Lorsque j'aperçois les premiers rayons de soleil à travers les volets, je quitte mon lit et me prépare à toute vitesse, avant qu'elle ne se réveille. J'ai l'oeil gauche tellement gonflé que je ne peux pas l'ouvrir. Il n'est pas beau à voir, d'un mélange des couleurs de l'arc-en-ciel, passant du rouge au bleu-violet. Je change mon pansement imbibé de sang coagulé, me mordant la lèvre pour me retenir de hurler tant cela me fait souffrir.
Il est encore trop tôt pour aller en cours mais je préfère encore être dehors qu'ici.
Dehors, le ciel est bleu, j'observe et écoute le vent circuler doucement entre les branches, les invitant à danser avec lui.
Je rejoins le parc désert de la ville et m'allonge dans l'herbe fraîche de la nuit brumeuse et reste ainsi, dans mon havre de paix, là où je peux me reposer et oublier, rêver d'une meilleure vie, loin d'ici, loin d'elle.
Puis il m'a rejoint et les problèmes ont commencé, lorsqu'il m'a vu, dans cet état.
– Isaiah, je t'emmène à l'hôpital, point final.
Je n'ai su répondre quoi que ce soit sur la raison de ma blessure, trop grave de son avis pour cicatriser naturellement, sans points ni médicaments.
Nous avons donc manqué une partie des cours de ce matin, par ma faute. Je suis longuement resté silencieux lorsque le médecin m'a demandé d'où venait ma blessure, puis finis par trouver une excuse bidon à laquelle il semble croire, une stupide chute dans mes escaliers, tombant sur le coin de la dernière marche de ceux-ci. Il me met en garde de la gravité de ma blessure, du fait que j'aurais pu perdre mon oeil, ce qu'il appelle une ''fracture du plancher orbitaire gauche''. J'ai un haut le coeur sur le moment et me dis malgré tout que j'aurais pu me libérer de ce douloureux poids qu'est ma vie en me confiant mais je suis vite rattrapé par la peur des conséquences de mes aveux.
Nous avons finalement séché le reste des cours de la journée, en trainant dans les rues de la ville sans but particulier. Nous nous sommes séparés en fin de journée, à l'heure où nous étions supposés sortir de cours et mon anxiété est revenue au grand galop. Cette journée fut libératrice d'un quotidien que je ne supporte plus.
J'avale les cachetons prescrits par le médecin de l'hôpital en pensant que cela puisse me soulager, vainement et rentre assez tôt, pour ne pas me faire fusiller comme hier. Je me fais, comme à mon habitude, le plus silencieux possible et rejoins ma chambre.
A peine aie-je le temps de me poser dans mon lit que j'entends ses pas lourds résonner dans la maison. Elle ouvre avec fracas la porte de ma chambre et je m'attends à une nouvelle crise. Elle a les cheveux dans le désordre, des marques de coussin sur la joue droite et les yeux dans le vide. Elle marmonne quelque chose que je ne comprends pas et j'en conclus qu'elle a bu, sinon plus.
Elle s'affale lourdement dans mon lit, avant de s'assoir à côté de moi. Elle fronce les sourcils.
– D'où sort ce pansement ?
Je me relève rapidement et m'éloigne d'elle, inquiet. Elle me regarde, encore plus suspicieuse, lorsque je me mets a bégayer.
– De l'hôpital maman...
– Comment ça ?Elle hausse le ton, en se mettant debout avec difficulté, tant elle titube.
– Qu'as-tu dit ? Qu'est-ce que tu as fait putain ?
Je me retrouve bloqué contre mon bureau, tandis qu'elle sert mon col. Elle arrache d'un coup le pansement et je ne peux retenir un cri de douleur. J'apporte une main à mon visage qu'elle dégage rapidement. Elle me pousse violemment sur le côté et je sors de la chambre.
– Je n'ai rien dit, s'il-te-plait arrête, j'ai mal.
– Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter une tapette pareille. Isaiah, je vais devoir te punir, tu le sais ?Elle se met à hurler, et je recule, en trébuchant. Elle récupère dans sa chambre son objet de torture préféré.
– Non, non pardon, je suis désolé. Je n'ai rien dit, je te le jure.
Je descends à toute vitesse et manque les dernières marches, m'écrasant sur mon bras. Je sers les dents.
– Casse-toi avant que je ne m'énerve.
– Mais, pour aller où ?
– J'en sais rien, casse-toi de chez moi !Je me relève comme je peux, mais elle me pousse jusqu'au pas de la porte. Je récupère comme je peux mes chaussures.
Dans ses yeux, je ne vois que haine... Sans un soupçon de culpabilité, de gentillesse, ni d'amour. Elle me déteste.
– Dégage.
Elle me jette dehors avant de me claquer la porte au nez et de tout fermer à clé.
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peau couleur arc-en-ciel
ContoLarmoyant, j'observe ce coucher de soleil qui m'apaise tant. Devant la porte, je suis terrifié, je n'ai pas envie de rentrer. Je n'arrive plus à avancer, les mains tremblantes. Je me crispe lorsque j'entends la porte claquer. Je n'arrive plus à bo...