Apprendre à vivre

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Petit OS écrit pour @Eclat-de-plume dans le cadre de mes nouvelles de Noël, et qui raconte quelques pensées de Drago Malefoy juste après la guerre...

Ce n'est pas un OS humoristique, mais je ne me sentais pas de créer une nouvelle fic juste pour ces quelques lignes jetées sur le papier.

Bonne lecture ;D

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La guerre est finie. Cela fait trois mois maintenant que le Seigneur des Ténèbres s'est effondré dans la Grande Salle de Poudlard, frappé par son propre sortilège retourné contre lui. Je n'ai pas pris part à la bataille finale. Après que Potter et ses amis nous aient sauvés Goyle et moi, je me suis terré dans un recoin du château en espérant que l'on m'oublie. J'ai cru, comme tout le monde, à la mort de Potter et à la fin de toutes espérances lorsque le géant Hagrid a ramené son corps sans vie de la Forêt Interdite... Et puis la guerre a basculé.

Je ne saurais dire ce que cela m'a inspiré sur le moment. Depuis mes seize ans, j'étais devenu un Mangemort, j'avais vécu dans la crainte de mon maître et l'horreur croissante des choses qu'il me demandait de faire... Cette marque noire sur mon bras me révélait des choses sur moi-même que je n'étais pas prêt à accepter. Que j'étais un lâche. Que je n'avais pas d'honneur. Que je n'étais pas un Mangemort, et que peut-être, ce n'était pas une si mauvaise chose...

J'étais trop idiot et trop effrayé pour prendre la mesure de ces révélations à l'époque. Aujourd'hui, tout est différent. Je me souviens de l'effroi que j'ai ressenti en pensant que Potter était mort et que nous avions « gagné ». La terreur que m'a inspiré la possibilité d'un règne de Lord Voldemort... Quel enfer serait devenu ma vie si Voldemort avait effectivement triomphé ? Pendant tous ces mois écoulés, comment avais-je pu me leurrer en songeant qu'il nous laisserait la vie sauve à ma famille et à moi, qu'il nous laisserait en paix ? J'ai plongé dans un cauchemar éveillé au début de ma sixième année, et si Potter était resté mort entre les bras d'Hagrid, le cauchemar n'aurait jamais pris fin...

Aujourd'hui je m'efforce d'accepter ces changements en moi. Je m'efforce de m'accepter malgré mes défauts et les erreurs que j'ai commises. Je sais que je n'ai rien eu d'un héros durant cette guerre. Mais quelque chose en moi remercie l'adolescent stupide que j'étais, pour ne pas avoir eu la force de tuer Dumbledore en haut de la Tour d'Astronomie... Pour avoir gardé le silence en reconnaissant Potter prisonnier dans le Manoir de ma famille... Je remercie le garçon infâme que j'étais de ne pas avoir entaché ma conscience de cette façon, avec plus que je ne pouvais porter. J'ai déjà suffisamment à me reprocher...

A présent, je tente de vivre en intégrant cette évolution en moi. J'affronte tous mes souvenirs désagréables, les uns après les autres. J'accepte de me voir dans la plus totale et complète transparence, même si l'image qui me parvient de moi n'est pas très brillante...

J'endure sans broncher les regards de mes camarades qui sont eux aussi revenus faire leurs études à Poudlard. Chacun a sa propre opinion de moi, et pourtant, comme à l'issu de la bataille, j'ai l'impression de passer relativement inaperçu. Cela me convient parfaitement. L'époque où je cherchais absolument à attirer l'attention me semble bien révolue. Aujourd'hui, je me satisferais d'une chambre obscure dans un recoin du château où je pourrais travailler mes examens sans avoir de comptes à rendre à quiconque.

J'ai honte de moi-même. Honte de ce que je fais, de ce que j'ai été pendant toutes ces années, de mon orgueil, de ma stupidité et de mon nom. Je tente encore de vivre avec ces tares ancrées en moi. Je suppose que je devrais être reconnaissant aux autres de ne pas trop me faire payer mes agissements...

Mais peut-être qu'une part de moi le voudrait, pourtant. Peut-être qu'une part de moi souhaiterait recevoir le châtiment pour toutes ces fautes qui s'accumulent dans mon esprit. Mais je suppose que ce serait trop facile. C'est à moi de me reconstruire à présent. C'est à moi de faire amende honorable, de me bâtir une vie digne, calme et sereine, loin de tout ce qui a failli tous nous détruire...

Là réside sans doute le plus grand défi, je crois. Pendant deux ans, j'ai vécu dans la crainte de mourir.

A présent, il faut apprendre à vivre. 

Recueil d'OS (supposément) drôlesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant