Les Enfants Terribles

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Voici un petit OS écrit pour l'anniversaire de mon amie @SunWildEnorae, sur un thème qui me trotte dans la tête depuis quelques mois, mais que je n'ai malheureusement pas le temps d'exploiter pour l'instant. Enjoy ! ;D

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Sirius a toujours été un enfant terrible. Je me souviens encore de la première fois que je l'ai vu, dans la Grande Salle de Poudlard, le jour de la Répartition. Ses longs cheveux noirs lui barraient déjà le regard, et pourtant, ses yeux étincelaient comme des charbons ardents. Il fut l'un des premiers appelés, l'un des premiers à s'avancer vers le tabouret branlant sous les yeux de toute l'école réunie, et il fut le seul à ne pas trembler. Il a marché fièrement, tel un roi conquérant son trône. On aurait dit que pour lui, tout ceci n'était qu'une vaste pièce de théâtre organisée spécialement en son honneur. Il aurait été ravi de prendre sa place sur l'estrade, et de laisser la foule le dévorer des yeux.

Son nom était célèbre dans le monde des sorciers. Les Black étaient l'une des dernières et des plus anciennes familles de Sang-Purs, après tout. Tout le monde s'attendait à ce qu'il aille rejoindre dignement ses ancêtres sur les bancs des Serpentards, mais ce ne fut pas le cas. Non, avec cet air bravache qui avait toujours été le sien, Sirius avait laissé le Choixpeau effleurer sa tête, et celui-ci s'était écrié : « GRYFFONDOR ! ».

À la stupéfaction générale.

Maintenant que j'y repense, dix ans plus tard, je ne peux m'empêcher de me demander comment il avait pu tromper son monde ainsi, dès le premier jour. Comment le Choixpeau avait pu l'envoyer dans la maison des braves, des forts, des courageux, alors que de toute évidence, Sirius avait déjà le mal en lui. Je sais que nous ne sommes pas censés dire que les Serpentards sont tous mauvais, mais je m'en fous. Aujourd'hui, je m'en fous. Les problèmes émanent toujours d'eux. Les pires mages noirs de tous les temps ont toujours été produits par eux. Sauf aujourd'hui.

Aujourd'hui, dix ans après ce funeste jour de la Répartition qui a scellé nos destins communs, à Sirius, James, Peter et moi, je me demande comment le Choixpeau lui-même a pu se faire ainsi abuser. Comment nous avons tous pu succomber au piège, pendant des années... Moi le premier.

Sirius avait-il déjà conscience de ses choix futurs, ce jour-là ? Avait-il déjà planifié de rejoindre le Seigneur des Ténèbres, de trahir et de tuer pour lui ?

Je n'arrive pas à y croire. Je n'arrive toujours pas à y croire. Le seul fait d'entendre ces pensées résonner dans ma tête pourrait suffire à me rendre fou. Lorsque je ferme les yeux, et que je pense à Sirius, une myriade d'images contradictoires se bouscule dans mon esprit. Je vois son sourire, sa beauté, cette étincelle au fond de ses prunelles noires, qui n'existait chez aucun autre. J'entends sa voix et son rire un peu rauque, qui ressemble à un jappement. Je sens son poil rêche, et son odeur rassurante de chien mouillé, lorsqu'il se transforme pour m'accompagner dans mes soirées d'horreur absolue.

Sirius a été le compagnon de mes nuits noires, plus qu'aucun être sur Terre. Il a toujours été celui qui savait me canaliser, m'apaiser. Calmer mes ardeurs meurtrières, et m'entraîner dans des courses poursuites avec la Lune, jusqu'au fond de la forêt. Je lui faisais confiance. Avec Sirius, je sentais que je pouvais m'abandonner totalement à cette malédiction terrible qui me frappait, et qu'il ne me jugerait pas. Qu'il me protègerait. Qu'il me serrerait dans ses bras quand tout serait fini, et que son haleine chaude se mêlerait à la mienne.

Toutes ces sensations, tous ces mensonges...

Sirius a été arrêté aujourd'hui. James est mort. Peter aussi. Sirius l'a tué, et il nous a tous trahis.

Même résumé ainsi, je n'arrive toujours pas à y croire... James est mort. Lily est morte. Peter est mort. Sirius l'a tué. Sirius nous a tous trahis. C'était lui le traître, depuis le début. Sirius est un Mangemort. Sirius est un serviteur de Voldemort.

