2 - Ces mots dans ma tête - Pour le meilleur

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Chapitre 7

-Ken-

Novembre 2020

Je la regardais travailler, pendant qu'elle écoutait, comme toujours, le concert des vingt-cinq ans du Studio Ghibli de Joe Hisaishi sur YouTube. Leia fronçait toujours les sourcils quand elle était concentrée. Sa moue me faisait toujours mourir de rire. Elle s'était encore lancée dans beaucoup trop de projets en même temps : un roman et des fanfictions sur Internet, un dossier de concept art sur une nouvelle histoire, son court-métrage en indépendant, ses commissions, ainsi que son boulot au McDo dans lequel elle était en ce moment. Cette femme m'impressionnait par moment. Elle s'éparpillait partout, parfois, j'ai l'impression de me voir en femme. Mais sa dispersion ne l'empêchait jamais de mener à bien ses projets. Avec les années, elle devenait de plus en plus organisée et moins jardinière. Leia a cette passion pour la création, pour l'art. Ça se voit qu'elle aime faire son boulot.

Un nouveau morceau commença sous les mouvements de la baguette de Joe Hisaishi. Son amour pour le pays du soleil levant m'attendrissait. Un jour, je l'emmènerai au Japon, je réaliserai son rêve. J'avais eu la chance d'y aller de nombreuses fois ces dernières années. Bon, avec le COVID, c'était devenu compliqué, mais j'avais l'impression que les frontières commençaient à rouvrir. Je grimaçais, il faudra sûrement que je me fasse vacciner. Avec Leia, c'était un sujet de discorde récurent. Comme on avait des visions arrêtées, cela n'aidait pas du tout. Heureusement que l'on aime débattre et qu'on a énormément de valeurs en commun.

Aujourd'hui, c'est l'un des jours de congés de Leia. Elle était venue habiter avec moi le temps du deuxième confinement, ne voulant pas être seule dans un appartement sans souvenirs, vide de vie. Malgré la différence entre son précédent logement, elle avait du mal, dû à Tarik. Ce que je comprenais parfaitement. Cela me rappelait Riley...

Non, Ken, tu ne penseras pas à ton ex, surtout pas quand tu es avec elle.

L'idée de se confiner avec moi était venue de nous deux, on avait fait ça sur un coup de tête. C'était à croire qu'elle était finalement bélier. J'étais heureux, la présence de Leia m'aidait à garder la tête hors de l'eau. Même si de base mon état était bien mieux que le sien.

J'essayais de bosser au stud' avec les gars. Le soir, je grattais un peu quand elle travaillait au Do-Mc. Quand elle avait fini, je venais la chercher avec ma gova.1 C'était ienb, car grâce à ça, je m'étais remis à conduire.

N'empêche que son train de vie m'obligeait à reprendre un rythme et des habitudes qui rendaient ma vie plus saine. Le matin, je quittais le lit vers cinq, six heures si j'étais chaud, j'allais marcher dans les rues de Paname, lorsqu'elle était encore vide, silencieuse. J'avais bien évidemment une attestation disant que j'allais au taf. C'est ça qui était ienb à être son propre patron. Bien évidemment, je ne rigolais pas avec le COVID. Je mettais mon masque, etc. Après, quand tu voyais quasiment personne respecter le confinement, tu n'avais pas envie de faire d'efforts. Mais je pensais à mes proches qui avaient failli y passer à cause de ce putain de virus, alors je préservais les autres et moi-même. Je rentrais sur les coups de sept, huit heures. Leia déjeunait avec moi si j'avais faim. Elle préférait, pour éviter d'avoir la dalle à midi, vu qu'elle bossait toujours de onze heures à quinze heures. Après, généralement soit elle faisait ses recherches de boulot : refaire pour la centième fois des lettres de motivations, des mails, appels et candidatures, qui ne donneront sûrement pas de réponse, ou alors négatives.

Putain de virus.

Sinon, elle dessinait, animait pour étoffer son portfolio. Ou bien, elle écrivait. Elle s'était réfugiée là-dedans. Leia s'était rendu compte que plus que l'animation, elle aimait créer, écrire des histoires, construire des personnages, des univers. Leia s'était trompée de voie, elle voulait être soit scénariste, concept artiste, ou bien story-boarder, mais plus animatrice.