IV

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– Isaiah, attends...

Je m'éloigne, tout en regrettant immédiatement mon geste, tandis qu'il n'ose plus poser son regard sur moi. Je me sens tellement gêné que j'hésite à récupérer mes affaires et fuir...

Il est la seule personne qui compte vraiment pour moi. Je n'ai que lui, je ne peux compter que sur lui. Il est le seul à s'intéresser à moi, à s'inquiéter pour moi. Je le connais depuis si longtemps que je n'arrive plus à imaginer ce à quoi ressemblait ma vie quand je ne le connaissais pas. J'ai tellement besoin de lui que j'ai décidé de me mentir à moi-même pour ne pas faire de faux-pas comme ce que je viens tout juste de faire. Je viens sans doute de tout gâcher.

– Isaiah, qu'est-ce que tu fais ?
– Je préfère partir.

Je perds tous mes moyens. Je tourne en rond à la recherche des mes affaires imaginaires. Tandis qu'il parle derrière moi, je continue et descends les marches quatre à quatre avant de louper l'avant dernière marche et de me rattraper de justesse.

Il attrape mon bras et plaque une main sur ma bouche.

– Isaiah, fais moins de bruit, mes parents dorment.

J'ai du mal à respirer, j'ai la tête qui tourne, je ne sais plus où me mettre.

– T'es calmé ou je vais devoir t'attacher et te scotcher la bouche ?

Je hoche la tête et il me libère. On se regarde un moment, silencieux.

– Reste Isaiah, s'il te plait, remonte avec moi.

Il prend ma main et m'emmène avec lui à l'étage. Il s'assoit sur son lit et me regarde. J'ai du mal à définir ce qu'il peut ressentir à cet instant précis, je ne pourrais ni même dire ce qu'il veut.

– Enlève ton sweat Isaiah.

Je le regarde un peu plus, le visage rosi par la gêne. Son regard est sombre et il semble avoir repris tout son sérieux.

– Pardon ?
– Je te demande de me montrer ton corps, s'il te plait.

Je secoue la tête frénétiquement, complètement contre cette idée, qui amènera à avouer l'inavouable, ce que je cache depuis si longtemps, ce que j'essaye de faire taire. Il ne semble pas vouloir m'écouter, se lève de lui-même et s'approche, à pas lent, avant d'attraper mes hanches. Il ne me quitte pas des yeux, remontant ses mains sur le bas du sweat. Mon coeur se met à tambouriner dans ma poitrine.

– J'ai besoin de voir Isaiah, ce que tu me caches.

Il me lance ce regard, comme s'il me demandait mon approbation, silencieusement. J'entrouvre les lèvres prêt à parler, mais j'ai la bouche si sèche et la gorge si nouée qu'aucun son n'en sort. J'hoche alors simplement la tête, en fermant les yeux, le coeur battant à rompre, tiraillé entre la peur et la gêne, l'envie de fuir mais les pieds trop encrés au sol pour.

Ses mouvements sont lents, il relève le sweat, petit à petit, ses doigts frôlant mes flancs, puis mes côtes et je me retiens de gémir quand je dois lever les bras en l'air. Il laisse tomber le tissu à terre et recule immédiatement, malgré lui.

Je m'apprête à me baisser pour récupérer le vêtement, pour me cacher, rongé par la honte mais il m'attrape les poignets et me pousse sur le lit, brutalement. J'ai l'impression d'être aussi raide qu'une branche, tétanisé, ne pouvant bouger aucun membre de mon corps. Je respire de manière saccadée, n'arrivant plus à reprendre correctement mon souffle. J'étouffe dans sa chambre. Me voilà complètement exposé devant ses yeux, je ne peux à présent plus rien cacher. J'ai besoin de me libérer de tout cela.

– Isaiah...

Je ne le regarde même pas, tandis que lui semble passer mon corps au peigne fin, debout devant le lit, face et au-dessus de moi. Il s'approche un peu plus et dépose ses mains glacées sur mon torse. J'ai un sursaut incontrôlé, de par la froideur de sa peau, et pas habitué de ces gestes doux et bienveillants.

Il répète une nouvelle fois mon prénom, je ne le regarde toujours pas, un bras pour cacher mes yeux. Il ne bouge pas, ses mains toujours sur mon corps, se réchauffant au contact de ma peau en feu. Aveuglé par la honte, je devine sa position, entre mes jambes, penché en avant, son visage au-dessus du mien. Je sens son souffle léger.

Je réagis à une goutte qui tombe directement sur ma joue, glissant sur celle-ci pour rejoindre le lobe de mon oreille. Il ne me quitte pas des yeux, rempli de désespoir et de larmes. Je m'apprête à me montrer fort et le prendre dans mes bras pour le consoler mais il me repousse sur le sommier et me prend dans les siens.

Je l'entends sangloter, son corps tremblant. J'essaye. J'essaye de ne pas craquer, mais je m'abandonne et m'effondre contre lui.

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