III

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Je cours sans m'arrêter avant d'arriver au parc public de la ville, toujours aussi désert et sombre. Je me pose sur un des bancs et reprends mon souffle. Je me mets à pleurer, comme tous ces autres jours, que je ne compte même plus. Je déverse des larmes pendant longtemps, tellement longtemps qu'il fait grand nuit. J'ai mal, de partout. J'ai mal au coeur, j'ai mal au corps.

Je compose le seul numéro de mon répertoire, mon seul espoir.

– Mec, t'as vu l'heure,
tout va bien ?

– Je suis désolé, je peux venir
chez toi, je suis à la rue là.

– Pardon ? Attends,
il s'est passé quoi ?
Grouille-toi de venir, je descends.

Je me mets à marcher jusque chez lui, frigorifié par cette nuit venteuse et fraiche. Au loin, je le vois qui m'attend, les bras serrés autour de son corps frêle, à sautiller d'un pied à l'autre pour se réchauffer. Il me voit arriver et s'approche à toute vitesse, en m'enroulant dans l'un de ses sweats qui sent bon la vanille et la noix de coco.

Il ne parle pas, me sert une seconde dans ses bras et me fait entrer chez lui. Il me tend une serviette de bain et je pars prendre une bonne douche chaude. J'observe, dans le miroir de sa salle de bain, mon corps meurtri et sers les dents. Lorsque je le rejoins dans sa chambre, vêtu d'un jogging et d'un sweat à lui, il est affalé dans son lit, simplement en short. Je me couche a ses côtés et on ne parle pas, tout deux en train de fixer le plafond. Puis il se tourne vers moi.

– Isaiah, est-ce que tout va bien chez toi ? Je te connais depuis un moment déjà, je sais que tu es un casse-cou et que tu ne sais pas tenir sur tes jambes mais j'y pense depuis un moment et je m'inquiète pour toi.

Je sens qu'il me regard et je n'ose me tourner vers lui. Mes yeux se remplissent de larmes et je me mets dos à lui. Je sens alors le lit bouger et son corps se coller au mien. Mon coeur bat à mille à l'heure et je n'ose plus faire quoi que ce soit. Il me sert contre lui et sa chaleur m'apaise instantanément.

Je me mets à pleurer silencieusement et il pose sa tête dans mon cou, tandis que son souffle chaud s'abat sur ma nuque. Un frisson traverse mon corps et je n'arrive plus à verser une larme. Je me tourne vers lui et retiens mon souffle, son visage alors à quelques centimètres du mien. Ses yeux verts brillent, tandis qu'il a un regard meurtri. Je suis pris d'une envie folle et dépose mes lèvres sur les siennes.

peau couleur arc-en-ciel Où les histoires vivent. Découvrez maintenant