends rapidement les marches. Je titube à mon tour, et cours sans m'arrêter sur plusieurs centaines de mètres, tandis que ma vue est complètement brouillée par mes larmes. Je n'entends rien d'autre que ses mots qui résonnent dans ma tête. Je me retiens contre un arbre, me penche en avant et vomis, l'estomac torturé et vide de nourriture depuis plusieurs jours. Je vomis encore, et encore, et pleure encore, et encore.
VOUS LISEZ
peau couleur arc-en-ciel
Short StoryLarmoyant, j'observe ce coucher de soleil qui m'apaise tant. Devant la porte, je suis terrifié, je n'ai pas envie de rentrer. Je n'arrive plus à avancer, les mains tremblantes. Je me crispe lorsque j'entends la porte claquer. Je n'arrive plus à bo...