Ces mots se répètent en boucle, encore et encore et encore, et ils détruisent tout ce qu'il reste à détruire en moi. Ils cassent tout ce qui fait de moi ce que je suis, mes amours, ma confiance, mes espérances, ils effondrent tout, et que restera-t-il de moi à la fin... ? J'ai trop peur de découvrir la réponse. J'ai trop peur de rouvrir les yeux, et d'entrevoir le monde, à présent que tout est dévasté.

Nous étions quatre, et voilà que je suis seul. Il n'y a plus qu'un immense vide palpitant qui se déploie en moi. À chaque seconde, il gagne du terrain, il enfle et il dévore tout. Dans cet océan de douleur, j'ignore ce qui m'atteint le plus. J'ignore ce qui est le pire. Le meurtre de James et Lily, à seulement 21 ans ? Qui laissent un bébé orphelin, à peine âgé d'un an ? Le meurtre de Peter, pauvre et timide Peter, qui a lutté toute son adolescence pour se faire une place auprès du sémillant Sirius, qui s'est fait moqué et rabroué par lui, et qui finalement, dans un ultime sursaut de bravoure, lui a tenu tête... pour le payer de sa vie ? Ou la trahison de Sirius, qui a causé leur mort à tous ?

C'est cela le pire, indubitablement. Non seulement mes amis sont morts. Mais ils sont morts à cause de lui. Mon étoile, l'amour de ma vie. Ils sont morts à cause de lui, et lui respire toujours, quelque part, dans la geôle à l'intérieur de laquelle on l'a jeté. Il respire toujours, mais je ne le reverrai plus jamais. Et si je le revoyais, que ferais-je ? Je crois bien que mon cœur se briserait en deux... Je crois que je me jetterais sur lui et que je l'étranglerais jusqu'à l'os, jusqu'à ce que nos deux souffles meurent ensemble...

Comment vivre maintenant ? Comment vivre quand tout ce que l'on croyait aimer est perdu, tâché de sang ? Quand le lien profond qui nous a uni à un autre se révèle être une illusion mortelle ?

J'aurais dû le deviner, pourtant. C'est souvent ce que l'on se dit après coup, mais j'aurais dû le sentir. Sirius a toujours été un enfant terrible. Jonglant avec le bien et le mal, avec la vie et la mort, comme si ce n'était rien. Comme si ce n'était qu'un jeu. Aujourd'hui, je comprends que cette étincelle d'obscur que j'aimais tant au fond de ses yeux noirs, c'est la même qui vient de tuer James, Peter et Lily aujourd'hui. Moi aussi, j'ai flirté avec le feu, pendant tout ce temps. Et je me suis brûlé. Je nous ai tous brûlés. Une part de moi-même ne peut s'empêcher de penser qu'ils sont tous morts à cause de moi, et que je suis le seul survivant. Moi qui par-dessus tous les autres, mériterais de mourir...

Moi aussi, je suis un enfant terrible. J'ai une petite étincelle d'obscur au fond de mon cœur qui s'appelle Sirius. Elle m'a contaminé, et maintenant, je suis aussi damné que lui... C'est cela, finalement, le pire. C'est ce secret que je refuse de m'avouer, ce secret qui fait trembler ma chair et mes larmes, plus que ma malédiction, plus que la mort et la trahison qui m'entourent... Parce que je sais que même après tout ce qui vient de se passer, même après qu'il ait commis les pires atrocités au nom de tout ce que je hais le plus, même après qu'il m'ait tout enlevé... J'aime encore Sirius. Je ne cesserai jamais de l'aimer. Et j'en pleure la nuit, j'en pleure de rage contre moi-même, et contre lui. Comment peut-on aimer son pire démon ? Comment se pardonner un tel amour ?

Je prie pour qu'un jour, le destin nous réunisse, lui et moi. Je prie pour qu'il fonde nos deux corps ensemble et que tout le mal que Sirius a incarné sur Terre disparaisse dans le tourbillon de cet amour impie. Je prie pour être celui qui mettra un terme à cette étincelle, au fond de ses yeux. Même si cela doit me coûter la mienne.

Je prie pour que le monde nous pardonne, à lui comme à moi, d'avoir été jusqu'au bout ces enfants terribles. 

Recueil d'OS (supposément) drôlesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant