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Chapitre 11


-Leia-


03 avril 2021


Troisième confinement. Enfin, si on pouvait appeler ce dernier comme ça... Déjà que pour le deuxième, c'était parti en couille. Aujourd'hui, quasiment personne ne le respectait. Je me rappelle encore des clients du McDo qui débarquaient à dix-neuf heures pile, qui hurlaient, tapaient comme des fous, car on ne les servait pas. Le fait de nous voir à travers les fenêtres les faisait vriller. Ce n'est pas parce qu'on bossait encore que le restaurant était ouvert. Mais ça les gens ne le comprenaient pas. Ils devraient s'estimer heureux que le couvre-feu ait été allongé, avant, c'était dix-huit heures.

Tout cela rendait le quotidien difficile et fatiguant. Mais si ce n'était que ça... Mon plus gros problème du moment outre mon prêt étudiant et retrouver du boulot dans ma branche : Victoire. Elle portait bien son nom. Elle n'avait jamais échoué, on ne lui disait jamais non, surtout pas à elle. Ses parents l'avaient nommé ainsi lui prédisant une vie incroyable faite de succès. La grosse blague. Victoire était en permanence sur mon dos, à me tailler dès la moindre erreur, et si j'avais le malheur de faire une connerie, elle rapportait tout à Marie, la patronne. Mais le pire, c'est qu'elle faisait ça en douce. C'était une connasse quasiment qu'avec moi, me faisant les pires crasses possible. Les autres, ils l'adoraient. C'était Victoire, en même temps.


Grrr.


Cela me faisait grincer des dents. Je la détestais du plus profond de mon cœur.

Heureusement que le reste de l'équipe n'était pas comme ça. J'avais fait connaissance avec tout le monde, je m'étais bien intégrée et m'étais fait des amis. Cela me faisait plaisir. Je les admirais. Certains étaient là depuis des années. Les plus forts étaient ceux d'ouverture. On ne dirait pas comme ça. Mais une fois, j'ai dû remplacer l'un d'eux et j'ai moins rigolé. Car contrairement à la fermeture, il faut que ce soit prêt pour onze heures, puisqu'on est obligé d'ouvrir le restaurant. Certes, la fermeture est ultra dure, aussi dure que l'ouverture, en fonction du rush du soir, tu sais tout de suite si tu finiras à minuit ou alors si tu ne rentreras pas chez toi avant trois, quatre heures du matin. Mais le matin, les clients, ils s'en foutent que tu as fini ou non, eux, ils sont au taquet, déjà là au drive ou devant les portes du McDo à onze heures moins le quart. Ils n'ont pas notre temps apparemment...

Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Nek. Puisqu'on est confiné, encore ensemble, on le fêtera donc tous les deux. Je voyais bien que ça le peinait de ne pas pouvoir le fêter avec ses khos. J'avais alors pris l'initiative d'organiser une visio Zoom avec tous les gars. J'avais aussi commandé un gâteau à la boulangerie. Certes, on aurait pu frauder sur les attestations et fêter tout ça au stud'. Mais je savais que si Ken n'avait rien prévu, c'est qu'il comptait respecter le confinement, malgré sa haine pour le gouvernement actuel. Le COVID n'avait rien à voir avec Macron après tout.

Cela tombait bien, il avait dû sortir pour faire des courses. Alors je m'étais empressée d'aller chercher le gâteau en bas de la rue et de remonter comme une furie pour décorer l'appart. Comme avaient dit les garçons, on fêtera ça en plus grandes pompes après ce confinement de mes deux !

J'avais hâte de pouvoir me vacciner. Je voulais en finir avec tout ça et reprendre une vie normale. C'était Ken qui le vivait le plus mal, de ne plus pouvoir voyager. Il ne pouvait plus fuir ces grandes villes où personne ne respire la joie. Ce qui lui avait par contre plu, était le premier confinement, retrouver le bonheur de marcher dans un Paris dénué de monde, pouvoir se balader sans se faire arrêter, prendre en photo ou montrer du doigt. Kaji revivait. Et quand mi focu était heureux, je retrouvais le sourire.1 On ne va pas se mentir Ken est en très grande partie la cause de ma stabilité mentale. Il m'avait aidé pour remonter la pente et sans lui, je ne sais pas comment j'aurais fait.

2 - Ces mots dans ma tête - Pour le meilleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant