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Chapitre 21


-Leia-


septembre 2021


Ken était assis à côté de moi sous notre kotatsu. C'était notre table basse chauffante japonaise. Elle avait une couverture qui recouvre les jambes. Depuis que Ken en avait essayé au Japon, il ne pouvait plus s'en passer. Il écrivait un nouveau son dans l'un de ses milliers de carnets. Là-dessus, il me ressemblait encore. J'avais arrêté de compter nos points communs. J'étais dans notre fauteuil suspendu, à côté de lui mes jambes recroquevillées. J'avais mon carnet sur mes genoux, je dessinais mes personnages. Je reprenais une veille histoire que j'avais imaginée au lycée et l'améliorais. Je créais les chara-design des personnages. On avait mis en route notre tourne-disque, l'album + d'Ed Sheeran tournait, nous berçant de sa belle musique. J'étais bien, détendue. J'en avais presque oublié l'échéance du remboursement de mon prêt qui se rapprochait dangereusement. Je me ressourçais dans les moments comme ça, oubliant tous mes soucis, comme le fait que je ne trouvais toujours pas de travail en animation, malgré mes deux stages dans de bonnes entreprises. Ce foutu COVID avait tout compliqué. Les professionnels ne voulaient pas se mouiller, surtout les patrons, préférant embaucher des employés avec plus d'expérience et allant plus vite. Ils ne pouvaient se permettre de perdre de l'argent sur les productions actuelles. Bref, ce n'était pas demain la veille du jour où je participerais à une série ou un film d'animation. Parfois, c'était dur de ne pas désespérer. D'autant plus que le McDo n'était pas un job de rêve. Mais j'aimais beaucoup mes collègues, sauf ceux qui étaient désagréable avec moi, ou ceux qui me faisaient de la lèche, car je connaissais Nekfeu. Il fallait aussi dire que j'appréciais beaucoup le contact avec les clients. J'étais quelqu'un de foncièrement sociale. Mais c'est vrai que ce travail était peu cher payé. Ken m'avait demandé de nombreuses fois pourquoi je ne changeais pas d'emploi. C'était l'une des seules entreprises qui embauchait du monde, malgré la situation sanitaire. Beaucoup de boites avaient mis la clef sous la porte ou n'étaient pas loin de le faire. Et celles qui se portait bien était rares, ou préféraient passer par le piston.

Malgré tout cela, je ne perdais pas la foi, et ne restais pas non plus immobile. Chaque jour, je m'activais, apprenant à conduire avec Ken, dessinant mes différents projets, écrivant des futures histoires, faisant des commissions de dessins. Tout cela ne me rapportait pas beaucoup d'argent, mais c'était ce que j'aimais réellement faire, alors je me raccrochais à ces activités. C'étaient elles qui me faisaient tenir tous les jours, ainsi que mon rêve et Ken. Comme dirait Naruto, c'est mon nindô.1 Je n'abandonnais jamais. Bon, pas jamais, mais il fallait vraiment y aller pour que j'abandonne.

Ken se redressa. Il me regarda avec douceur.


« - Je vais continuer de bosser au stud'. Faut que je pose sur les prods d'Hugz pour voir si ce que j'ai gratté vaut le coup. Dit-il en se levant complètement.

-       Dac. Tu passeras le bonjour aux gars qui sont là-bas.

-       Pas de soucis. Tu prends à quelle heure ce soir ? Que je sache, à quelle heure je dois quitter le stud' pour t'emmener ?

-       Dix-neuf heures aujourd'hui. Lui répondis-je.

-       Parfait, ça me laisse quatre bonnes heures devant moi.

Il se pencha pour m'embrasser.

-       À tout à l'heure Hoshi.

-       À tout à l'heure Kaji. »


2 - Ces mots dans ma tête - Pour le meilleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant